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Un soir, en rentant à la maison, j'ai trouvé ce roman dans ma boîte aux lettres. Présenté dans une édition spéciale destinée aux enseignants, "Mon ami Frédéric" était accompagné d'un courrier de présentation dans lequel la maison d'éditions m'invitait à l'étudier avec mes élèves. Passée la surprise de recevoir un livre qui m'était adressé, mais en aucun cas destiné – je ne suis pas Professeur – j'ai parcouru la quatrième de couverture et me suis fait la remarque que ce roman m'évoquait "L'ami retrouvé" de Fred Uhlman que j'avais étudié au collège. Après l'avoir feuilleté, il a ensuite rejoint ma bibliothèque pendant quelques années avant que je décide de l'en extraire le mois dernier.
"Mon ami Frédéric" est paru en Allemagne en 1963, mais il aura fallu attendre 1992 pour sa première édition française. Hans Peter Richter, l'auteur, est né en Allemagne en 1925 et a par conséquent connu la montée du nazisme dans son pays. Sociologue, il développe dans "Mon ami Frédéric" une approche pédagogique de la Shoah en mettant en scène un jeune garçon allemand ami avec un jeune garçon juif. Pour l'anecdote, les deux enfants ont le même âge que lui en 1933. Destiné par conséquent à un public adolescent voire pré-adolescent, "Mon ami Frédéric" se distingue par une écriture accessible, mais néanmoins distanciée qui donne de la consistance aux propos et aux exactions commises contres les Juifs.
La construction du récit se fait de manière chronologique, relatant les grandes étapes de la montée du nazisme et du règne du IIIe Reich tout en abordant de façon thématique la manière dont une famille juive ressentait les bouleversements de la société allemande de l'époque. Si l'amitié entre les deux enfants demeure le fil d'Ariane du récit, Hans Peter Richter s'interroge sur l'humanité dont il dresse un portrait juste de l'ambivalence, sur le besoin irrépressible d'être guidé par un leader charismatique au point d'occulter les conséquences de ses actes et tente vainement d'expliquer comment une société civilisée peut basculer lorsqu'elle est au bord de la brèche. Sans recourir à des descriptions sordides des méthodes utilisées, l'écrivain plonge son jeune lecteur dans L Histoire dans ce qu'elle a de plus réaliste, insistant sur la progression des mesures restrictives envers les Juifs qui touchent tour à tour l'éducation, l'emploi, l'accès aux logements, la garantie des droits les plus basiques avant la répression pure et simple dont la déportation sera la pire expression.
La grande force de "Mon ami Frédéric" est de placer la narration à hauteur d'enfants, une manière très juste de décrire le quotidien de deux familles, liées par une amitié solide, mais dont l'une va toutefois bénéficier indirectement du déclin de l'autre. Malgré le lien qui les unit et l'aide que la famille Richter essaiera d'apporter aux Schneider, Hans et Frédéric font partie de deux camps différents. Le père de Hans prendra sa carte au parti nazi, son fils rejoindre la jeunesse Hitlérienne, leur niveau de vie s'améliorera tandis que la famille de Frédéric entamera une lente déchéance qui lui ôtera toute dignité humaine à l'image du dénouement final qui marquera durablement les lecteurs.
Efficace mais surtout nécessaire, la lecture de "Mon ami Frédéric" devrait être obligatoire et inscrite au programme de quatrième ou de troisième non seulement car elle évoque un sujet fort que le devoir de mémoire se doit de nous faire connaître mais également car comme "A L'Est rien de nouveau", elle invite à comprendre les tenants et les aboutissants de l'Histoire du point de vue allemand.
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