"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
'ai eu un énorme coup de coeur pour "Le Guide et la Danseuse" qui se déroule comme une grande partie de l'oeuvre de Narayan dans la ville fictive de Malgudi. On suit l'existence de Raju, ancien guide touristique qui vient de sortir de prison et qui devient pour beaucoup de monde un prophète. Raju est le narrateur de sa propre vie, très tumultueuse, faite de hauts et de bas. C'est un personnage attachant, en dépit de tous ses défauts. Ce roman m'a fait découvrir l'Inde du Sud, les coutumes de ce pays. Beaucoup de scènes me marqueront longtemps. Comme le nouveau titre l'indique, la relation entre Raju et Rosie, la danseuse, est au coeur du roman, plus selon moi que le fait que Raju soit un faux-prophète, pris à son propre piège. C'est d'ailleurs cette relation amoureuse qui m'a le plus intéressé puisque Rosie est l'archétype même de la femme-serpent, manipulatrice et le pauvre Raju par amour se transforme, ce qui le mène à sa perte. Il se fait totalement mener par le bout du nez. Tous les travers de ce genre de relation amoureuse est exposé par Narayan. L'écriture très réaliste de l'auteur et son sens extraordinaire de la description et de la peinture des faiblesses et grandeurs chez l'homme, de la psychologie tout simplement des personnages m'ont totalement séduit. C'est un grand roman du siècle dernier assurément et je lirai d'autres livres de cet auteur et d'autres écrivains indiens, d'autant plus que les éditions Zulma ont déjà publié de nombreux écrivains de ce pays.
La date de publication ne correspond pas à la date de lecture comme pour la plupart de mes critiques ici.
j'ai adoré , haletant envie de savoir ce qui va arriver , bonne peinture de la condition de la femme au sein d'un foyer indien privilégié ( le foyer)
Rasipuram Krishnaswami Narayanswami de son vrai nom est né en 1906 et mort en 2001 à Madras. Ce roman, intitulé The guide en anglais, la langue d'écriture de RK Narayan, est publié en 1958, puis en 1990 en français chez Belfond, repris en 2012 chez Zulma puis en poche cette année.
Quel beau roman les amis, quel beau roman ! RK Narayan sait se faire caustique, drôle, tendre, critique, joyeux, sérieux tout cela par l'intermédiaire de son personnage principal Raju. C'est un jeune homme qui n'aime pas l'école qui préfère aider son père dans sa boutique. Il a des rêves, agrandit le magasin, rencontre Rosie et fait d'elle une danseuse reconnue. Bourré d'amour et d'ambition, il ne fait pas attention aux pièges et pêche autant par cupidité que naïveté. Il est à la fois agaçant et attachant. Peut-on lui reprocher de vouloir accéder à des richesses jusque là rêvées ? Non bien sûr. Peut-on lui reprocher de les vouloir en profitant des autres ? Sans doute un peu... Il devient gourou sans le vouloir, parce que la situation le sert, il a ainsi gîte et couvert sans se donner de mal. C'est une méprise qui lui offre ce rôle, puis la supercherie devient difficile à dévoiler : tout révéler signifie tout perdre et retourner dans sa petite ville d'origine où il sera moqué et regardé comme celui qui sort de prison.
On peut voir dans ce roman -et l'on doit y voir- une critique des sectes et des gourous de tout poil, ceux qui bâtissent une religion ou qui sont adorés par des illuminés ou des gens en plein désarroi. C'est même assez fou de voir qu'il faut peu d'ingrédients pour que Raju soit vite pris pour un prophète alors que sa vie passée est tout l'inverse de cela, il est très loin de Gandhi ! Mais on peut voir aussi la vie d'un homme amoureux qui se laisse déborder par ses rêves de gloire, de vie facile. La jalousie est aussi l'un de ses défauts, il ne supporte pas que Rosie soit heureuse avec d'autres que lui. Rosie est celle qui le révèlera à lui-même, celle qui à son insu fera naître ou grandir ses mauvais côtés.
C'est vraiment un pur plaisir que de se plonger dans ce roman indien des années 50. C'est drôle, léger et sérieux, simple à lire, RK Narayan ne nous noie pas sous des déluges de détails typiquement indiens, même s'il est bien ancré dans la société du pays. Phrases simples, rythme assez soutenu pour ne pas perdre le lecteur, et la magie opère sur les à peine 270 pages. Je l'ai commencé un peu dubitatif mais confiant quand même, Zulma me décevant rarement, et dois-je vous préciser que je ne l'ai pas lâché, c'est typiquement le genre de bouquins qui vous font passer un après-midi pluvieux sur le canapé avec d'abord un café (ils en boivent beaucoup dans le roman), puis avec un thé, sans oublier les éventuels gâteaux et verres d'eau entre... (pensez aux pauses-toilettes, parce qu'avec tout ça, elles seront nombreuses et nécessaires, mais en format poche, le livre se trimballe partout, quand je vous disais qu'on ne peut plus le quitter...)
Il n'y a rien de plus drôle qu'un quiproquo pour commencer une histoire et en matière de quiproquo Narayan est loin d'être un amateur. Tout juste sorti de prison, Raju passe la nuit dans un temple abandonné et le lendemain matin, il découvre un paysan venu demander conseil au sage qu'il semble être. Un ex-détenu prêchant la bonne parole, nous aurons tout vu ! Néanmoins, la tromperie est le lot quotidien de notre narrateur qui va nous parler sans complexe des circonstances de son arrestation.
Pour faire le point, rien de tel que de se remémorer les grandes étapes de sa vie. Raju n'était certes pas un bon élève ni un fils discipliné, mais en grandissant, il acquiert la capacité de s'adapter aux gens qu'il rencontre et aux situations. C'est ainsi que de commerçant il passe par guide touristique pour finir par devenir une sorte d'impresario. Comme vous l'aurez certainement compris, la vie de cet homme est complexe mais il l'aborde avec une telle nonchalance que nous pourrions finir par croire qu'il se moque du monde.
Rien ne l'intéresse, sauf lui-même et les quelques remords qu'ils éprouvent pour les autres sont aussi soudains que fugaces, mais s'il est vrai que nous avons tous une destinée sur cette planète, Raju le découvrira à ses dépends car lorsqu'on se retrouve face à l'inévitable pourquoi essayer de se battre ? Attention, ne voyez ici aucune preuve de lâcheté car se serait un affront pour cet homme qui nous démontre que le plus grand des filous peut devenir un saint.
Voilà plus de dix ans que Narayan nous a quitté et heureusement que les éditions Zulma sont là pour confirmer que les écrits restent car, excepté le roman pour la jeunesse Un tigre pour Malgudi, seul Le guide et la danseuse est encore disponible dans la littérature pour adulte. C'est fort dommage car après avoir lu ce merveilleux ouvrage, on a qu'une envie : en découvrir un autre...
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