Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Bibiche vient de Kinshasa. Arrivée en France depuis peu, elle souhaite demander l'exil car elle est en danger dans son pays. Elle a pu s'échapper de prison mais elle est recherchée et elle craint pour sa vie. Son crime : avoir soutenu le parti des opposants au régime en place.
A son arrivée en France elle est d'abord sans abri, puis recueillie par Marguerite, une âme généreuse qu'elle a croisée dans la rue. Là, elle se remet de son voyage et de la vie dans la rue, elle s'occupe des enfants de Marguerite, qui devient vite une amie. Puis une place lui est trouvée dans un foyer dans lequel elle doit reprendre ses marques, retrouver des habitudes. Elle se lie d'amitié avec Dinah, une jeune Congolaise pleine de vie, qui attend elle aussi d'avoir le statut de réfugiée. Toutes deux se soutiennent et une belle amitié se construit.
C'est ce qui la fait tenir, Bibiche, car son quotidien n'est pas rose...
Elle passe son temps entre les rendez-vous avec l'administration, la psychologue et l'avocate qui s'occupe de préparer son dossier pour l'ofpra et l'on découvre, au fur et à mesure qu'elle se livre, sa vie là-bas à Kinshasa : son mari, son travail, son militantisme, les mois de prison, les humiliations et la torture. Outre ses rendez-vous, elle attend. Elle attend que l'administration s'occupe de son dossier, elle attend d'avoir "le statut", elle attend de pouvoir avoir une vie meilleure, faite de projet, elle attend pour pouvoir se reconstruire.
Bibiche est un personnage fort et fragile à la fois. La force elle l'avait dans son pays, pour militer, lorsqu'elle était emprisonnée, pour s'enfuir et arriver seule en France. Mais ici, elle se sent faible et dépendante. La France, elle en connaît la langue mais c'est tout... Les couleurs, la musique, la manière de vivre de son pays lui manquent. Ici, elle se sent dans une sorte de no man 's land, à attendre que l'administration s'occupe de son dossier et à devoir répéter encore et encore son histoire, à devoir argumenter pour prouver qu'elle mérite le statut de réfugiée politique.
C'est un roman aux personnages courageux et aux histoires touchantes. Tous sont dans l'attente d'un après qui leur permettra de se reconstruire, tous luttent pour se faire reconnaître par une administration bien trop apathique et procédurière. C'est un récit sur la justice, l'amitié, l'expatriation, l'attente et l'espoir.
C'est un très beau premier roman, rempli d'humanité, que je vous recommande. Vous ne pourrez rester insensibles à Bibiche...!
Elle a trente-sept ans. Elle vient de Kinshasa. Elle n’a pas connu les terribles souffrances d’une traversée précaire sur un bateau de fortune, et c’est une circonstance aggravante, pour son dossier. Elle doit prouver qu’elle était réellement menacée, devant un jury enclin à soupçonner le mensonge si l’argumentaire n’est pas irréprochable. Alors c’est l’attente, chez une bonne âme qui l’a dans un premier temps recueillie, puis dans un foyer, auprès de compagnons d’infortune guettant eux-aussi le passage du facteur.
Outre la nécessité de se fondre dans le paysage, de s’acclimater à une vie qui n’a rien de commun avec ce qu’elle a connu ailleurs, il faut attendre.
L’étape entretien psychologique est inévitable, là aussi à la fois dans un but de soutien mais aussi de consolidation du dossier. C’est à cette occasion que Bibiche évoque les cauchemars qui la hantent, peuplés des souvenirs douloureux de son emprisonnement au Congo.
Si ce statut de demandeur d’asile est lourd d’angoisse, il permet aussi à Bibiche de faire de belles rencontres, d’exilés comme elle, ou de travailleurs sociaux qui sont attachés à leur mission.
Alors oui, il est important de donner la parole à Bibiche et à tous ces expatriés qui n’ont pas eu d’autre choix que de fuir un pays qui les mettait en danger de mort.
Roazy Pellerin se fait porte-parole de cette population qui espère une vie meilleure dans un pays réputé terre d’asile. Souhaitons qu’il le reste.
Rentrée Littéraire 2022 – Premier roman
Raozy Pellerin est née en 1982 à la Réunion où elle a passé toute son enfance. Elle vit maintenant en France où elle exerce la profession de juriste spécialisée dans les crimes internationaux.
Elle a choisi dans son premier roman de nous raconter l’histoire d’une jeune trentenaire, ayant fui la République Démocratique du Congo, pour se réfugier en France.
En effet, pour avoir milité et protesté contre le pouvoir en place, Bibiche a été arrêtée, emprisonnée, torturée et violée pendant des mois, sans jamais voir un juge. Elle n’a pu s’échapper et rejoindre la France que grâce à sa soeur qui a soudoyé un des gardiens de la prison.
Arrivée à Paris où elle ne connaît personne et sans ressources, Bibiche, que la vue d’un militaire rend malade de frayeur, vivra quelques semaines dans la rue. Grâce à la bonté d’une mère de famille, d’origine africaine comme elle qui va l’héberger, Bibiche recouvrera un peu de forces.
Va alors commencer pour elle le long et douloureux chemin pour obtenir le statut de réfugié et retrouver sa dignité de femme.
« Bibiche » est un roman qui met en lumière ces hommes et femmes, ayant fui leur pays pour sauver leur peau, et qui entament en France un véritable parcours du combattant pour obtenir le droit d’y vivre.
On découvre les foyers d’hébergement, leurs personnels qui accompagnent et guident les résidents dans leurs démarches, les psychologues avec qui les séances sont douloureuses car elles font remonter à la surface des évènements traumatiques qu’il faut pourtant apprivoiser pour marcher vers la résilience.
On découvre également le fonctionnement de l’Administration, particulièrement celui de l’Ofpra qui décide d’accorder ou non le statut de réfugié : beaucoup d’appelés mais très peu d’élus.
La vie de Bibiche et de tous ceux qui sont dans sa situation se résume pendant de longs mois à l’attente : l’attente d’une convocation, l’attente d’une date d’audience, l’attente d’un jugement qui décidera de leur sort et de leur avenir.
Raozy Pellerin a écrit un roman poignant et touchant. Un roman qu’il faut absolument lire pour comprendre ce que vivent ceux qui, en danger de mort dans leur pays, sont venus en France dans l’espoir d’y trouver un refuge et d’ y construire leur vie.
Premier roman de Raozy Pellerin qui s'empare d'un sujet brûlant au travers d'une héroïne touchante, battante, émouvante. Bibiche n'est pas de ceux qui ont bravé de terribles voyages pour venir en Europe, elle a réussi à prendre un avion, elle n'en est pas moins déracinée, seule. Elle est obligée, pour obtenir le statut de réfugiée de se replonger dans ce qu'elle a vécu : la prison, les viols des femmes, la violence. Elle voudrait avancer, mais sans cesse, il faut dire et redire, ressasser, à la psychologue, aux juges...
Raozy Pellerin, tout en finesse mais sans éluder la violence, retrace l'errance, la perte d'identité, le rejet, la déshumanisation de l'administration : "Sa vie n'était qu'une succession de démarches, de semaine en semaine, de mois en mois. On testait peut-être sa capacité à résister." (p.39) Elle évoque aussi, la honte, le désespoir lorsque tout à été tenté et que le pays d’accueil refuse le statut tant espéré pour continuer ou recommencer à vivre : "Pour la première fois, depuis son arrivée en France, Bibiche ne se sentait plus seulement triste ou démunie, mais aussi réellement effondrée. Effondrée, comme si elle se trouvait sur une pirogue entre les deux Congo et que, tout à coup, un tourbillon l'emportait. Elle n'avait plus envie de lutter. Une année passée, sans que sa voix ait été suffisamment forte pour être entendue et prise au sérieux. Ce temps qui s'écoulait, c'était un autre genre de prison." (p.84) Le texte, même s'il aborde des thèmes lourds et forts, est accessible et pas du tout plombant, il y a constamment une petite lumière, incarnée par Dinah, Raoul et Bibiche qu'on aimerait beaucoup rencontrer et aider.
J'ai beaucoup aimé ce roman et son héroïne, si forte même lorsqu'elle n'y croit plus. Le lire confortablement installé dans un fauteuil peut mettre mal à l'aise tant on touche du doigt le long, lent et difficile parcours de tous les réfugiés qui demandent le statut. L'administration française est implacable, pas toujours humainement incarnée, ce qui est un comble lorsqu'elle doit s'occuper de gens qui ont vécu des choses effroyables et ne demandent qu'à continuer à vivre. Pas glorieux pour le pays qui se dit celui des Droits de l'homme et qui, en la matière ne fait pas mieux que ses voisins, voire pire. Puisse Bibiche, forte et lumineuse changer le regard envers les réfugiés !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...