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Le corps est un des thèmes centraux de l’art moderne, de l’art contemporain. Ayant échappé aux canons imposés par l’Antiquité, les représentations du corps se sont multipliées dans notre société de l’image. Tous les médias de la culture de masse font appel à celles-ci, de la photographie à la publicité.
Tout s’est réellement déclenché avec les « Demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso, puis les visions fragmentées du cubisme analytique, sans parler de la dimension séquentielle du futurisme. Et ainsi de suite, au fil des années, le corps a été martyrisé (l’actionnisme viennois), charcuté (Orlan), mis en danger (Joseph Beuys et Marina Abramovic), perfectionné (Pierre et Gilles), synthétique (Duane Hanson), dématérialisé, voire tué (Gina Pane). Et encore, là, ce n’est qu’une synthèse de toutes les variantes engendrées par l’art conceptuel, le body-art, la performance, l’installation, la scénographie, etc.
Mais surtout, à quelques exceptions près (Maillol, Bourdelle, Breker et les dérives totalitaires), la modernité a refusé le corps héroïque, parfait, sain, idéal. Si bien que l’émotion est bien souvent plus au rendez-vous que la sensualité. Certains nus ne laissent personne indifférent : l’expressionnisme (Otto Dix, Egon Schiele), l’art faussement naïf (Botero), le réalisme naturaliste (Lucian Freud), l’art mexicain (Frida Kahlo) ou juif (Marc Chagall). Tout cela s’est développé sous la figure tutélaire de Francisco Goya.
Et, comme je l’ai souligné plus haut, le corps est également l’enjeu de plusieurs stratégies, esthétique et autres ; la photographie (Robert Mapplethorpe, Diane Arbus), la vidéo (Bruce Nauman), les nouvelles technologies participent à cette diffusion de corps « non normalisés ». Ici également, deux catégories du beau (le laid et le kitsch) règnent en maîtres, et les tops models sont aseptisés (Photoshop), et Grace Jones est peinte en bleu, pour être plus noire que les noirs. La beauté naturelle est détestable. Le corps (et donc la sexualité) est désigné comme triste, décevant, imperfectible.
Près de cinq cents pages font la somme de toutes ces relations au corps, parfois trop roborative pour les estomacs délicats, mais toujours pertinente par son propos.
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