"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Apprenant, fidèle à l’époque, Patrick Straumann délivre un essai kaléidoscope lucide et précis de l’ère du colonialisme au XIX siècle en Guyane, Brésil, Oyapock en toile de fond.
Documenté de photos, illustrations, cartes et plans, on ressent un outil majeur pour les historiens, les étudiants et les lecteurs.
Agréable, ludique et pertinent cet ouvrage est le point du centre des recherches colossales de Patrick Straumann.
Reflet historique, socio-politique, géographique d’une période où les aventuriers prenaient des risques pour cartographier un territoire, collecter des essences et faire resurgir les richesses d’un lieu méconnu de lui-même et des explorateurs.
Henri Coudreau (1839-1899) charentais tout comme Pierre Loti, Samuel de Champlain et René Caillé ont été les précurseurs et des scientifiques valeureux. Étant charentaise « Oyapock » prend sens.
Dans ce récit d’orfèvre, appliqué, Henri Coudreau et sa femme Octavie auront de cesse de rassembler l’épars. Les hostilités, les épreuves, les risques n’auront aucune prise sur eux-mêmes. Ils sont à l’instar de missionnaires, des héros. Dans notre contemporanéité, maintenant un peu oubliés ou controversés de par l’évolution du monde. Il faut remettre les éléments dans le contexte et Patrick Straumann le fait avec perfection.
« En juin 1883, Henri Coudreau repart cette fois-ci aux frais de la République. Comme Soleillet et Vidal de La Blache, Coudreau fait partie de cette congrégation fin-de-siècle que Joseph Conrad appelle les géographes militants. »
Homme éveillé, attentif au bien commun, Henri Coudreau « observe les élans indépendantistes avec curiosité. La bourgade sera un jour une des écoles d’application du socialisme futur. »
Voyageur infatigable, Henri Coudreau est l’emblème des quêtes et résistances intérieures. Il restera avec sa femme Octavie, toute sa vie dans ces lieux exotiques, au milieu du bercement du fleuve mythique Oyapock.
Élisée Reclus est son double, tous ces humanistes auront de cesse d’être des veilleurs d’un territoire, d’une terre. Convaincus, utopiques, et garants d’un esprit libre. L’avant-garde de nos bouleversements intérieurs, nous les apeurés et les meurtris par La Covid.
« Cette existence est peut-être une illusion, faite de la ruine de toutes les autres, mais ce dilettantisme paraît moins ennuyeux que celui des pessimistes, des nirvanistes ou même de celui des renaniens. »
Ce livre puissant est une référence. Un hommage hors pair pour Henri Coudreau. Éclairant, c’est un documentaire argumenté précieux. Un voyage dans les traces de l’Histoire. « Oyapock » le fleuve résurgence d’une littérature mémorielle. Publié par les majeures Éditions Chandeigne.
Incontournable, culte, riche de cette érudition allouée aux donnants, Patrick Straumann délivre dans son ouvrage « Lisbonne ville ouverte » les fondations d’un Portugal magnanime. L’heure grave, la pluie glacée d’une période néfaste, 1940 n’aura pas pour cette ville le goût de rance. Les murs s’écartent, les mains se tendent. Le passage de l’ombre à la lumière affranchit le champ des possibles. Le Portugal ouvre ses portes aux réfugiés. Le seuil accueillant, laissant les rais d’une clairvoyance pour les affamés d’une paix à l’aura universelle. Les assoiffés de quiétude, d’espoir, les hommes dont l’éclat d’écriture cherche à éclore. Les intellectuels dont la page blanche dans leurs mains frigorifiés ne demande que l’octroi d’une majuscule en devenir. Lisbonne la magnifique, point dans le cercle offre un havre. La fraternité, la solidarité sont dans les lignes de l’auteur des mots bâtisseurs. Les anecdotes fusionnent. On admire la portée de l’intelligence dans ces croisements où les hôtes éphémères d’une ville se serrent les coudes. Mots sur les maux, ils sont le vif et leur courage est bien plus qu’un chemin créateur mais une réalité. Combien de juifs persécutés, dévorés par cet antisémitisme, fuyant le nauséabond ? « Dans les conversations qui se nouent, on devine l’écho lointain de vies d’errantes, on a l’impression qu’à l’instar des vagues que la mer jette inlassablement sur la plage lumineuse, la tragédie que vit le monde aujourd’hui est venue elle aussi déposer son écume irisée sur le sable. » « Sans doute est-ce aussi la mémoire de son histoire qui rend la vie attentive aux rencontres qui peuvent se nouer sur son sol. »Patrick Straumann délivre le mémoriel pour son grand-père Tadeus Reichstein inventeur de la synthèse de la vitamine C, qui a foulé la terre Portugaise en courant d’air avant de partir pour Les Etats-Unis. Patrick Straumann cherche encore le pourquoi de ce départ. Juif polonais, naturalisé suisse portant sur ses épaules cette douleur infinie. A l’aube du XXI ème siècle je pense à cet homme. J’aurai aimé le retenir du regard. Ce récit nourricier, généreux de recherches, de sources est un devoir de lecture. Sa force est sa première des qualités. On ressent l’idiosyncrasie en plongée si vive que rien absolument rien ne peut rester de côté. Ce récit resserre les liens et rend hommage aux Grands de ce monde. Lisbonne la sage, est un modèle à reproduire en invisibilité. Puissant et bénéfique. A lire en urgence. Publié par Les Editions Chandeigne, Lisbonne ville ouverte est en lice pour le Prix Hors Concours 2019 et c’est une grande chance.
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