Rencontre avec Patrice Franceschi, auteur de Dernières nouvelles du futur
A la découverte d'un aventurier moderne...
Il y a des livres qui vous laissent dans un état second. Des livres qui vous bouleversent. Des livres dont vous ne savez pas trop quoi penser. Des livres qui vous font vous questionner.
Première personne du singulier est de ceux-là.
Quatre nouvelles. Quatre histoires. Quatre décisions. Quatre destins.
Voilà une manière de résumer cet ouvrage dont la lecture, d’une manière ou d’une autre, vous chamboulera.
Le livre de Patrice Franceschi nous livre quatre récits dans lesquels les personnages sont confrontés à un choix impossible. Celui qu’il paraît impensable de faire tant les conséquences seraient abominables, indélébiles, irréversibles. Et pourtant, chacun va devoir y faire face. Seul. En son âme et conscience.
Pour ma part, j’ai été traversée par des sentiments vraiment différents pour chacune des nouvelles. Peut-être parce que chaque récit puise dans des « cordes sensibles » différentes, et qu’on est tous plus ou moins sujet à l’émotion dans une circonstance plutôt qu’une autre.
Je ne dévoilerai évidemment pas les titres des nouvelles qui ont ma préférence, sans quoi votre éventuelle lecture pourrait être faussée héhé
Voilà une lecture qui m'a laissé un goût très amer en bouche. Le futur que dépeint Patrice Franceschi à travers ces quatorze nouvelles a de quoi déprimer les plus jeunes d'entre nous ou ceux qui ont des enfants en bas-âge susceptibles de le connaître. En bon observateur du monde qui nous entoure et qu'il parcourt de long en large depuis de nombreuses années, il met le doigt précisément là où ça fait mal. L'avertissement de la première page précise que ces textes forment en réalité un tout et qu'il faut les lire comme un roman. C'est parfaitement exact et c'est subtilement fait, comme autant de scènes réparties au cours des cent prochaines années destinées à nous montrer ce que notre planète et notre civilisation risquent de devenir si nous continuons comme ça. Son précédent (et excellent!) recueil s'intitulait Première personne du singulier et mettait en avant des personnages à l'heure des choix ; ces Dernières nouvelles du futur sonnent un peu comme un ultime avertissement avant qu'il ne soit trop tard.
Les histoires que nous conte Patrice Franceschi se déroulent aux quatre coins de la planète, entre les années 2025 et les années 2125, grosso modo. On y retrouve un certain nombre d'ingrédients qui constituent une unité et une continuité dans cet espace-temps. Une gouvernance regroupée sous l'appellation de "Nations Unies Universelles" semble avoir institutionnalisé le concept de mondialisation ; la transparence a été érigée en règle de vie et tous les citoyens vivent sous l’œil des caméras omniprésentes et des injonctions liées à l'exploitation de leurs data ; une forme de résistance persiste néanmoins par l'intermédiaire du "Réseau Sénèque" qui regroupe de rares défenseurs des libertés et de la préservation d'un monde plus tourné vers l'humain.
A travers ces quatorze textes, l'auteur imagine ce que deviendra notre société une fois que nous aurons poussé tous les curseurs jusqu'au bout. Celui de la surveillance et du contrôle permanent, celui de l'avancée technologique au détriment des ressources naturelles, celui de la surpopulation, celui de l'exploitation des données... par exemple. Et il met en scène des personnages parfois loufoques, souvent dépassés mais aussi quelques idéalistes qui veulent continuer à croire que la vie vaut mieux que tout ça. Comme cet alpiniste, dans les années 2060, qui risque une lourde condamnation pour avoir persisté à vouloir exercer son métier interdit au nom du principe de précaution. Comme ce technicien chargé de la maintenance des caméras de surveillance, prêt à risquer sa vie pour quelques minutes d'invisibilité. Ou cette jeune femme qui se retrouve sur le banc des accusés au motif de ne pas laisser assez de traces car "la vie privée est une anomalie depuis au moins cinquante ans (...), nous sommes en 2069 tout de même ! " et que ne pas s'afficher induit que l'on a quelque chose à cacher. Aucun sujet n'est laissé de côté. Les guerres et les attentats, les progrès scientifiques que ce soit à l'aune du transhumanisme ou de la médecine prédictive, le tourisme de masse.
Alors oui, on sourit beaucoup, mais jaune. Parce que chacune de ces courtes histoires (une quinzaine de pages à chaque fois) bénéficie du regard affûté de l'auteur et qu'on sait au fond de nous qu'il n'est pas loin de la vérité. J'ai personnellement adoré Les sept merveilles de l'écotourisme qui rassemble en très peu de pages à peu près tous les travers et les catastrophes vers lesquelles nous courons. L'auteur parvient à nous décrire un monde pris dans ses contradictions symbolisées par ses excès de modernité et son retour à des punitions moyenâgeuses.
Si ce recueil est très différent du précédent, j'y ai retrouvé la plume acérée de l'auteur et cette acuité si bien adaptée à la forme courte. Et j'en ai apprécié le fond autant que la forme, ce puzzle qui se dévoile à la fin et vous laisse un gros sentiment de malaise et cette interrogation : est-il encore temps et avons-nous les moyens d'éviter ça ? Choix de société, question centrale de la liberté, Dernières nouvelles du futur offre de multiples matières à réflexion, partant du principe qu'il faut parfois se projeter pour comprendre ce qui risque d'arriver. Et œuvrer pour que ce livre reste de la pure fiction.
Ce sera ma première critique "politique" et même si la lecture de ce livre s'est parfois révélée un peu rude et contraignante,pour moi, je vais tenter de vous en faire le meilleur rapport possible .
je vais commencer par dire deux mot de son auteur: Patrice Franceschi, un ecrivain francais qui n'appartient, à dessein, à aucun parti politique est à la fois un homme de terrain, un baroudeur et un philosophe qui a plus d'une corde à son arc. en 1975 il participe à l'expédition Babinga-Pongo-pygmees du Congo. En 1976 c'est l'expédition Yasuo -indiens Macujé d'Amazonie.1978 expédition Neferkara -le nid de la source à la mer. 1984-87 1er tour du monde en ULM.1989 raid Papouasie de nouvelle guinée. En 1990 il participe à la révolution roumaine à Bucarest. Puis de nombreuses expéditions suivront en Tasmanie, en Nouvelle Guinée de nouveau, en Amazonie Colombienne. Il est aussi navigateur sur la jonque : la boudeuse. Et il est également écrivain et cinéaste et obtient de nombreux prix pour les uns et les autres.
Ce livre ci : "combattre!" au titre moins provocateur que "mourir pour l'Europe" prévu initialement est un manifeste politique qui transcende les clivages traditionnels "gauche-droite" où il s'agit de s'inscrire dans une vision entièrement politique contrairement à la vision économique qui règne en maître actuellement. En effet la vision politique s'inscrit sur du long terme qui favorise, quel qu'en soit le coût, l'émergence de citoyens libres et éclairés.
Rappelons qu'un "manifeste" est une déclaration écrite et publique par laquelle un gouvernement, une personne, un parti ou un courant artistique exposé un programme d'actions ou une position, le plus souvent politique ou esthétique. le manifeste a pour objectif d'attirer l'attention du public, de l'alerter sur quelque chose ou de faire connaître ses idées.
Selon l'auteur nous nous devons de penser "positif" et cesser de dire que toute idée un tant soit peu utopiste est impossible, infaisable. Cette théorie de l'impossible doit être combattue avec l'aide des médias qui seraient libérés de toute appartenance propre aux puissances financière et industrielle et qui pour le coup informeraient vraiment.
Dans cet ouvrage, l'auteur propose un nouveau programme de vie sociale entièrement modifié et repensé, un projet societal des "États Unis d'Europe " (radicalement différent de la proposition actuelle) s'inscrivant en "fédérations" incluant la Russie, une Europe allant de l'atlantique à l'Oural.
Selon lui, l'actuelle U.E. nous a fait perdre notre puissance en trahissant nos espoirs, en nous privant donc d'existence. Il préconise au contraire une union politique des peuples (qui est la définition sémantique du mot "états-unis" ) au lieu de cette association économique qui met sans cesse en concurrence les êtres humains. Cette Europe de l'argent-roi qui détruit toute idée de solidarité et de générosité, qui marque la fin de l'éthique, la dégradation des rapports humains et qui consacre la suprématie de la prospérité sur la liberté, qui favorise les puissances économiques.
il souligne par ailleurs avec vigueur le vide sidéral des programmes politiques proposés pour l'élection présidentielle dont aucun ne parle d'un grand projet de vie collectif qui redonnerait espoir et dignité à tous les citoyens. Ainsi la classe politique dans son ensemble n'est pas épargnée : elle est même condamnée sans appel pour leur manque de vue sur le long terme.
Cependant je note juste après avoir suivi de près les campagnes des différents candidats que certains programmes politiques abordent néanmoins certains points défendus par l'auteur et parlent ouvertement de certains défis dont il parle lui même :
Demande de prise de conscience collective pour:
- Abandonner notre mode de vie consumériste et égoïste actuel où l'enrichissement personnel constitue le but de l'existence,.
- S'affranchir de l'OTAN et renforcer nos propres défenses.
- Retrouver la vraie liberté de la presse en se libérant des diktats des médias traditionnels qui appartiennent à la puissance de la finance.
- S'occuper d'urgence d'écologie et de la catastrophe humanitaire qui s'annonce en cas de non-respect d'une nouvelle éthique de vie.
- Qui s'inquiète de la société de surveillance qui s'installe partout et de la fin de la vie privée.
Il est en effet intéressant d'analyser l'impact de ce livre après les élections présidentielles. le livre, publié en mars 2017 avant donc les élections, proposait d'interpeller le président qui aura été fraîchement élu avec cette proposition de fondation des États-Unis d'Europe car les défis à surmonter sont tels qu'ils ne peuvent l'être à titre isolé et il faut donc selon l'auteur une "fédération "de pays assez forte et puissante pour permettre de l'envisager sereinement.
Pour ce faire, il faut que les citoyens que nous sommes s'expriment au travers d'une pétition en ligne (sur combattre.org) et si le nombre est suffisant (on ne nous précise pas le nombre requis par contre ),une demande de référendum national sera déposée auprès du futur président.
hors voilà nous sommes en juillet 2017, les élections présidentielles et législatives sont derrière nous..... qu'en est il aujourd'hui? ??....
- Ce manifeste, ce rêve réaliste selon les propres termes de l'auteur, envisage de tourner le dos au modèle du "tout économique " et à la consumérisation forcenée de la société (la consumériste on désigne toutes les actions de communication qui sont mises en place par une entreprise commerciale pour faire remarquer ses produits auprès des consommateurs et les amener à consommer ).
Avons-nous donc raté ce fameux rendez vous avec l'histoire dont parle l'auteur?
Il semblerait que oui puisque nous avons finalement choisi de tourner le dos à cet idéal. En effet, selon les critères de l'auteur, le peuple qui s'est exprimé au travers des urnes en avril à choisi visiblement la solution d'un président engagé à fond dans une gestion pour le moins particulièrement économique de l'état. ... d'aucuns diront qu'il y a eu une abstention record. ... mais tout de même! !!!!!
Ce livre délivre donc un portrait de notre monde actuel pour le moins inquiétant et effrayant. La déliquescence de l'Europe telle qu'elle est conçue actuellement semble inéluctable et presque souhaitable pour laisser place à un autre idéal de vie. Pour cela toutes les "bonnes volontés " seront requises pour, dans un premier temps et comme évoqué plus haut, signer la pétition sur le site dédié à ce thème : combattre.org. Cette proposition séduisante me semble néanmoins trop belle pour être vraie. Elle me semble pourtant essentielle et indispensable. ...
Les bases sont ainsi lancées et énoncées, cependant seul une petite portion de la population à réagit favorablement. Il laisse donc à croire que l'immense majorité ne se sent pas concernée, ne pense pas qu'il soit nécessaire et urgent d’œuvrer pour une autre approche meilleure de la perception de tout ce qui se passe et qui enfin dans un élan d'égoïsme incroyable préfère se détourner d'un projet véritablement humain.
serait il déjà trop tard? ?Avons-nous à ce point été abetis qu'il ne nous est plus possible de réagir? ?? le grand "dessein" d'asservissement des populations a-t-il déjà atteint son but? ??? C'est un grand débat qui n'est pas prêt d'être clos....
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Quatre belles nouvelles de Patrice Franceschi. Quatre nouvelles où les héros font un choix. Le choix ultime, celui dont on a le sentiment que toute une vie ne s'est construite que pour cet instant, aussi tragique, impitoyable et injuste soit-il.
La première nouvelle - Un fanal arrière qui s'éteint - a des accents conradiens et pas que pour le sujet maritime. La deuxième - Carrefour 54 - est peut-être celle que j'ai le moins apprécié sans pour autant que le plaisir de lecture soit absent. La troisième - Le naufrage du lieutenant Wells - est captivante par son intrigue. La quatrième - Le train de six heure quinze - est terrible et tragique. Poignante.
Au final ces hommes sont face à leur destin et font le choix qu'ils jugent nécessaire pour rester en accord avec eux-même.
Un livre bien dans la veine de ce grand monsieur qu'est Patrice Franceschi.
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