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L’anti-BHL existe et on l’a rencontré : un moment avec Patrice Franceschi

A la découverte d'un aventurier moderne...

L’anti-BHL existe et on l’a rencontré : un moment avec Patrice Franceschi

Retrouver Patrice Franceschi dans un café de la bruyante place du Trocadéro pour une interview, c’est un peu rencontrer un grand fauve dans un jardin public, incongru.

La ville grouillante, polluée et klaxonnante n’est pas l’élément naturel du  commandant Franceschi, officier de marine réserviste, écrivain de marine, récompensé par le Goncourt de la nouvelle en 2015 pour Première personne du singulier.

 

A la fois combattant en Afghanistan et philosophe politique, marin bien dessalé et écrivain qui place la littérature plus haut que tout, Patrice Franceschi fait partie de cette espèce d’hommes engagés qui en disent moins qu’ils n’en font. Il faut ainsi lui tirer les vers du nez pour le faire parler de son engagement actuel aux côtés des Kurdes, et là encore, son regard qui frise et fuit laisse comprendre qu’on n’en saura pas l’essentiel. Aventurier au sens qu’Henri Vernes a donné à son personnage Bob Morane, il partage avec Sylvain Tesson et le géostratège Gérard Chaliand, non seulement une forte amitié, le goût pour une vie exemptée de principe de précaution, mais aussi un regard circonspect de génial inadapté au temps présent.

 

Il vient de publier un recueil de nouvelles, Dernières nouvelles du futur (Grasset) dans lequel il imagine un monde libéral situé entre 2025 et 2125, pas si lointain, mais où la folie des hommes a pu se déployer sans limites. Ainsi, l’homme augmenté s’appelle Timan et il a l’arrogance d’être le premier d’une lignée prometteuse d’humains mieux nés, issus, comme on l’imagine, des familles les plus riches du monde. Forcément tout cela développe un business de l’eugénisme qu’on retrouve dans « La Fabrique ». A côté des enfants parfaits, la nouvelle dont Dag Petersson est le héros se situe dans un monde ultra sécurisé, surveillé comme dans 1984, où l’ultime subversion reste la lecture. Nouvelle après nouvelle, on retient son souffle, tant chacune fait écho à une actualité qui surgit,  transhumaniste, eugéniste, sécuritaire, apocalyptique.

 

Franceschi est allé loin, ses nouvelles sont de pures anticipations, mais il est troublant de voir la réalité quotidienne, partagée en posts sur Facebook, tenter de concurrencer un recueil de fictions que l’auteur a terminé d’écrire il y a presque un an… seulement. Un grain de sable traverse cependant ces 14 nouvelles, un certain réseau Sénèque, une sorte de cinquième colonne anonyme, plus puissante qu’il n’y paraît et qui pourrait donner du fil à retordre au dieu algorithme qui règne sur le monde parfait, et parfaitement terrifiant de ces nouvelles.

 

Quand il est à Paris, Patrice Franceschi déploie une énergie d’homme d’affaires. Avant de rejoindre les Kurdes début juillet, il s’occupe de sa collections de livres « Points aventure » au Seuil, règle deux trois affaires, termine la promotion de ses Dernières nouvelles du futur, dont il nous apprend que les droits d’adaptation ont déjà été achetés par un producteur de cinéma. Cap ensuite sur Saint-Pierre et Miquelon, où il rejoindra à la fin de l’été le patrouilleur Le Fulma pour quelques semaines de vadrouille au Groenland. Avec lui, tout finit par un livre.

Rendez-vous d’ores et déjà au printemps 2019 : avec Le Chemin de la mer et autres nouvelles, et peut être aussi Ethique du samouraï moderne, un « petit manuel de survie pour temps de désarroi », comme l’auteur aime ajouter.

Pour en savoir un peu plus sur cet aventurier moderne, plongez-vous dans son entretien qu’il nous a donné, il est ici.

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