"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Autant j’avais apprécié les deux premiers recueils de « philosophie vagabonde » de Pascale Seys, autant celui-ci m’a laissée au bord de la route.
La formule est pourtant la même, l’auteure nous amène, parfois à partir de points de départ surprenants, à réfléchir aux grandes questions existentielles qui nous traversent partout et tout le temps, à lever le nez du guidon de la vie quotidienne effrénée et à prendre de la hauteur ou du recul pour se poser (se « pauser ») et « regarder loin, humer de près, sentir en profondeur et explorer une dimension supérieure ». De Platon à Tarantino en passant par Dostoïevski et Delphine Horvilleur, elle nous invite à nous interroger sur la vieillesse, l’amour, l’amitié, le temps, le travail ou encore, actu oblige, sur le repli sur soi, le confinement de la pensée, la solidarité.
Le style est toujours fluide, élégant et érudit (mais accessible), on s’éblouit de tant de culture générale et de sagesse, distillées avec intelligence, douceur et/ou humour, sans jugement.
Mais voilà, je me suis souvent retrouvée à me demander, pour certaines chroniques, quel était le rapport entre le point de départ de la réflexion et la conclusion à l’arrivée, et à me dire « oui d’accord, mais encore ? Et après ? Quel est le message ? »
Sans doute mon esprit vagabondait-il ailleurs que dans ces pages pendant ma lecture.
Comme le dit le philosophe Emmanuel Tourpe dans sa préface, Pascale Seys démontre dans ce recueil tout son "art de philosopher au temps de Facebook". Bien loin de nous assommer avec des réflexions longues, abstraites et compliquées, elle capte l'air du temps (celui après lequel on court tellement que notre capacité de concentration est souvent limitée à quelques minutes) et souffle sous nos yeux quelques bulles de sagesse qui touchent à des questionnements "autant éthiques qu'esthétiques et sociologiques". Des questionnements qui peuvent certes paraître abstraits, mais qui prennent pour point de départ un fait concret, quelque chose qui nous "arrive". On chemine alors avec l'auteure, qui livre sa pensée sous des formats courts et légers mais remplis de sens. du concentré de philosophie, donc, où elle s'interroge sur des thèmes, toujours en lien avec l'actualité, aussi variés que – au hasard – le regard qu'on porte sur l'autre (regarder n'est pas voir) ou sur soi-même (la passion du selfie), la mort (la nôtre et celle de ceux que nous aimons), le son du silence, la sagesse et la folie, la migration et la guerre, la générosité et la bienveillance, les progrès technologiques et le rêve d'immortalité, le mensonge (les alternative facts), les mots et les émojis, la liberté et l'amour.
Comme des bulles de pensées qui oxygènent le cerveau, accessibles et élégantes, ces perles de culture générale nous invitent à réfléchir à ce qui nous "arrive" pour comprendre et décider si et dans quelle mesure cela nous "concerne". Un éclairage sur l'humeur du monde qui n'impose pas sa façon de voir (ou plutôt de regarder) les choses, mais qui, à la façon de Socrate, pose la seule question (parfois inconfortable) qui nous pousse à nous (re)poser, en un moment suspendu, pour réfléchir et ouvrir notre esprit : et nous, qu'en pensons-nous ?
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