"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voilà, je viens de terminer ce roman qui se déroule dans un futur proche (années 2070 environ) dans des Etats-Unis qui ne le sont plus... Dans un monde qui a changé (changement climatique, prohibition des énergies fossiles, abolition ou transformation des frontières), Sarat , sa jumelle Dana, et leur frère Simon, vont devoir survivre dans une époque et des environnements très hostiles.
Roman d'anticipation plutôt réussi mais les longueurs sont malheureusement tout au long du livre.
Au premier abord « American War » a tout du roman post-apocalyptique. Sauf que l’apocalypse n’a pas complètement eu lieu, il s’agit d’une nouvelle guerre de sécession qui frappe les Etats-Unis dans les années 2070-2080 suite à un abandon programmé des énergies fossiles. Dérèglement climatique, virus assassin propagé, migrations, tous les ingrédients sont là. Le Nord patrie des bleus à nouveau confrontée au Sud et ses rouges. Le drapeau confédéré contre le drapeau sudiste. Et les familles dans tout ça ? Et bien elles subissent, à la fois les caprices d’un climat à l’envers qui place la Louisiane sous les eaux et la folie des hommes qui ont décidé de s’affronter tant qu’un clan n’aura pas tordu le bras à l’autre.
C’est dans ce contexte d’anticipation et donc très post-apocalyptique que nous suivons le parcours d’une mère courage qui va devoir fuir la Louisiane et remonter vers le nord avec ses trois enfants, direction un camp de réfugiés appelé « Patience », visiblement le bien nommé.
L’auteur a pris soin d’entrecouper son récit d’extraits de Chroniques historiques, Mémoires et articles, sans doute pour donner la patine réaliste et documentaire à cette histoire.
Malheureusement, d’ellipses en épisodes chocs alternés, le roman n’a pas le souffle nécessaire au genre et fragilise la psychologie des personnages. On sent bien la volonté d’Omar El Akkad de nous ramener à la réalité des phénomènes de réfugiés de guerre et de migrants que nous connaissons aujourd’hui, mais c’est avec une réflexion géopolitique un peu simpliste qu’il fait avancer son récit. Pire, ce dernier va glisser inexorablement vers un « GI Jane » improbable et sans grand intérêt. L’écriture n’est de plus n’est pas extraordinaire, jusqu’à penser parfois à un véritable problème de traduction tant la construction parait souvent maladroite.
Les personnages dans un contexte très binaire en arrivent à être les fantômes de leur propre caricature et on ne peut s’empêcher de penser à d’autres romans dont la puissance ou la poésie ont transcendé le genre. ANNA de Nicollo Ammaniti notamment nous parlait d’enfants livrés à eux même dans un monde finissant avec superbe par rapport à ce roman trop fabriqué et sans relief. Même un bon vieux polar de James Lee Burke nous montrait la Louisiane engloutie sous les eaux de façon plus rugueuse et plus profonde. Ce n’est pas la référence finale à Chris Marker et aux Douze Singes de Terry Gilliam qui sauve cette aventure littéraire.
Les intentions sont là, l’expérience de journaliste confirmé d’Omar El Akkad aussi, mais cela permet-il de faire un bon roman ou d’être un bon écrivain ? Pas sûr.
AVIS DONNE DANS LE CADRE DU CLUB DES EXPLORATEURS:
Que se passe-t-il lorsque la situation d’un pays, en l’occurrence, les Etats-Unis, est décrite à fronts renversés, comme celle d’un pays dominé, en proie à la guerre civile, et au malheur le plus profond ?
C’est ce que tente Omar El Akadd dans son roman American War, qui est un roman de politique fiction .Nous sommes en Amérique, au début de 2074 .Une nouvelle guerre a éclaté, elle oppose le Nord aux états sudistes rebelles, non à propos de l’esclavage mais en raison du choix du Sud , de continuer à utiliser les énergies fossiles .Le monde a complètement changé : l’Amérique reçoit de l'aide, des pays latino-américains, de l'empire Bouazizi, grande puissance émergente à cette époque qui s’est imposée en renversant les dictatures arabes et en unifiant cette aire culturelle .Le personnage principal Sarat Chesnut, a six ans lorsque son père est tué. Elle doit alors rejoindre un camp de réfugiés aux confins des états du Nord Et du Sud .Comble de l’ironie amère, ce camp se nomme Patience …Sarat ne peut plus être une enfant, elle se transforme, par l’intermédiaire d’amis qui l'initient au maniement des armes, en meurtrière ,en combattante, en criminelle .Ce roman, dont le caractère fictif nous interroge en réalité sur la situation des réfugiés, sur l’impact des guerres bien actuelles en Syrie ou en Irak par exemple, est une source d’interrogations sur l’orientation de l’histoire : que se passerait-il si nous connaissions, un jour , le sort des peuples contraints à émigrer ? Omar El Akkad, dont le passé journalistique l’a conduit vers des zones de conflits et à couvrir le printemps arabe, nous donne un éclairage singulier, très fort sous forme de cette fiction à l’envers : un renvoi à nos oublis, notre refoulé .Le récit se termine par une citation du journal tenu par Sarat Chesnut et découvert par un membre de sa famille « Enfant, je vivais avec mes parents, mon frère et ma sœur dans une petite maison au bord de la mer du Mississipi .A l’époque, j’étais heureuse. »
Explorateurs de la rentrée littéraire 2017.
Nous sommes en 2075 et l’ordre du monde a changé : une deuxième guerre de Sécession américaine oppose le Nord aux Etats Sudistes sur fond d’abandon des énergies fossiles. Ce conflit va durer de 2074 à 2093 et faire 11 millions de morts puis sera suivi par une peste qui engendrera dix fois plus de morts. Les nouvelles superpuissances de ce nouveau monde sont la Chine et l’Empire Bouazizi qui s’étend du Moyen Orient à l’Afrique du Nord. La carte géographique du monde a complètement changé également suite à des changements climatiques qui ont fortement diminué la taille de l’Amérique.
Dans une première partie nous faisons connaissance avec Sarat Chestnut, 6 ans, qui vit avec ses parents, sa sœur jumelle et son frère ainé dans un conteneur au bord du Mississipi qui est devenue une mer dans une Louisiane inondée. Lorsque le père de famille est tué, la famille doit rejoindre un camp de réfugiés, le « camp Patience », en zone neutre entre le pays rouge (les sudistes) et le pays bleu (le Nord). Sarat est complètement différente de sa sœur jumelle qui a la peau claire et les cheveux lisses contrairement à elle. De grande taille, Sarat est une fille qui ne ressemble pas aux autres filles, très vive elle se comporte en vrai garçon manqué.
Dans une deuxième partie nous retrouvons la famille Chestnut 6 ans plus tard dans le camp Patience où ils vivent sous une tente puis dans une troisième partie 5 ans plus tard après un terrible drame. La quatrième et dernière partie se déroule 7 ans plus tard.
Ce roman d’anticipation est assez éloigné de mes lectures habituelles, j’ai été ravie, grâce à lecteurs.com de m’ouvrir ainsi à de nouveaux domaines de lectures. Cependant dans ce roman j’ai trouvé que le côté anticipation était assez peu exploité, les conditions du nouvel ordre du monde, des dynamiques de pouvoir inversées sont très peu explicitées, hormis dans des chroniques historiques ou journalistiques insérées régulièrement dans le récit qui resituent de façon très sèche le contexte et les enjeux.
Mais le conflit n’est pas l’essentiel dans ce roman qui a pour objectif de mettre en lumière Sarat et son destin. Nous suivons la vie de Sarat de 2075 à 2093, de ses 6 ans à ses 30 ans. Une succession de drames va transformer la personnalité de Sarat qui va subir l’influence d’un homme décidé à exploiter sa révolte et son désir de vengeance.
J’ai trouvé que le cheminement de Sarat était très bien décrit et malheureusement très plausible, le processus de manipulation est cohérent et ne peut que faire écho à certains évènements actuels. De même en ce qui concerne le double jeu de l’Empire Bouazizi qui livre des cargaisons humanitaires aux réfugiés du camp mais qui fait tout pour prolonger la guerre civile américaine et l’évocation des bateaux de migrants venant d’Europe qui se dirigent vers Le Caire, capitale de l’Empire.
J’ai apprécié la retenue de l’auteur dans l’évocation des scènes de violence qui sont, on l’imagine, nombreuses dans ce récit, il ne fournit jamais de détails glauques et ne s’étend pas dans leurs descriptions.
La quatrième partie racontée par le neveu de Sarat m’a complètement bouleversée, j’ai trouvé cette fin absolument magistrale et j’ai ralenti ma lecture dans les dernières chapitres pour ne pas quitter ce livre.
J’émets juste un petit bémol sur ce roman : la réalité de la vie des réfugiés dans le camp m’a échappée, je n’ai pas ressenti l’ambiance qui régnait dans ce lieu. Mais c’est un détail par rapport à toutes les qualités de ce récit.
Pour moi c’est un livre magistral qui fait réfléchir sur la manipulation et l’embrigadement, sur les recruteurs qui exploitent les failles des jeunes. Ce roman vers lequel je ne serai certainement pas allée spontanément est une très belle découverte pour moi.
Mon avis de la page 100 :
Nous sommes en 2075 et l’ordre du monde a changé : une deuxième guerre de Sécession américaine oppose le Nord aux Etats Sudistes, elle va durer de 2074 à 2093 et faire 11 millions de morts puis sera suivie par une peste qui engendrera dix fois plus de morts. Les nouvelles superpuissances sont la Chine et l’Empire Bouazizi qui s’étend du Moyen Orient à l’Afrique du Nord.
Sarat Chestnut, 6 ans, vit avec ses parents, sa sœur jumelle et son frère ainé dans un conteneur au bord du Mississipi dans une Louisiane inondée. Lorsque son père est tué, elle doit rejoindre un camp de réfugiés, le « camp Patience », en zone neutre.
Ce roman d’anticipation est assez éloigné de mes lectures habituelles et je suis ravie de m’ouvrir ainsi à de nouveaux domaines de lectures. Jusqu’à présent cette histoire me plait bien même si je suis surprise que les éléments du conflit ne soient pas explicités plus clairement mais je pressens que ce conflit n’est peut-être pas l’essentiel dans ce roman qui doit avoir pour objectif de mettre en lumière Sarat et son destin lors de cette période… Je reste donc pour l’instant un peu dubitative sur ce roman mais j’ai hâte de voir ce qu’il me réserve !
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