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Quand les cheveux tombent par touffes
Noam Morgensztern entre en littérature avec ce roman de l'alopécie. Une chute des cheveux qui le fait d'abord fuir, puis explorer son passé et sa famille et goûter à toutes sortes de traitements. Mais cette atteinte physique est aussi une réflexion sur le rapport qu'on entretient avec son corps.
«Ses poils, ces milliers d'antennes qui s’étiraient vers le frisson, font de ses bras et de ses jambes des blocs anesthésiés au monde. La présence, la caresse, le vent d'une approche et celui d’un départ, tout cela est réduit à la sensation de l’absence.» L'alopécie dont a été victime Adam ne lui a guère laissé de répit. D'un trou sur le crâne qu'il pouvait encore cacher, l'affection s'est développée régulièrement et inexorablement, jusqu'à ce résultat aussi lisse que traumatisant.
Au début, il a eu le réflexe de fuir pour cacher ses touffes de cheveux manquantes aux yeux de ses proches. Sans doute un mélange de honte et un besoin de prendre de la distance avec son drame. Mais dans les rues de Tanger, il n'aura trouvé ni le répit, ni la paix. Car, comme il le confesse, «il m'a été laborieux de planter ma fiction-soignante dans un décor crédible. Avec mon corps déserté, j'étais comme apatride, et le lieu où me retrouver pour y déployer ma fiction était une quête harassante.»
À la maladie s'ajoute désormais les regards et les observations des "autres", qu'ils soient bienveillants ou méprisants.
Alors, pour tenter de remédier à ce mal qui le ronge chaque jour davantage, Adam va tout essayer.
Il va consulter encore et encore. Les sorciers et autres rebouteux, malgré leurs promesses, ne parviendront pas à enrayer la chute des cheveux.
Ces faux médecins ne venant qu'ajouter leur incompétence aux vrais spécialistes, également démunis.
Alors Adam va se replier sur lui-même, convoquer l'histoire familiale pour souligner que son destin est tragique, mais qu'il est loin d'être aussi terrible que les déportations, que l'exil vécu aussi bien côté paternel que maternel. Ce qui va entraîner une nouvelle phase de culpabilisation. Même s'il ne peut s'empêcher de vouloir faire de son expérience une manière d'intégrer les misères subies par le clan, d'intégrer une ligne dans une généalogie du malheur.
En passant en revue tous les chocs, toutes les occasions de stresser, Noam Morgensztern se rend compte combien les hypothèses sont fragiles pour expliquer la genèse de sa maladie. Qu'il n’a plus désormais d'autre choix que celui d'accepter de porter son fardeau, lui qui aurait pu sombrer. Il aura finalement, grâce à l'écriture, trouver une voie vers le salut. À un poil près.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
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