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Le couple, dans tout ses états, et surtout dans un état de décomposition avancée. Une histoire d'amour sans amour, sans amour partagé, comme une erreur de casting. Des couples qui se font et se défont. Puis la découverte de soi autrement.
Des dialogues très étranges qui ne ressemblent pas à des dialogues, où on passe sans transition d'un interlocuteur à l'autre dans la même phrase, elle-même ponctuée de bouts de phrases en anglais, voire de paragraphes entiers, et parfois de mots danois ou inuits. Ça a été compliqué pour moi qui ai laissé mon anglais loin derrière, dans mes dernières années de lycée, il y a longtemps. Cela dit, ça semble avoir été une piqûre de rappel parce que j'ai fini par comprendre ce que je lisais.
Cinq jeunes, quatre filles, un garçon. Chaque chapitre a le nom d'un des protagonistes dont on suit les émotions, les sentiments, les espoirs, les blessures.
Dès le premier chapitre j'ai cru que j'allais m'ennuyer à mourir et détester ce court roman, tant il est étrange. Contre toute attente je l'ai beaucoup aimé ! Pourtant je n'ai pas tout compris tout de suite. La chronologie m'a semblé totalement décousue. C'est plein de jeunes, qui s'aiment, se quittent, se soûlent, s'envoient en l'air, vomissent, et recommencent.
Ce livre semble fait de petits récits qui racontent une fuite en avant, qui nous parlent d'amour et du mal qu'on peut se faire, des révélations à soi-même et l'acceptation de ce qu'on est, de transidentité, de coming out, de rejet, de peurs.
Bousculer l'ordre établi paraît être le credo de ce roman qui nous raconte une certaine jeunesse groenlandaise LGBTQI+ et nous dit que l'amour est universel.
Un roman groenlandais, je crois que c’est une première pour moi. Islandais, danois, suédois, oui, mais groenlandais, pas jusqu’à présent.
Je dois dire que j’ai eu du mal au départ avec anaanaa (la mère), ataataa (le père) et anaa (la grand-mère).
Nous ne saurons jamais le prénom de la narratrice, qui raconte son départ pour l’université au Danemark et son amour pour Maliina.
Petit à petit, nous découvrons des bribes d’enfance, notamment son amitié avec un garçon de son âge qui se suicidera quelques temps plus tard.
Les chapitres sont décomptés, qui commencent au 45 pour se terminer tragiquement au 1. Et chaque titre de chapitre fait soit référence à un suicide de Groenlandais, soit un passage du chapitre.
J’ai eu du mal avec le comportement de la narratrice dont j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas : culpabilité ? décès de sa grand-mère ? éloignement de son pays ?
Sa longue descente m’a paru bien triste.
J’ai constaté avec horreur qu’il y avait peu de suivi psy pour les personnes ayant fait une ou plusieurs tentatives de suicide ; qu’il n’y a pas d’avenir pour les jeunes au Groenland, et que même ceux qui s’expatrient ne réussissent pas toujours à comprendre les codes sociaux.
J’ai découvert des habitants qui mangent beaucoup de viande local, tout le reste ou presque de leur nourriture étant surgelée.
Un roman qui se déroule sur une année avec son été trop lumineux et son hiver trop blanc, ce qui dérange ses habitants.
L’image que je retiendrai :
Celle de la façon de se rendre compte du temps qui passe en fonction du nombre de meurtres de l’épisode de Barnaby regardé.
https://alexmotamots.fr/la-vallee-des-fleurs-niviaq-korneliussen/
Après « Homo sapienne », NIviaq Korneliussen revient avec « La vallée des fleurs » nous emporter dans les bras de la jeunesse groenlandaise ; Elle revient avec sa radicalité, sa crudité et son hypersensibilité pour nous parler de l'épidémie de suicides qui ronge le pays. On ne le sait pas obligatoirement mais le Groenland a le taux de suicide le plus élevé du monde et ce sont principalement les jeunes qui sont touchés.
Je tourne autour de cette chronique depuis 3 semaines mais je n'arrive absolument pas en parler correctement. Il est question d'identité, d'amour, de solitude, de liberté. C'est beau et profond. Parfois drôle avec pourtant un sentiment de malaise. Comme dans son précédent roman, la noirceur et la lumière, le doux et l'amer se mélangent pour arriver à un équilibre précaire. Par contre la forme est moins détonante que dans « Homo sapienne », avec notamment le choix d'un récit linéaire. C'est sans doute la raison pour laquelle je n'ai pas eu tout à fait le même coup de coeur.
Traduit par Inès Jorgensen
« Il ne savait pas que c’était contre la lumière, et non contre l’obscurité qu’il fallait me protéger. »
Émouvant, crucial, « La Vallée des fleurs » de Niviaq Korneliussen est un cri dans la nuit noire.
Après le vif succès de « Homo Sapienne » voici un chef-d’œuvre tremblant de pluie. Sa force intrinsèque ne laisse pas indemne. L’écriture s’efface, laisse subrepticement venir les dires, le Groenland et ses souffrances, gelures et meurtrissures pourtant d’ombre et de lumière.
Nuuk, capitale du Groenland, ses hôtes ployés sous les affres intestines d’un hiver sans fin. Où les jours ternes laissent mourir les enfants de désespoir. Mal-être couverture, paupières baissées dans l’obscurité d’une terre qui assigne les siens en pans d’épreuves, d’errances et d’abandons.
Elle est ici. Narratrice d’un récit qui défie les vents contraires, inuit, contemporaine, vive. Sous l’anorak et ses épaisseurs, la fragilité berceau des autochtones. Jeune, révoltée, marginale, elle cherche sa voie dans les brisures des glaces, lesbienne assumée et amoureuse folle de Maliina.
Elle va partir étudier au Danemark à Aarhus dans une université. Dilemme cornélien, elle est d’ubiquité.
« Je prends ma valise, et je m’envole hors de l’aéroport, plus je m’éloigne, plus je m’allège, et plus je m’enfonce dans la foule, plus je m’y fonds. »
L’abîme des séparations, le vide abyssal des angoisses, l’inuit étrange (ère), bouc-émissaire d’une jeunesse bercée sur la bonne rive. Elle ne peut vivre sans Maliina.
On ressent l’amplitude d’un mal-être profond venu du Groenland, où les suicidés si nombreux sont des blocs de glace charriés par l’austérité d’un lieu solitaire où le gris est la toile de fond. Les moyens pour contrer ce fléau sont dérisoires voire normalisés. Comme si la mort était l’ultime issue de secours.
« L’obscurité hivernale fait que nous manquons de vitamine D l’hiver, alors beaucoup sont dépressifs, dis-je d’un air intelligent. »
L’infinie douleur d’un drame foudroie son cœur. Elle va partir pour La Vallée des fleurs, dans la famille de Maliina dont la jeune cousine vient de se suicider.
On à l’impression d’un rythme suicidaire pavlovien comme si cette contrée était de pièges et d’impondérable.
Nous sommes dans une dimension sociétale, sensible et tenace dans l’urgence de la parole mais appliquée, si appliquée que tout semble résurgence.
La Vallée des fleurs est plus qu’un lieu mais la quintessence d’un exil. L’ode à la nature, signature exutoire, l’intime mis à nu.
« Un paradis secret et protégé. »
Le récit bascule dans le lancinant des désespérances. Implacable, d’une beauté inouïe, c’est un électrochoc. Radical, douloureux, magistral, « La Vallée des fleurs » est une main tendue rougie par le froid qui enserre la vôtre et ne vous lâche pas. Traduit du danois par Inès Jorgensen, publié par les majeures éditions La Peuplade.
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