"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L’écrivain norvégien Jo Nesbø nous a donné les passionnantes aventures de l’inspecteur Harry Hole, policier dépressif et alcoolique. Aussi, à l’idée de lire « Chasseurs de têtes », un roman sans son héros récurrent, étais-je plutôt sceptique. Mais je fondais bien quelques espoirs sur cette lecture. Le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu…
Roger Brown est le genre d’homme qu’on prend plaisir à détester, tellement il est symptomatique de la société occidentale contemporaine. Il est le pur produit de la « société du paraître ». Il est arrogant, sûr de lui, imbu de sa personne et de sa fonction, dur, sans scrupules et superficiel, accumulant les signes extérieurs de richesse. Riche, peut-être, mais pas assez pour entretenir le train de vie promis à sa femme. Oui, cet homme imperturbable montre bien une faille : sa femme. Et dès lors, il flirte avec l’illégalité en commettant des vols … jusqu’au jour où il sera fasciné par son double, plus fort, plus intense, plus machiavélique que lui. Mais malin, malin à demi … Parfois, le chasseur (de têtes) se fait traquer par sa proie.
Les premiers chapitres présentent l’anti-héros, sa psychologie glaciale et son entourage. Mais, très vite, les événements s’enchaînent, ne laissant pas de répit au lecteur, car Jo Nesbø accumule les péripéties, si bien qu’il y a un retournement de situation toutes les vingt pages. Ce qui m’a obligé à rester scotché à ce roman policier qui comporte quelques invraisemblances, il est vrai. Mais aux moments de suspense intense succèdent quelques scènes cocasses (le « cadavre » dans le garage ; le lieu d’aisance), ce qui rend ce roman passionnant et agréable. Ainsi que le rythme des rebondissements, sans oublier les indices placés ici et là afin que le spectateur ne se perde pas dans les méandres de ce thriller.
Une fois de plus, Nesbø, comme un certain nombre d’écrivains nordiques (je pense surtout à Henning Mankell), nous fait comprendre que le miracle scandinave est tout aussi frelaté que le rêve américain. A quel point, là, comme ailleurs, l’économie a établi des codes de recrutement, de fonctionnement et de politique interne, basés sur des valeurs futiles. A quel point, notre société n’est que faux-semblants, qu’elle n’est qu’un leurre de bonheur. Frelaté.
Avec ce roman l'auteur nous étonne, de par son style, qui est très différent de ce qu'il a écrit auparavant, et en ne nous proposant pas une nouvelle aventure de son cher inspecteur. Mais une fois passé l'effet de surprise, on retrouve bien les traits caractéristiques de l'auteur, l'humour et le suspense, qui sont dans cet ouvrage maîtrisés au plus haut point. Très agréable à lire, bien que par moment un peu déconcertant, ce livre nous permet de découvrir le monde très particulier des cabinets de recrutement et de leurs chasseurs de têtes, même si le personnage servi par l'auteur tient plus de l'anti-héros. Dans l'ensemble on passe un agréable moment en compagnie de Roger Brown et de ses drôles d'aventures. Un livre étonnant mais qui est bien écrit, et dont je conseille vivement la lecture...
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