"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A l’âge de 7 ans, Hortense est partie vivre à San José, au Costa Rica, avec ses parents et son petit frère.
Dans ce petit pays d’Amérique centrale considéré, dans le début des années 80, comme une poudrière située au milieu d’états en guerre, elle a vécu les plus douces années de sa vie.
Mais bien longtemps après être revenue en France, alors qu’elle mène une vie d’adulte construite sur ces 5 années d’une vie de rêve au bout du monde, ses « souvenirs tropicaux » vont être ébranlés par des doutes sur la vraie profession de son père.
Menées sous forme d’une enquête, les recherches d’Hortense sur le passé de son père prennent la forme d’un travail de détective mais les conséquences de ses découvertes vont bien au-delà de la découverte de la seule vérité.
Un roman intéressant sur le rôle de la mémoire dans la construction d’une personnalité et sur la fragilité de l’édifice des souvenirs venus de l’enfance.
Nathalie PEYREBONNE relativise les événements importants d’une vie et démontre, avec ce conte tropical très joliment écrit, que les choses essentielles sont souvent au-delà des simples apparences.
Une lecture agréable qui m’a transportée dans ce superbe pays d’Amérique centrale où la vie se déroule tout en couleur et en douceur.
Dans une interview qu’il accordait au sujet de son chef d’œuvre, Shantaram, Gregory David Roberts précisait : « une forte expérience d’expatriation ne suffit pas à faire un bon roman. C’est l’histoire qui doit commander, pas les souvenirs ». C’est bien le problème du livre de Nathalie Peyrebonne : l’histoire de son roman sert de prétexte à la rédaction de ses mémoires. L’évocation du Costa Rica de son enfance ne manque pas d’intérêt, entre anecdotes et réalités de la vie locale (ex : p92) mais j’ai surtout ressenti de l’amertume et de la nostalgie. Un syndrome commun à tous mes amis rentrés d’une longue parenthèse à Shanghai, Singapour, Le Cap ou Dubaï : une frustration, une incapacité à communiquer la richesse de ce qu’ils avaient vécu.
Dans un style souvent poussif (beaucoup trop d’adverbes, des tournures de phrases malheureuses), l’auteure essaye de nous intéresser au mystère qu’elle a imaginé mais c’est dans les descriptions de ses jeunes années à San José qu’elle est la plus à l’aise, et la plus authentique. Pour le reste, on s’ennuie ferme. On ne parvient ni à s’attacher à son insipide héroïne, ni à se passionner pour son enquête dont l’aboutissement, dans les toutes dernières pages, laisse un goût d’inachevé et de « tout ça pour ça ».
Bilan :
Au départ, ce sont des choses anodines, comme un footballeur, face à son ballon, face au gardien de but, qui ne fait pas son pénalty. Il regarde autour de lui, les caméras du monde sont braquées sur lui mais il ne frappe pas. Il rentre au vestiaire. Ou comme le président qui ne fait pas son discours le 1er janvier mais le 4 janvier. Pourquoi le 4 ? Il se foutrait pas de notre gueule, le président ?
Et puis, lors de cette étrange journée, on rencontre Céleste, Edmond, Lucien, Louis, Bertrand. C’est une journée étrange parce que les actes les plus inhabituels, les plus incongrus, semblent possibles. C’est l’occasion peut-être de se dévoiler, de révéler un peu de soi, de ce qu’on aurait voulu être dans une autre vie.
[...]
Rêve général raconte cette journée extraordinaire où les personnages vont croiser des tartes à la crème, de somptueux cornichons, du PQ au thé vert, et même la déesse Occasion. Pourquoi cette journée est-elle si différente ? Parce que les personnages ne réfléchissent pas à leurs actes, ils agissent parce que c’est le moment ; parce qu’ils s’abandonnent à l’élan dans leur cœur qui leur dit : stop, c’est assez. Parce que les gens veulent juste avoir du temps pour eux, du temps qui n’est ni dicté ni compté, parce qu’on ne peut pas être heureux quand tout va si vite. Parce qu’ils n’ont plus confiance en les hommes politiques qui réforment sans rien réformer, surtout pas. Mais avant tout, cette journée est différente parce que les gens vont à la rencontre de l’autre et s’écoutent. Ils se métamorphosent, sortent de l’enlisement. Ils parlent d’un bien-être commun.
Le texte, qui est composé de chapitres de trois ou quatre pages, met en scène les personnages à tour de rôle, mêle les pensées et les dialogues dans un style indirect libre approprié. L’ensemble est rythmé et bien agencé, mais ce qui compte, au fond, ce ne sont pas tant les personnages, c’est l’idée qu’ils portent ensemble. Le jour où les gens en auront vraiment marre, un mouvement d’ampleur naîtra, pas forcément dans la forme qu’on imagine, et probablement désordonné, mais il naîtra. Rêve général, publié par les éditions Phébus, évoque une idée forte et pas si fantaisiste que ça.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/reve-general-nathalie-peyrebonne-a104217954
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