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Jean Patrick rêve de devenir le premier rwandais à courir aux jeux olympiques mais il est tutsi cela n'est donc pas possible, à moins que … son pays plongeant dans le chaos suite à l'assassinat de son président il ne saisisse l'opportunité de se faire passer pour un hutu, changer d'identité garce à une fausse carte d'identité et échapper ainsi au génocide. Il est beaucoup question de courses dans ce livre mais pas uniquement.
Ce roman magnifique nous conduit dans des lieux et situations incroyables que nous ne connaissons souvent que par bribes issues de l’actualité : la guerre, le conflit, les massacres, le génocide qui nous laissent des images de désolation et de chaos. L’histoire nous permet de les approfondir et de les comprendre à travers le suivi de plusieurs destins. Le héros qui rêve de devenir champion olympique et qui, en d’autres temps, d’autres lieux, aurait pu le devenir, son frère qui entre en résistance avec tout ce que cela implique, l’entraîneur qui participe au conflit et aux massacres, la résistance intellectuelle et politique incarnée par Béa, le regard de l’étranger. Le professeur américain. Ce livre est également une belle histoire d’amour et traite du déracinement : peut-on se reconstruire ailleurs ? et comment ? Il décrit également la fragilité de la vie qui ne tient qu’à un fil : rêve brisé mais également belles rencontres. L’écriture est rythmée et belle, empreinte des ambiances africaines et de métaphores. On redécouvre un pays attachant dont les habitants sont chaleureux. Naomi Benaron parvient même à nous en faire ressentir la terre, les odeurs, aimer le parc des Virunga. Elle a su faire comprendre la montée de l’embrasement. Malgré le génocide elle parvient à ne pas sombrer dans le pathos et la fin est forte de foi dans l’avenir. A lire absolument.
Jean-Patrick Nkuba est un athlète prometteur qui espère devenir le premier coureur rwandais à participer aux Jeux Olympiques et pour cela, il s’entraîne chaque jour, parcourant les splendides paysages de son pays.
Mais Jean-Patrick est Tutsi et en 1994, le conflit qui oppose son ethnie aux Hutus se transforme en véritable génocide.
La seule solution pour continuer à vivre sa passion et réaliser son rêve est de se faire passer pour Hutu et surtout de faire confiance à son entourage, dans un climat ou la méfiance est reine.
Mais peut-on renier ses origines ?
A travers ce personnage chaleureux attachant, aux idéaux aussi purs que la nature est belle, Naomi Benaron réussit le tour de force de démontrer avec clarté les mécanismes profonds d’un massacre sans tomber dans le documentaire.
Plus encore, ce roman initiatique empli de justice sociale fait percer l’espoir, l’amour et la joie derrière le désespoir, la destruction et l’horreur de la guerre.
Un très belle lecture.
"Un génocide n'est pas une mauvaise broussaille qui s'élève sur deux ou trois racines, mais sur un noeud de racines qui ont moisi sous terre sans personne pour le remarquer" ce sont les propos confiés par Claudine une survivante du génocide rwandais à Jean Hatzfleld*. Génocide le mot est dit/écrit. Car, c'est bien le génocide rwandais qui est évoqué dans le premier roman de l'Américaine Naomi Benaron, ce massacre ethnique qui s'est déroulé sous les yeux (avec la complicité ?) de la communauté internationale. Courir sur la faille est un roman ambitieux qui -au travers du regard et de la destinée de Nkuba Jean-Patrick, un jeune athlète Tutsi en passe d'être sélectionné pour les Jeux olympiques- raconte les origines du génocide ainsi que les horreurs perpétrées en quelques mois dans le pays des mille collines.
Le Rwanda situé sur une faille géologique, est depuis le début du 20ème siècle menacé par une faille beaucoup plus pernicieuse : une fracture ethnique que le lecteur sent s'ouvrir lorsque l'auteur évoque les brimades que subit Jean-Patrick : en classe lorsque l'on demande aux élèves Tutsis de se faire connaître ; aux barrages routiers lorsque, outre les Indangamuntu ( les papiers d'identité) sur lesquels figure l'ethnie, l'on exige de voir mains et chevilles, les caractéristiques ethniques étant censées être révélées par l'épaisseur ou la finesse de ces membres.
Si lorsque le sol commence à trembler et les esprits s'échauffer Jean-Patrick reste concentré sur son entraînement, poussé par son énigmatique coach Hutu, ses rencontres : avec Béa une jeune Hutu engagée politiquement et Jonathan un professeur d'université américain, vont forcer Jean-Patrick à se rendre à l'évidence : son pays est en pleine implosion. Se pose alors une question douloureuse pour le jeune athlète : doit-il accepter de nouveaux papiers d'identité falsifiés qui lui permettront de continuer à s'entraîner et le mener peut-être aux Jeux olympiques, mais qui le forceraient par la même à trahir ses origines et les siens.
La force de Courir sur la faille réside dans l'écriture de l'auteur qui jamais ne tombe dans le pathos même si elle n'édulcore en rien les massacres perpétrés au Rwanda en 1994. Naomi Benaron a su retranscrire avec précision l'antagonisme latent qui depuis la colonisation du Rwanda par l'Allemagne empoisonnait les relations entre Hutus et Tutsis jusqu'à l'embrasement et la purification ethnique. Du comportement attentiste de la communauté internationale au rôle prépondérant de la radio nationale qui haranguait les foules, attisait les esprits et appelait au massacre de toute une partie de la population, rien n'est caché, tous les évènements sont posés afin que le lecteur puisse prendre conscience de ce qui s'est joué il y à moins de vingt ans au Rwanda.
Loin d'être fataliste, Courir sur la faille démontre que malgré l'horreur, malgré les atrocités commises, il subsiste toujours un mince filet d'espoir et d'humanité qui fera le terreau d'une certaine forme de résilience.
Courir sur la faille fait partie de ces romans bouleversants qui permettent de mieux comprendre l'histoire et la folie des hommes. Si ce roman ne peut effacer les atrocités commises au Rwanda, il a le mérite de nous permettre de ne pas oublier.
En 1984, Jean-Patrick a 9 ans quand son père décède dans un accident de la route.Homme de paix et de sciences, il avait toujours préservé ses enfants d'un passé marqué par les violences inter-ethniques. En s'installant chez l'oncle Emmanuel, la famille renonce à la modernité et à l'aisance; et Jean-Patrick et son frère Roger apprennent des bribes de l'histoire de leur famille. Pour eux, c'est un choc, ils se pensaient rwandais, ils se découvrent Tutsis, Tutsis dans un pays où les Hutus ont le pouvoir. Le temps passant, les tensions s'exacerbent, la conscience politique de Roger s'éveille. Jean-Patrick, lui, a appris qu'un Tutsi doit être le meilleur pour réussir. Ses bons résultats lui permettent d'intégrer l'université de Butare où il fait des merveilles sur la piste d'athlétisme. Entraîné par l'énigmatique Rutembeza, le jeune homme améliore ses performances et caresse le rêve de représenter le Rwanda sur 800 mètres aux prochains jeux olympiques. Mais le sport n'est pas un refuge hermétique et Jean-Patrick ne peut pas ignorer les violences qui se multiplient. Roger le met en garde, Rutembeza lui procure une carte d'identité hutue et surtout Béa, la fille dont il est tombé amoureux au premier regard, militante pour la paix, tente de lui ouvrir les yeux sur le danger qui guette. Quand, en avril 1994, le président Habyarimana est victime d'un attentat, les extrémistes hutus en profitent pour attiser la colère du peuple à l'égard des Tutsis. Les massacres, organisés et systématiques, n'épargnent ni les Tutsis, ni les Hutus qui les soutiennent. Le Rwanda est à feu et à sang.
«Même s'il passe ses journées ailleurs, Dieu revient chaque nuit au Rwanda». Peut-être Dieu avait oublié ce proverbe cher à Jean-Patrick et Béa en cette funeste année 1994 où le Rwanda a connu la pire des guerres puisqu'elle était fratricide. Des rivalités qui remontent à l'époque de la colonisation belge, des humiliations subies de part et d'autre, une animosité latente, et soudain une occasion saisie de mettre le feu aux poudres, de manigancer pour éradiquer toute une partie de la population, telle est l'histoire que nous raconte Naomi Benaron à travers le destin de la famille de Jean-Patrick, le coureur de fond tutsi et de sa bien-aimée hutue, la courageuse et idéaliste Béa. Sans pathos excessif, sans manichéisme, elle nous donne à voir un Rwanda mis à mal par la bêtise humaine où on s'entretue entre voisins, entre amis. Massacres, incendies, viols, sont perpétrés sous le regard indifférent des forces armées occidentales. Mais le Rwanda des agriculteurs, des pêcheurs, des cultures en terrasses, du magnifique lac Kivu, n'est pas uniquement la terre qui a subi ce terrible génocide. A travers ses personnages, l'auteure nous raconte aussi l'histoire de hutus qui ont accueilli, caché, sauvé des tutsis, d'occidentaux qui sont restés jusqu'au bout aux côtés de leurs amis africains, d'hommes et de femmes qui n'ont pas oubliés qu'ils étaient avant tout des êtres humains.
Un récit qui commence tranquillement puis monte en puissance, comme un 800 mètres bien maîtrisé. On s'attache à ces rwandais, quelle que soit l'ethnie à laquelle ils appartiennent, on tremble de voir le danger et la mort les approcher et bien sûr on pleure leurs proches assassinés, leurs rêves tués dans l'oeuf, leur pays martyrisé par la haine. Un grand livre, une belle leçon de vie, un hommage à ceux qui ont péri sous les coups de machettes ennemis.
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