Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
"L'étoile brisée", premier roman de Nadeije Laneyrie-Dagen, nous immerge dans une fresque magistralement brossée et nous emporte pour un passionnant voyage au coeur d'une Renaissance effervescente.
Le récit commence en septembre 1472, à Santoňa, petit port de pêche castillan. Comme dans les contes qu'enfants nous entendions avec une frayeur délicieuse, un couple, Shimon et Alika, oblige leurs deux fils à partir pour leur éviter d'être massacrés lors d'un pogrom. "A partir d'à présent vous êtes orphelins et demain, au plus tard après-demain, vous cessez d'être frères. Quand cette nuit ou la suivante sera passée, vous n'entretiendrez plus de liens [...] Pour chacun d'entre vous, nous sommes morts ; ou plutôt nous n'avons jamais existé" (pp. 23-24).
Ainsi est fait, mais avant la séparation leur mère confie à chacun "la moitié d'un sceau de Salomon", ultime marque d'un passé que les deux garçons doivent oublier et ultime lien entre les deux frères. La scène de ce déchirement initial et initiatique contient en germe toutes les douleurs, tous les tourments de ceux qui, convertis ou non, continuent d'être chassés des royaumes européens. Le motif de la crainte perpétuelle d'être connus pour juifs s'entrelace dès lors à celui du reniement intolérable.
A partir et autour de cet épisode inaugural, rayonnent des évènements où les personnages fictionnels rejoignent les figures historiques tels Amerigo Vespucci, Charles Quint, François 1er, Martin Luther, etc. Jusqu'en 1525, au coeur de cette époque fourmillante d'idées et de techniques nouvelles, assoiffée de conquêtes politiques, géographiques aussi bien qu'artistiques et scientifiques, les deux frères réalisent leur destin : l'un accompagne la découverte du Nouveau Monde et cartographie sans relâche les territoires découverts. L'autre, réfugié en Allemagne, devient médecin et assiste aux prémices de la Réforme initiée par Martin Luther.
Un prologue et quatre parties structurent chronologiquement ce récit foisonnant qui nous entraîne de la cour d'Espagne à celle de France, en passant par l'Italie, l'Allemagne, les Amériques, jusqu'à Alger. Conspirations, secrets, guerres, amours... tous les ingrédients d'un romanesque flamboyant sont présents et magnifiquement dosés. La construction narrative et le sens de l'intrigue participent au plaisir infini de cette lecture. A aucun moment l'auteure ne cherche à édulcorer la complexité du cadre historique : un monde est en construction et les personnages en ressentent les soubresauts jusque dans leur existence. Il m'a semblé que cette onde de choc continuait de se propager encore aujourd'hui. Ainsi, en filigrane du roman de Nadeije Laneyrie-Dagen, apparaît la gestation de notre époque.
Je me suis engouffrée dans l'histoire de Yehoyakim et de Yehohanan Cocia avec une gourmandise qui a parfois frisé la voracité, tant j'ai eu du mal à surseoir à la découverte des prochains chapitres. Il faut dire que l'auteure entrecroise si bien les personnages qu'il faut souvent attendre plusieurs dizaines de pages avant de savoir ce qu'ils sont devenus ! C'est absolument frustrant et terriblement délicieux ! Bref, arrivée à l'épilogue, je n'avais vraiment pas envie de quitter tout ce chatoiement historique et romanesque où l'ampleur n'estompe jamais l'intimité.
Et pour savoir si un jour les deux frères parviendront à réunir les deux triangles pour reconstituer "l'étoile brisée", il vous suffit de lire ce livre époustouflant !
Quelle fresque impressionnante ! Quelle histoire riche et pleine d'enseignements, profondément humaine !
Nadeije Laneyrie-Dagen, pour écrire L'étoile brisée et couvrir une période allant de 1472 à 1525, a fait preuve d'un talent impressionnant à la fois de conteuse et d'historienne car nous sommes en pleine Renaissance, au moment des découvertes du Nouveau monde, découvertes rarement bénéfiques pour celles et ceux qui vivaient tranquilles de l'autre côté de l'océan qu'on appellera Atlantique.
Tout débute à Santoña, petit port de Cantabrie, dans le royaume de Castille, au moment où se déchaîne une haine féroce contre les juifs. Si certains se convertissent pour garder leurs biens, ce n'est pas le choix de la famille Cocia dont le grand-père était rabbin. Son fils, Shimon est barbier. Avec Alika, ils ont deux garçons aux prénoms empruntés à l'hébreu : Yehohanan (Yehia) et Yehoyakim. Si le second est apprenti cordonnier, Yehia rêve d'être marin.
Pour qu'ils échappent à cette folie meurtrière dont notre espèce, dite humaine, est coutumière, avec un courage immense, leurs parents leur demandent de partir le plus loin possible et de cesser d'être frères ! Yehoyakim devient Joaquím et Yehohanan, Juán. Leur mère leur donne de l'argent et leur confie « qu'elle avait dissimulé dans les doublures un minuscule objet : un triangle en cuivre doré, la moitié d'un sceau de Salomon, la figure en étoile qui formait le symbole des juifs. » C'est la fameuse étoile brisée, titre de cet extraordinaire roman historique remarquablement construit.
Après le prologue, les histoires se mêlent et s'entremêlent, réparties en quatre grandes parties complétées par un épilogue comprenant six lettres révélant encore des éléments essentiels à la vie des principaux personnages. D'ailleurs, au début de chaque partie, comme pour une pièce de théâtre, Nadeije Laneyrie-Dagen a pris la peine de rappeler leurs noms pour permettre au lecteur de garder le fil. de nombreux chapitres rythment chaque partie. Ils ont tous un titre et sont précisément situés dans l'espace et dans le temps. de plus, régulièrement, sans avoir l'air d'y toucher, l'autrice glisse des rappels si judicieusement tournés qu'ils n'ont en aucun cas l'air de redites. C'est magistral !
Laissant chacun des deux frères fuir l'intolérance et la folie anti-juive, j'ai été plongé sans ménagement dans Florence, en mai 1498, au moment où Girolamo Savonarole va être supplicié. Guido Liuciardi a quatorze ans et il se trouve dans le palais de la famille Vespucci pour y assister. C'est là qu'il remarque une fillette d'à peine huit ans qui pleure : Lisandra.
L'action se déplace ensuite à Séville, en Andalousie, où commencent les rencontres prestigieuses avec Cristobal Colón et Amerigo Vespucci, tous les deux passionnés par la recherche de nouvelles terres.
Ainsi, d'Italie en Espagne puis d'Allemagne en Angleterre, sans oublier la France mais aussi les Canaries, l'Algérie et le nouveau monde, l'autrice m'a fait beaucoup voyager et appris quantité d'informations sur les découvertes de l'époque. Son roman est très documenté sans être jamais lassant ou didactique.
Si violence et haine, esclavage, intolérance religieuse et cupidité ont bien leur place, l'amour et les femmes jouent un rôle prépondérant, même si les hommes les manipulent, les violent et leur dénient les droits les plus essentiels.
J'ai déjà cité Lisandra mais il faut parler aussi de Doucine, de Laurette, de Maria Concepción dont les enfants, Ulisse et surtout Silvana excitent beaucoup la curiosité. Les hommes aiment les femmes mais des hommes aiment des hommes et des femmes aiment des femmes, en évitant que cela se sache… Au passage, Nadeije Laneyrie-Dagen gratifie son lecteur de plusieurs scènes d'amour très érotiques, superbement écrites. de plus, elle sait ne pas occulter les gestes et les moments les plus intimes de la vie quotidienne, instants que certains livres évitent trop systématiquement alors qu'ils constituent la base de nos vies, qu'ils soient plaisants ou désagréables.
Si l'un des frères Cocia est devenu médecin en Allemagne et nous permet de fréquenter Martin Luther, l'autre, passionné par la mer, devient un cartographe essentiel pour Amerigo Vespucci. C'est à lui, Juan de la Cosa, qu'est attribuée la plus ancienne carte du Nouveau Monde. Datée de l'an 1500, elle est reproduite au début du livre.
Tous ces destins se croisent, s'entrecroisent. La maladie, la vieillesse jouent leur rôle mais les sentiments, les amours, les jalousies, le poids des religions, leurs batailles pour influencer le peuple et accaparer pouvoir et richesses, tout cela est bien réel comme L'étoile brisée le démontre brillamment.
Grâce à Babelio (masse critique) et aux éditions Gallimard que je remercie, j'ai pu lire et me régaler avec un beau et passionnant roman.
Chronique illustrée à retrouver sur : ttps://notre-jardin-des-livres.over-blog.com
Á travers ce roman foisonnant, Nadeije Laneyrie-Dagen nous entraîne dans une saga historique très bien documentée sans que jamais cela soit pesant ou ennuyeux pour le lecteur. Elle sait mêler avec subtilité la vérité historique à la fiction et ses personnages, forts nombreux, sont bien campés et tout à fait en adéquation avec leur époque.
L’histoire débute en 1472 avec deux frères, les Cocia, qui fuient le massacre des juifs ordonné par Isabel de Castille. Leurs routes vont diverger. L’aîné deviendra médecin et, devenu catholique, se fixera en Allemagne où il suivra le parcours du frère augustin Martin Luther. Celui-ci, qui prône la réforme de l’église et de ses richesses, s’oppose à la vente des indulgences, deviendra peu à peu antisémite. C’est l’occasion de découvrir la toute puissance de l’église catholique et ses tromperies et enrichissement autour des indulgences et des reliques.
Le plus jeune Cocia va aussi dissimuler ses origines juives. Il navigue comme pilote sur les navires de commerce, épouse une catholique et devient cartographe.
Le destin des deux frères est prétexte à nous faire découvrir ce monde en pleine mutation, nous sommes en train de basculer du moyen-âge vers la renaissance, époque charnière où les arts, la science et la médecine avancent à grandes enjambées tandis que les échanges avec les Amériques qui viennent d’être découvertes par Christophe Colomb s’organisent à grande échelle. On cherche aussi à évangéliser tous ces « sauvages » tout en les réduisant à l’esclavage. C’est aussi l’époque où l’on apprend que la terre est ronde et tourne sur elle-même tandis que les médecins découvrent l’anatomie et le fonctionnement du corps humain en disséquant des cadavres malgré l’interdiction.
J’ai trouvé passionnante cette approche historique par le biais de personnages très différents. On se rend ainsi compte de l’intolérance au sujet de la religion et plus particulièrement les juifs qui devaient porter la rouelle et vivre dans des quartiers réservés comme le ghetto de Venise. Ceux qui reniaient leur religion et changeaient leur nom tremblaient d’être démasqués. La condition féminine est aussi bien décrite au travers du destin de Laurette, Doucine ou Lisandra, qui connaitront le mariage arrangé, la tromperie ou encore l’avortement. La vie était difficile pour les femmes qui se devaient de mettre au monde des enfants et surtout un garçon attendu par la famille pour perpétuer le nom et les affaires.
Les mondes, l’ancien et le nouveau se côtoient et créent des situations nouvelles comme le destin de Maria Cana, l’esclave originaire des Canari et du peuple Tupinambas qui, après avoir donné le jour à des jumeaux, deviendra l’épouse d’un riche marchand : Amerigo Vespucci.
Le roman se divise en 4 parties plus le prologue et l’épilogue. Au début de chacune des parties on retrouve la liste des protagonistes et les liens qui les unissent, ce qui permet de ne pas se perdre dans la foule importante des personnages.
Cette grande saga historique de plus de 700 pages se lit avec plaisir et curiosité pour qui aime l’histoire et je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette découverte.
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