"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le titre et la fréquence de le voir sur les réseaux m’ont fait craquer !
Et je ne suis pas déçue.
L’histoire de Marina Chafroff Maroutaëff jeune pianiste russe émigre à Bruxelles avec son mari Youri.
Sa force de caractère l’a fait agir contre l’occupant pour avoir « un boche de moins à nourrir ».
Le 31 janvier 1952 à 5h elle fut décapitée sur l’ordre d’Hitler pour avoir « pointé un boche, une semaine après elle s’est rendu, et par la même occasion elle avait donné un coup de couteau à un autre Allemand »
page 195.
Elle aurait pu être graciée mais « elle était heureuse du sort qui lui était promis » page 209
L’écriture est fluide, les recherches poussées (l’autrice est journaliste) ce qui donne une lecture édifiante.
J’ai apprécié ce qu’Heinrich Geriges écrit de Marina : « La femme sans tête tomba dans l’oubli avant même que quiconque ait pu prendre connaissance de son destin. »
page 233
Au hasard d’une visite dans un cimetière, Myriam Leroy se retrouve devant la tombe d’une inconnue, Marina Chafroff. Elle peut y lire l’inscription «décapitée ».
Qui était donc cette femme, sans tête ? Myriam Leroy va alors se lancer dans une enquête détaillée et passionnante pour nous dresser le portrait de cette femme d’origine russe, exilée en Belgique, mère de deux enfants, qui va un jour, sur ordre d’Hitler, avoir la tête tranchée à la hache.
Ce roman intense réhabilite une petite femme, que tout le monde a oublié, et qui a pourtant, sauvé la vie de soixante personnes, pendant la seconde guerre mondiale.
Ce texte navigue entre deux époques, entre 1942 et 2022, entre deux univers, la Belgique et la Russie.
Les rencontres sur lesquelles s’est basée Myriam Leroy pour mener à bien son enquête constituent des échanges riches et passionnants.
Cette petite histoire perdue au milieu de la grande Histoire rend hommage à une femme dont nous n’aurions sans doute jamais entendu parler.
J’ai adoré les romans précédents de cette auteure (ariane, Les yeux rouges) ; ce petit dernier d’un genre totalement nouveau se lit d’une traite et questionne sur la place de la femme, trop souvent au second plan.
Une découverte que je vous conseille vivement.
Un roman qui retrace à la fois le destin tragique et méconnu de Marina Chafroff, exilée russe ayant poignardé un soldat allemand en 1941 et qui fut ensuite décapitée. et la quête de l'autrice pour rédiger ce texte. On en apprend ainsi beaucoup sur les deux femmes dont les destins se trouvent liés de manière étonnante. J'ai beaucoup aimé la réflexion sur l'Histoire et la déformation possible des faits mais aussi le fait de suivre le travail méticuleux de l'enquête qui permet de faire ressurgir Marina de l'oubli.
Merci Lecteurs.com pour cette jolie découverte!
«Tu sais qu’il faut se garder de juger hier avec les lunettes d’aujourd’hui.»
si dense, émotionnant, imprévisible, tant de choses, de détails, de monstruosités découvertes et mises à la lumière sur la dernière guerre mondiale…
Je le recommande vivement à tous ceux qui fouillent leur passé à la recherche de leur propre histoire, de celle de leurs aïeux et surtout, à ceux qui ont des origines russes. Plusieurs livres ces derniers mois ont évoqué la fuite à différentes périodes de l’histoire du peuple russe vers l’Occident ( l’excellent “Tenir sa langue” de @polina_panassenko par exemple)
à chaque fois, je pense à notre préféré à tous, Romain Gary…
Ici, le pays d’asile est la Belgique.
L’illustration de la jaquette à capté mon attention la vôtre aussi j’imagine elle est de Ian dehaes
L’HISTOIRE
“Au cimetière d’Ixelles, au pied de la tombe de Marina Chafroff, cette petite femme aux joues rondes exécutée pour que vivent 70 otages, tu as déposé une liasse de feuilles A4 dans une chemise en plastique.
Ce sont les épreuves d’un livre, dédié à toutes celles qui, en plus de leurs responsabilités, prennent celle des autres.
En sortant tu as croisé une poubelle (…) au feutre, sous un petit bonhomme pendu : « les morts reviennent pour se venger et nous venger. » Tu as levé les yeux vers les nuages, et un frisson t’a léchée.»
Dernière page. Puis les remerciements que je lis toujours avec curiosité et en l’occurrence ici avec la même gratitude (ils en disent long souvent sur leurs auteurs et l’écriture)
Sur le féminisme
«comme tous ceux que la servitude a dégradé, les femmes ont fini par se croire faites pour leurs chaînes.» citation de benoîte Groult, page 218.
Sur la guerre
“C’est en voyant ces juifs sortir de chez elle, leur radio couverte de chiffon dans une charrette à bras, qu’il vint à Marina le désir ou plutôt le besoin de se mettre en infraction. (…) Un élan vital. (…) le refus de s’accommoder de la situation. Débuta alors la guerre de Marina. »p111
Sur la politique (malheureuse tellement d’actualité!)
“selon toute vraisemblance, la Russie, continuait de vivre et de rêver. En Belgique, il n’était pas question d’espoir, d’avenir. Il était question de s’y faire.»
« Et puis, la fin du monde eu lieu. Le vendredi 10 mai 1940 (…) Hitler engagea les troupes de la Wehrmacht, sur le front de l’Ouest, Bruxelles fut bombardée. » p93
« Bruxelles, occupée ressemblait à une nef de fous.
Le 17 juin, c’est la France qui se ratatinas. (…) Le 22, l’armistice fut signé.
L’endurance de la France était la dernière jambe à tenir Marina en équilibre. Tant que le géant voisin se rebiffe, il subsiste des raisons d’espérer."
les remerciements en dernière page: « je remercie infiniment Vadim, Jean, Dimitri, Marie-Claude et toutes les personnes qui ont connu Marina et Youri pour les histoires qu’elle m’ont confié. J’espère en avoir fait quelque chose qui ne leur déplaît pas, en dépit des libertés prises avec le réel.
(…) merci à Napo, qui, en commentant le premier, la photo de la tombe de Marina sur Instagram, a généré l’étincelle.
(…) merci à Laurent chalumeau, médecin du texte, dont les diagnostics réussissent l’exploit d’être à la fois gentils et intraitables.»
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