"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il est des livres qui s’adressent à l’esprit et suscitent la réflexion, d’autres qui s’adressent à l’âme. D’autres, enfin au cœur et à la sensibilité .
LA STORIA en fut pour moi l’exemple parfait : un roman profondément humain , généreux, souvent déchirant que j’ai lu le cœur constamment serré ou attendri , en immersion dans la vie des personnages et en empathie totale avec eux .
Un roman fleuve, de peurs et de sang, d’innocence et de damnation, de solidarité et d’amour, où détresse rime avec tendresse, douleur avec douceur. Ce sont tout à la fois les désastres de la guerre, la déportation des Juifs, la lutte pour la survie, et le quotidien des petites joies et des grandes peines, vues au travers des yeux des humiliés et des offensés, toujours relatées avec sobriété, pudeur, dignité, sans recours au pathos.
Comment oublier Ida, frappée sans cesse par « le fouet d’épines de la peur », celle qui incarne l’abnégation et l’esprit de sacrifice ; Useppe, enfant chétif, vulnérable, conscient du haut mal qui, tel un Ogre, le hante et le menace, Useppe et le rapport fusionnel qu’il entretient avec sa chienne Bella, sa confidente, sa gardienne, son bon ange. Comment oublier Nino, joyeux et canaille ; Carlo qui a renié ses origines bourgeoises pour vivre, avec son propre corps " l’infamie de l’expérience ouvrière" ; comment oublier tous les autres, ceux qui ont croisé un jour le chemin de cette mère courage et de ce fils qui lui est né, l’être innocent «issu d'une rencontre absurde provoquée et anéantie par l'Histoire »
Cette fresque met en scène, dans leur odyssée quotidienne pour échapper au danger, trouver un abri, découvrir de quoi manger, se soigner, les vies minuscules de ceux qui n’ont fait que subir sans comprendre, n’ont eu aucune prise sur leur destin, ces innocents qui « entrent dans la ronde de l’horreur ». C’est en somme la « petite histoire », chaude d’une immense humanité, de ceux qui ne laisseront aucune trace au sein de la « Grande Histoire », cette Grande Histoire dont Elsa Morante prend soin de préciser les événements, de façon impersonnelle en tête de chaque chapitre, et dont ils sont les victimes.
Une fresque qui a pour cadre l’Italie, la ville de Rome entre 1941 et 1948 et dont le titre complet traduit en français est : L’HISTOIRE. UN SCANDALE QUI DURE DEPUIS 1000 ANS. Dans la présentation de son livre, Elsa Morante écrivait « Par ce livre, moi, qui suis née en un point d’horreur définitive (c’est-à-dire notre vingtième siècle) j’ai voulu laisser un témoignage documenté de mon expérience directe, la Deuxième Guerre mondiale, en l’exposant comme un échantillon extrême et sanglant de tout le corps historique millénaire ». LA STORIA apparaît ainsi comme un exemple à portée universelle de ce que l’histoire a toujours provoqué.
Requiem pour des vies minuscules, LA STORIA est un ouvrage romanesque, au sens noble du terme, un roman marquant, inoubliable .
Ce livre m'avait bouleversée.
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