"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une enveloppe rouge sur un fond rouge. Sorti de cette enveloppe, un papier blanc sur lequel figure la mention « Pour toi que je déteste », mention qui fait office de titre. Il n’en fallait pas plus pour attirer mon attention. Ce roman écrit par Mireille Mirej et Matt7ieu Radenac est destiné aux adolescents. Il a été publié par les Éditions du Muscadier dans la Collection « Rester vivant » dont l’objectif est de proposer aux préadolescents et aux adolescents des histoires qui leur ressemblent, directement inspirées de leur quotidien et des problématiques de leur génération et du monde dans lequel ils évoluent, afin de les faire réfléchir et d’éveiller leur esprit critique. C’est une ligne éditoriale qui m’intéresse fortement.
Dans Pour toi que je déteste, des adolescents reçoivent de mystérieuses enveloppes rouges contenant chacune une lettre. Les lettres ne sont jamais signées et elles révèlent toutes une colère profonde. Quant aux destinataires, ils ne semblent pas comprendre pourquoi ils se retrouvent avec ces lettres entre les mains. Et pourtant, en découvrant petit à petit quelques bribes de leur quotidien, on comprend qu’eux aussi auraient beaucoup à exprimer…
Le début de ce roman peut être assez déstabilisant. En effet, le lecteur est face à une succession de courts chapitres présentant chacun un adolescent ou une adolescente. Si un fil conducteur est bien présent (la réception des enveloppes rouges), on ne voit en revanche pas immédiatement émerger les personnages principaux. J’ai presque envie de dire qu’il n’y en a pas et que l’adolescent, avec ses difficultés, ses contrariétés mais aussi ses espoirs, est le personnage principal du roman. Il arbore plusieurs visages mais qui disent tous le mal-être qui peut être le sien. Mais ce serait tout de même oublier un peu trop rapidement Léo et Miette qui, plus que les autres, vont avoir un rôle à jouer dans ce roman. Ils forment un duo très sympathique que j’ai pris plaisir à voir évoluer. Une fois les premiers chapitres passés, c’est à leurs côtés que l’on comprend de quoi il retourne exactement, tout en continuant à faire connaissance avec d’autres adolescents. Tout cela se passe dans la première partie, intitulée « Rouge hier ». Quant à la seconde, je n’en dirai rien, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, mais sachez qu’elle m’a également beaucoup plu et surprise. Ce roman est en définitive une belle découverte. Je l’ai trouvé très juste aussi bien dans le ton que dans la thématique abordée. On sent que les auteurs connaissent les adolescents et leur complexité. Il est très riche, peut-être pourrait-on lui reprocher de l’être trop (nombreuses sont en effet les pistes de réflexion engagées) mais c’est dû au concept qui est au cœur même du roman. Il prône des valeurs qui sont essentielles et véhicule un optimisme qu’on a envie de partager. C’est un roman que je n’hésiterai pas à conseiller autour de moi.
« Toi que je déteste » s’adresse avant tout aux préados, ados et jeunes adultes. Tout comme les autres livres de cet éditeur, la collection « Rester vivant » dont font partie, entre autres, « Barjoland », « Je voulais juste être libre », « Les poupées savantes », « Là où tu iras », « Poing levé », « Over Game », ont pour objectifs de stimuler le bon sens et de titiller la réflexion. Leurs auteurs et autrices refusent le prémâché quotidien, le prêt à penser et tous types de formatages. Leurs textes prônent l’ouverture aux autres, aux différences, au vivre ensemble et donc tout simplement à l’humain et à son écosystème. En résumé, des livres à mettre entre toutes les mains.
Avec « Pour toi que je déteste »,sont évoqués les thèmes du mal-être post COVID des ados qui ont du mal à reprendre le chemin du collège, du manque de communication au sein des familles qui crée des situations de renfermement sur soi, du harcèlement scolaire, du handicap physique ou intellectuel ( troubles « dys »), de l’isolement des personnes SDF, ces invisibles qui vivent à la marge de notre société dans l’indifférence la plus totale.
Léo, Miette, Lucas, Robin, Constanza , June et bien d’autres encore sont des ados en colère pour de multiples raisons, ils vont recevoir de façon anonyme une lettre les invitant à mettre des mots sur leur colère et à adresser cette colère, accompagnée de projets concrets à mettre en place afin de l’endiguer, à d’autres ados qu’ils pensent être dans la même colère destructrice. Cela va constituer « une chaîne » qui les aidera à se libérer de cette rage qu’ils avaient du mal à juguler.
Chaque ado de ce roman rencontre un problème différent des autres, ce qui fait que ce livre peut entrer en résonnance avec le vécu de nombre d’ados et les amener à envisager autrement leurs sentiments négatifs afin de transformer leur colère en énergie positive et constructive.
Ce livre prône l’ouverture aux autres et le vivre ensemble.
Ce fût une belle découverte de ce qu’est une littérature jeunesse impliquée et responsable.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !