Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Roman aux multiples facettes que ce « Comment cuire un ours » de Mikael Niemi. Nous sommes dans le Norrland, région la plus septentrionale de Suède, au milieu du XIXe siècle. Nous suivons un duo d’enquêteurs peu commun, un pasteur et son petit protégé, un jeune « sauvageon », un noaidi, lapon d’origine Sami recueilli par l’ecclésiastique. Ils tentent de démêler des affaires criminelles, d’homicides sur jeunes femmes, qui ont ébranlées la communauté.
Une trame policière qui s’estompe parfois, toujours harmonieusement, et alors ce roman se fait historique, social, pastoral, d’apprentissage. Nos héros sont particulièrement attachants comparé à l’édile local, le commissaire Brahe, médiocre, méprisant, qui bâcle les affaires sans investigations. Lars Levi Laestadius, qui a réellement existé, est au contraire une personne très érudite, un religieux à la foi inébranlable, humaniste, qui tente d’éclairer les populations locales, les faire sortir de leur obscurantisme et de leurs croyances ancestrales en leur apportant l’Eveil chrétien.
Homme au grand cœur, il a adopté ce jeune vagabond, Jussi, qui a fui des parents alcooliques, substitution de son fils Lévi parti trop tôt, emporté par la rougeole. Notre pasteur luthérien va inculquer son savoir au jeune homme, écriture, lecture, rhétorique et surtout son sens de l’observation pointu de botaniste averti, qu’il a affuté à sillonner la région à la recherche de plantes de toutes sortes, pour enrichir son herbier. Nos « Sherlock Holmes » à la sauce scandinave, vont user de cette qualité pour dénouer les énigmes.
Dépaysant et captivant que ce récit, qui nous dépeint la pauvreté de ces peuplades nordiques au XIXe siècle, dans un environnement hostile fait de tourbières et marécages où pullulent moustiques et taons, à la belle saison. Belle étude, également, de ces missionnaires religieux, auxquelles on peut reprocher parfois un dogmatisme exacerbé, mais dont on ne niera pas leur rôle dans l’alphabétisation et la socialisation de la population (lutte contre l’alcoolisme, fléau de l’époque). Etude agrémentée de la trame policière qui met en exergue l’approche scientifique des recherches.
Livre lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, que je remercie pour cette belle aventure
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Des idées de lecture pour ce début d'année !
Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !