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Le narrateur avait entre neuf et quinze ans pendant la seconde guerre. Devenu adulte, au gré des souvenirs, sans véritable chronologie, il revient sur cette période sensible qui a engendré tant de douleurs et l'a enfermé dans une solitude infinie. C'est un cri désespéré d'amour à sa mère Eva qui pourtant l'abandonnait régulièrement à ses grands-parents au gré de ses rencontres. Quand il l'accompagnait, il se retrouvait seul, isolé. Son vrai père était parti sur la route et n'avait pas envie de le connaître, il craignait le deuxième mari de sa mère puis celle-ci commit en cette période l'irréparable. Elle l'emmènera vivre aux côtés des officiers et soldats allemands, seuls Français, ils partageront leur quotidien. Il ressentira pourtant une certaine amitié pour le cuisinier ce qui suscitera un sentiment perpétuel de culpabilité. Aujourd'hui encore, il ne comprend pas pourquoi sa mère l'a emmené vivre avec les Allemands. Il décrit parfaitement son incompréhension qui perdure devant les actes et comportements de sa mère et plus généralement des adultes. Il voulait tant qu'on le regarde, qu'on s'occupe de lui, qu'on lui explique. L'enfant se recroquevillera dans sa solitude et dans ses rêves, cherchera dans la lecture ses réponses. Michel Chaillou et son écriture sublime décrivent parfaitement les sentiments de cet enfant, son incompréhension totale qui demeure, sa profonde solitude, ses questions restées en suspens mais aussi la région nantaise où se déroule cette histoire.
En langage équestre je dirais ne pas apprécier la lecture rétive, les phrases en deçà de la main, les livres qui ne se livrent pas… « Domestique chez Montaigne » est de cette race et après essai, je suis allé voir ailleurs : je n’aime pas ce livre qui ne m’aime pas. D’un auteur considérable pourtant : vingt cinq publications ou plus, grand prix de littérature de l’Académie pour l’ensemble de cette œuvre - et d’un auteur déjà abordé au travers du « Matamore ébouriffé » ( Mirabeau) dont j’avais apprécié l’écriture baroque. Il faut croire que du cheval baroque au cheval récalcitrant, il n’y a que quelques pas, que quelques gènes. Sur un sujet attrayant pourtant : l’immense Montaigne dont j’apprécie tant l’esprit « à sauts et à gambades » que j’ai fait de cette expression mon credo littéraire (lecture beaucoup, écriture un peu). Mais non, je me suis égaré dans un style labyrinthique et j’ai abandonné l’idée de m’y enfoncer jusqu’au dernier mot. Au suivant… Zola Jackson de Gilles Leroy : je m’enfonce dans le bayou !
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