"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1980, un train de banlieue est-allemand s’engage vers Berlin-Ouest, permettant l’évasion de 127 personnes vers l’Ouest. Erreur d’aiguillage ? Acte volontaire ? Le journaliste Alexander Landmann s’est penché sur les archives de la Stasi et se persuade qu’un ancien cheminot de la Reichsbahn, patron d’un vidéoclub en décrépitude à Berlin serait à l’origine de cet acte. Hartung. Il vit seul, sa femme – ex-collabo - ? l’a quitté, il ne voit plus sa fille, ses ressources se raréfient…
Quelle serait la grandeur du 30ème anniversaire de la chute du mur en présence d’un héros tout juste sorti de l’ombre et qui témoignerait devant le Bundestag !
De multiples rencontres s’instaurent entre les deux hommes dont la notoriété pourrait faire basculer leur vie.
Dire que le lecteur est dupe, pas vraiment. Cependant, le cheminement de l’histoire ne peut que laisser éveillée sa curiosité, car Maxim Léo rassemble vérité historique et fiction, met en exergue les préjugés toujours vivaces entretenus par les Allemands de l’ouest envers la population de l’est, montre la fragilité de l’humain face au gain ou à la gloire sans oublier d’inclure une aventure amoureuse hors du commun. Mais la lecture serait trop sérieuse si la narration n’était pas astucieusement brodée d’humour. Réunir Lidl et la chute du Mur pour le tournage d’un trail publicitaire, tel que « Il y a trente ans la chute du mur, aujourd’hui la chute des prix » …
Enfin le lecteur s’interroge tout naturellement sur la façon dont se construit l’Histoire et comment il est possible de fabriquer un héros !
Traduit de l’Allemand par Olivier Mannoni, ce roman m’a permis de découvrir le talent du journaliste, scénariste et ici écrivain Maxime Léo. Je recommande cet opus, édité chez Actes Sud, qui à mon avis, n’a pas reçu assez de soutien.
Un récit qui se lit comme un roman. Maxim Leo, journaliste allemand, raconte l'histoire étonnante de sa famille, liée à celle de l'Allemagne de l'Est.
Gerhard, son grand-père maternel, a été un héros avant même d'être un adulte. "À dix-neuf ans, il s'est battu dans la Résistance française, la SS l'a torturé, des partisans l'ont libéré." Très vite il prend fait et cause pour la construction de la RDA, cet État dans lequel "tout était censé aller vers le mieux." Pour lui tous ceux qui ne croient pas en la RDA "louvoient avec la politique". Sa fille, Anne, est dans la droite ligne de son père ; elle a l'impression de vivre un rêve lorsque, âgée de 17 ans, elle obtient une dérogation pour entrer au Parti. "Elle est désormais sûre qu'elle n'aura plus de chagrins d'amour, ni autres problèmes ridicules. Parce qu'elle sera bientôt une camarade." Pour elle, comme pour son père, le Parti c'est la vérité absolue, la sagesse absolue. Anne a 19 ans en 1966. Elle entre comme stagiaire au Berliner Zeitung. Elle va découvrir la liste des sujets à ne pas aborder, les mensonges de la presse en 68 lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie. El le va s'apercevoir qu'à l'université on contrôle même la pureté de la pensée. Et pourtant elle reste fondamentalement fidèle à la Cause ; ses objections ne portent que sur la forme. Elle tombe amoureuse de Wolf, un artiste qui se sent mal en RDA et n'est pas inscrit au Parti... La première rencontre entre Wolf et Gerhard se déroulera dans un climat glacial. Entre Anne et Wolf, amour et querelles iront de pair.
Difficile pour Leo qui écrit cette histoire familiale de comprendre, d'admettre que sa mère, "femme intelligente et réservée, porte encore le deuil de la RDA, vingt ans après la chute du mur de Berlin."
Un livre d'histoire contemporaine tout à fait passionnant et éclairant, écrit dans une langue alerte. Les lecteurs à qui je propose ce livre, tout d'abord réticents, reviennent enthousiastes et l'offrent à leurs amis.
Tout comme "L'Homme qui aimait les chiens" de Leonardo Padura, ce livre décrit, entre autres, ce qui reste pour beaucoup une énigme : comment des personnes intelligentes, douées de jugement, ont-elles pu renoncer à tout sens critique et considérer que le Parti était détenteur de la vérité absolu et donc que toute objection, même mineure, était une déviance intolérable ?
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