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Une virée entre mecs, du côté de Malaga. Une virée pour souffler, mettre le quotidien en veille, en pause, quelques jours. Histoire de.
Pour l'un, se souvenir. Se raconter. A Malaga, quelques années auparavant, Farid avait monté un coup. Un putain de coup.
Pour l'autre, recueillir ces souvenirs. Les noter en vrac, ne plus pouvoir les relire. Raccrocher les wagons avec deux bouts de ficelle.
Il est cramé, Matthieu. La vie a foutu le camp, une ex-femme, une petite fille d'une autre femme, et des retours de joints, de cocaïne... Comme avant. Comme à vingt ans.
Son métier l'emmerde, le journalisme c'était qu'un temps, le temps de voir venir. D'écrire un roman et de se raconter une autre histoire.
Alors il décide de raconter son pote Farid. Les Go Fast et les combines de derrière les barreaux. Ça sent bon les trajectoires qui dévient, les envies de sorties d'usines, enfin de ne surtout pas y entrer. L'argent crade d'accord, mais pas facile. Pas facile d'échapper aux condés. de pas flipper, quand tu regardes tes gosses derrière le plexi d'un parloir...
Il tranche dans le vif, Matthieu Luzak. le rythme est soutenu, à la manière d'un lyrics de rap, comme prévient la quatrième de couv'.
Ne pas se froisser des termes en verlan, en argot, en arabe. Ne pas ergoter sur le vocabulaire, puisqu'elle est là, la vérité, dans ce quotidien. Dans cette société qui se caricaturise, se dandine précieuse ridicule. Ce qui est rassurant, c'est de constater que la même merde finit dans les narines des banlieues comme dans les narines des banlieues chics.
Un livre qui me sort, sans ménagement, de ma zone de confort.
Et j'avoue avoir apprécié les pages sur le "coup" du pote Farid.
Moins leur routine de vacances, entre le joint, la bière et la C.
Peut-être pas un livre pour moi.
Mais un bon livre qui mérite amplement de trouver son public.
Contemporain, vif, « poudre blanche Sable d’or » est le papier calque des diktats sociétaux, des mouvances intestines. Un sablier qui va se retourner immanquablement. Matthieu Luzac est un auteur sensible et franc. On ressent une grande part d’autobiographie dans ce premier roman réussi. Elle est cachée dans les lagunes des lignes rebelles, citadines, sociologiques. L’écriture est empreinte d’une fraternité loyale. L’amitié avant tout ! Deux hommes, un journaliste anti-héros à l’instar de « Mes amis » de Bove. Un travail non prometteur, une vie de couple bancale. Une fille qu’il ne voit que très peu. Sa vie est lisse et dans un même tempo, abreuvée aux petites combines, à la drogue (un peu beaucoup passionnément) au pas de côté qui insiste à la déroute. Son ami sort de prison, enivré d’espace en advenir, l’esprit brouillé par le sombre de ses jours passés dans l’enfermement. Ils décident d’aller à Malaga prendre de la distance et se prouver que tout est possible encore. Le périple sceau est exutoire. Leurs existences écueils sont dévoilées, retour dans le passé, case noire, l’as de pique. La poudre blanche est le fil rouge des épreuves, des dépendances. Le point d’appui des chutes incontrôlables. Le récit est un saut dans la flaque d’une urbanité vacillante. Deux hommes blessés, oiseaux de nuit, se prouver à Malaga qu’ils seront anonymes, sans attaches mentales. Peut-on revenir vers le lieu où l’on s’est égaré il y a quelques années ? Poudre blanche, raconter ce qui se cache sous le ciel trompeur, les êtres noctambules, proies de leurs remords. Ombres omniprésentes, fébriles encore, à portée du risque majeur. Écrire dans l’après, le livre qui atténue les braises. Approuver l’heure diapason des résiliences et des renaissances. Dire les faits, immersion possible d’authenticité criante de vérité. Ce livre est un signal. La concorde entre ses hommes liés par les turbulences intestines, les compromis face à soi-même. Délivrer un roman qui croise la route du narrateur. Le confondre et se dire qu’ici rayonne les réalités parfois rudes et tristes. Ce livre est la rédemption et bien au-delà le liant des renaissances. Brillant. Publié par les majeures Éditions La Manufacture des livres.
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