Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Masanobu Fukuoka, le célèbre fermier philosophe japonais, nous propose dans cet ouvrage de réunifier Dieu, la nature et l’homme. Encore faut-il bien définir ce qu’est Dieu, ce qu’est la nature et ce qu’est l’homme. Si l’homme ne se sauve pas lui-même en s’efforçant d’arrêter d’abimer la nature, personne ne le fera à sa place… Fort du succès de son livre « La révolution d’un seul brin de paille », il donne des interviews, des conférences et est invité un peu partout. « C’est une chose merveilleuse d’être tout simplement vivant », dit-il dans l’une d’elles. Il visite les Etats-Unis deux fois autant sur la côte est que sur la côte ouest. Pour lui, la Californie est en passe de devenir un désert alors que le Japon qui jouit d’une exposition géographique et d’une roche-mère semblables, profite encore d’un climat tempéré et de quatre véritables saisons et ne redoute pas une élévation exponentielle des températures en raison d’une agriculture plus traditionnelle. Il voit les causes du phénomène dans l’élevage extensif des débuts qui a commencé par appauvrir les sols, puis dans la monoculture avec engrais chimiques et pesticides qui a achevé de les stériliser. Il constate ensuite des faits semblables en Europe où il rencontre un succès d’estime alors qu’il se déplace partout simplement vêtu de l’habit traditionnel du paysan japonais avec socques de bois aux pieds…
« La voie du retour à la nature » est un essai composé de nombreuses parties. On y trouve deux introductions une pour l’édition européenne et une autre pour la japonaise. En plus d’interviews et de compte-rendus de ses visites aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique (où il tentera d’appliquer ses méthodes en Somalie), le lecteur trouvera des chapitres sur certains problèmes spécifiques comme la rouille des pins japonais en raison de la disparition d’un champignon mykhoryse indispensable à la survie de l’arbre, ou une présentation succincte de son procédé qui va bien au-delà du simple bio et même de la fameuse permaculture. Fukuoka ne laboure jamais. Il se contente de semer à la volée du trèfle, puis de l’orge, puis du riz et laisse la nature faire. Il est même persuadé qu’il est possible de venir à bout de la désertification et de la stérilisation des terrains en semant massivement pour que tout finisse peu à peu par reverdir. Cette agriculture naturelle est en fait un retour aux sources, un laisser-faire de la nature et un non-interventionnisme de l’homme. Il est persuadé que les méthodes modernes de culture sont particulièrement nocives et ne mèneront qu’à la catastrophe sous toutes les latitudes. Il n’a qu’un regret : ne pas avoir été suffisamment entendu, ne pas avoir vraiment eu de disciples. Il compare les attitudes des Occidentaux et celles des Japonais trouvant ceux-ci nettement moins coopératifs que ceux-là ! Livre intéressant surtout pour son aspect pratique plus que pour ses aspects philosophiques et ses développements très personnels sur Dieu, la nature et l’homme.
Pour Fukuoka, l'agriculture naturelle ne nécessite que très peu de travail, ne provoque aucune pollution et maintient les terres éternellement fertiles. Le paysan ne doit recourir à aucune machine agricole moderne et même pas à la traction animale. Son seul principe : suivre et respecter la nature car seule la nature est parfaite et rien ne peut égaler ses rendements. Pas de labourage. Pas de fertilisant. Pas de sarclage. Et pas de pesticides. Il oppose cette agriculture naturelle à l'agriculture scientifique et lui trouve même des rendements supérieurs. Elle garantit un véritable revenu au paysan et lui permet de répondre à tous ses besoins à condition qu'il sache se contenter des produits de saison bien entendu. Et pour cela, point n'est besoin de champs immenses, d'exploitations de plus en plus énormes qui, après avoir nourri de moins en moins de monde, en sont à ruiner purement et simplement le monde agricole. L'agriculture scientifique, n'étant qu'une déformation voire qu'un viol de la nature, ne peut être qu'inefficace et imparfaite.
« L'agriculture naturelle » est un véritable traité d'agronomie appliquée moins facile d'abord que la « Révolution d'un seul seul brin de paille », plus anecdotique et moins radical. D'une lecture un peu aride, ce livre laisse le lecteur intéressé par les questions agricoles on ne peut plus songeur. Aurait-on fait fausse route pendant toutes ces décennies de « modernisation » de l'agriculture ? Fukuoka aurait-il retrouvé à la fois la voie de la sagesse, le salut des agriculteurs et le moyen de nourrir la planète sans la ravager ? Même s'il est proche de démarches comme celles de la permaculture ou de la biodynamie, il en diffère par bien des côtés. Sa démarche est holistique, philosophique et très inspiré du bouddhisme zen. C'est même tout un mode de vie qu'il propose. Quand on sait qu'il a pratiqué avec grand succès toutes les méthodes qu'il préconise pendant de nombreuses années, on ne peut qu'être interpellé. De nombreux schémas illustrent une pensée claire et cohérente, très en avance sur son époque car basée sur l'observation et sur une sagesse très ancienne. Un livre majeur à conseiller même s'il demande un peu d'attention et reste très cantonné sur la culture du riz, de l'orge et de divers fruits et légumes japonais inconnus chez nous. La démarche est néanmoins transférable partout...
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !