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Martín Caparrós, auteur argentin que je découvre, m'a entraîné dans une histoire compliquée mêlant le football, le tango, la misère et une enquête policière avec une presse puissante et omniprésente, toujours capable de faire ou de défaire les réputations, à Buenos Aires, en 1933.
Tout pour la patrie se passe donc dans l'Argentine des années 1930 alors qu'en Europe Hitler arrive au pouvoir et que se prépare la pire catastrophe du XXe siècle. Andrés Rivarola, jeune homme doué pour l'écriture, raconte ses déboires, ses découvertes, ses amours. Alors qu'il tente simplement de rendre service à son ami qui joue les dealers de drogue, le Moineau Ayala, il se retrouve au coeur d'une affaire très grave : convaincre le meilleur footballeur du pays, Bernabé Ferreyra, de revenir jouer à River Plate, le grand club de la capitale, alors qu'il a disparu brusquement. Ce joueur a réellement existé et il a marqué beaucoup de buts au début du professionnalisme dans le football argentin.
Dans cette histoire allant cahin-caha sur les pas d'Andrés Rivarola l'auteur montre bien l'importance du racisme, la montée de l'exclusion dans un pays en proie au chômage, à la crise économique. Il est facile alors d'accuser les socialistes, les anarchistes, les juifs, ceux qui viennent d'immigrer. Le pays est riche et pourtant la misère grandit.
De temps à autre, Andrés m'a fait profiter de ses textes, de ses essais de paroles pour des tangos qui lui permettent d'évacuer son stress, de dire ce qu'il pense et de guérir son mal-être.
Nous sommes en février et règne là-bas une chaleur accablante. La belle Mercedes Olavieta (28 ans) a été retrouvée égorgée chez elle et son père accuse les anarchistes, lance des appels pathétiques au patriotisme. Il attise la haine et les partis et groupuscules d'extrême-droite le suivent.
Impossible d'en dire plus sur une histoire qui devrait avoir une suite mais je dois souligner l'originalité de l'auteur pour mener ses dialogues. Cela m'a surpris au début puis je m'y suis habitué. Un petit exemple :
« -Voici mon jeune ami Adolfo Bioy.
- Andrés Rivarola, Jorge Luis Borges.
Dit Raquel, et nous échangeons des ravis de vous connaître. »
Au passage, je constate que Raquel nous présente la fine fleur de la littérature argentine en devenir mais l'auteur ne les décrit pas sous un jour très flatteur…
Quoique un peu longue, j'ai apprécié cette lecture dépaysante, reflet parlant d'une époque qui trouve un écho dans la période que nous vivons. Je remercie Babelio (Masse critique) et les éditions Buchet/Chastel pour cette découverte et je salue l'excellent travail de la traductrice, Aline Valesco. Cette histoire devrait avoir une suite, comme je l'ai dit plus haut, mais j'ai tout de même été surpris en lisant À suivre… à la fin du livre.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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