"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Thomas Debord est professeur de français en collège ZEP. Ecoeuré par la société moderne, il en a assez de faire parti de l’engrenage servant à former des moutons. Les manifs, les grèves ne servant à rien, il ne veut pas devenir un de ces profs résignés qui finissent par plier le dos. Ce qu’il veut c’est qu’on l’écoute enfin et la seule solution qu’il trouve est d’arriver en classe un matin armé d’un flingue et de prendre en otages 11 de ses élèves.
***
Un livre écrit par William Lafleur lui-même professeur et connu pour son site sur internet sous le pseudo de Monsieur le Prof. Tout comme ses articles, son livre se lit très facilement, l’écriture, les dialogues sont très fluides.
L’auteur nous fait passer côté prof avec son discours, ses pensées, ses aspirations, côté élèves, côté journalistes/médias, négociateur ainsi que l’aspect réseaux sociaux.
J’ai bien aimé le clin d’œil à un des épisodes de la série Black Mirror.
Le côté idéaliste du personnage du professeur a un côté attendrissant mais il fait pitié aussi. Bien sûr qu’il n’a pas tort pour une grande partie de ce qu’il pense mais persuadé que son action mènera à ce qu’il souhaite, il se lance dans une action qui va finir par lui échapper alors qu’il croyait avoir les clés en main.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2019/03/29/37217459.html
C’est l’histoire d’un mec qui prend une classe en otage. C’est l’histoire d’un prof qui pète une durite contre le système et tente de faire entendre sa voix dans la masse. C’est une voix qui s’élève contre la médiocrité ambiante, l’éducation nationale, le monde politique, le consumérisme, le sensationnalisme, les querelles d’intérêt et j’en passe.
Honnêtement, j’ai lu ce livre quasiment d’une traite. Non parce qu’il est bien écrit, ça souffre un peu de redite et il n’est pas écrit de manière recherchée, mais parce que les échanges autour d’un grand évènement étaient exposés de manière réelle, où les suppositions, les accusations, les mono-dialogues, les faux débats, vont bon train et n’avancent à rien. Chacun restant sur ses positions.
Etait bien abordé aussi, le métier journalistique et ses erreurs. Tant dans les discours que dans la manière de faire, que ça soit dans la recherche de l’image, du témoignage qui tue ou encore la déformation et répétition des faits.
Outre ceci, j’avoue que je partage aussi quelques idées de ce prof malheureux. Le sensationnalisme, le consumérisme, le clash, le conformisme, l’abandon des profs (que je ne suis pas), ont en effet de quoi débecter tout être pensant. Et j’ai trouvé d’ailleurs ces sujets plutôt bien abordés quoi que de manière rapide.
Néanmoins, je ne marche pas entièrement avec ce livre parce que niveau facilité, ça se pose là. En effet ce livre, c’est un fait divers retranscrit sans analyse, qui se contente de répéter ce qu’on entend ou lit à longueur de journée dans des journaux en pilotage automatique. Et là en l’occurrence dans les journaux de gauche et du monde des bisounours. Ca va accuser le manque de moyen dans l’éducation nationale oubliant que les élèves et les parents sont autant responsables de l’éducation ; ça va jouer sur le pathos avec la victimisation des jeunes de banlieues et le manque de mixité sociale ; ça va jouer encore sur la fachosphère parce que comprendre ces gens ce n’est visiblement pas possible ; ça va jouer sur les brimades qui feraient plus de mal que de bien ; ça va jouer sur bien d’autres choses, mais en résumé, ça joue beaucoup sur des clichés et tout ça ne va guère plus loin dans le raisonnement. Ca raconte et c’est tout. Et pour bien faire cliché, on parle d’un évènement dans une ZEP (passe encore même si ailleurs il y a des problèmes) en banlieue parisienne, parce que visiblement il n’y a qu’en banlieue et à Paris qu’il y a des problèmes. La France périphérique, des campagnes, connaissent pas. Elle est absente des débats et donc de l’actualité.
Alors je ne dis pas qu’il n’y a pas des ouvertures vers le camp d’en face, mais c’est tellement timide ou tellement pour leur rentrer dans le lard, que ça devient comique.
En clair. J’ai apprécié ce livre pour son exposition du fait divers, mais je l’aurais plus apprécié s’il avait été un peu plus loin dans le raisonnement, s’il ne s’était pas que contenté d’accuser et de victimiser, s’il avait un peu mieux réparti les rôles, s’il avait donné raison et tort à tout le monde. Les auteurs ont bien décrit le fonctionnement du buzz, mis en avant l’immobilisme politique, les débats stériles, les sempiternelles discours, mais ça ne va pas plus loin, hélas... Et j'ai connu des romans qui vont plus loin dans les choses. Des livres comme ça vous en avez 10 par jours en réalité. Sur ce sujet ou sur un autre. A la télé ou sur internet. Ma note 2,5/5. Il est à lire, mais à part deux trois petites choses pas mal du tout, il ne faut pas s'attendre à grand chose.
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