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« Un Rubik’s Cube sérieusement mélangé ».
Poignant premier roman pour une jeune femme donc l’enfance a été ‘’floutée’’ par un père en silencieuse souffrance. Elle s’est emparée de thèmes certes connus et épistolairement nombreux, mais elle m’a happée par une écriture structurée et une juste mesure prise avec l’histoire de sa famille.
Marie De Lattre avait quatre grands-parents du côté de Jacques, son père. Les vrais et les adoptifs. Quatre prénoms aux consonances différentes : Frida, Kogan, Madeleine et Pierre. Au bout de quelques temps elle a ressenti le besoin de s’emparer de cette filiation, de rompre un silence devenu trop lourd pour elle aussi. Il a fallu qu’elle se lance dans une authentique enquête jusqu’à trahir des secrets.
Le mal était palpable et son père n’avait pas tout connu, tout su de sa propre histoire familiale. Le manque était étourdissant pour lui, puis l’ai devenu tout autant pour l’autrice.
Elle retourne jusqu’à ses six ans, lorsqu’elle vivait à Paris dans le 14ème arrondissement. Elle avancera ensuite de lieu en lieu, essayant de rompre les silences et les interdits sous-jacents. Elle vivra intensément certaines découvertes à l’image du bouleversement vécu lorsqu’elle a entendu le chœur des hommes chantant le Kaddish.
L’autrice vit les choses à fleur de peau, sait les transcrire sans larmoiement, comme si elle n’était qu’une observatrice. J’en ai cependant palpé tout le côté saisissant et déchirant, toute la tragédie pour une fille dont les deux générations précédentes ont tant souffert. La première génération a souffert physiquement - déportation, pas de tombe -, la seconde car elle s’est sentie trahie de ne pas savoir, en état de manque permanent mais sans savoir de quoi.
L’équilibre psychique de l’autrice, si j’ose porter un jugement, lui a permis de sortir de ce puit noir et de donner à ses filles, sa famille, une stabilité et des racines. Comme le disent certains grands et anciens psychologues, ‘’il faut que la 3ème génération sorte du problème familial. Qu’elle le résolve pour que la spirale infernale soit interrompue’’. En repensant à cela, je me suis dit que Marie De Lattre avait su le faire. En la lisant j’ai pu le partager avec elle, mesurer son chemin et l’admirer.
Citations :
« L’écriture de ses pages fut longue. Elle a cheminé en moi pendant deux décennies. … Aujourd’hui’hui j’en sais davantage que lui ( elle parle de son père) sur sa propre histoire. Je suis la mémoire de son enfance. »
« Je devinai, sans même le regarder, la tête basse de mon père, ses larmes dans son assiette, et je sus que c’était aussi ces absents-là qu’il pleurait, et qu’avec la mort de Pierre ils étaient revenus l’habiter. »
« Nous étions sa famille, mais une famille bricolée, imposée par l’histoire et entérinée avec les années. »
« J’ai trois prénoms, Marie, Madeleine, Frida. Un qui dissimule. Un qui protège. Un qui révèle. »
« Alors Julien m’a prise dans ses bras et m’a portée pour que les touche. Il m’a soulevée sans un mot et il a fait le pont entre mes morts et moi. J’ai retiré mon gant et j’ai pu toucher la pierre, le creux de leurs noms gravés dedans. C’était avant la naissance de mes filles. Mais j’ai su à ce moment-là, avec gratitude, que nous serions une famille. Et qu’avec nous, à travers nos enfants, éclateraient à nouveaux leurs voix. »
« de Lattre » n’est pas le nom de famille de naissance de Jacques, le père de Marie. Ses parents ayant été assassinés à Auschwitz, il sera adopté par un certain Pierre de Lattre qui lui donnera son nom.
Derrière ce nom de famille bien français, aristocratique, se cachent donc beaucoup de secrets, de dissimulations, comme ces multiples trappes et cachettes qui parsèment l’appartement où elle grandit. Les origines, la religion sont des sujets tabous, évoqués avec parcimonie dans la chape de silence dans laquelle la famille évolue.
Et puis, comme avec les matriochkas, il y a le secret dans le secret, une double d’histoire d’amour assez incroyable. Les grands-parents de Marie de Lattre se nommaient Ismak (souvent appelé par son nom de famille) et Frieda Kogan. Tous deux étaient juifs et son grand-père était peintre et sculpteur tandis que sa grand-mère tenait une pension de famille. Mais derrière l’histoire officielle se cachait une double histoire officieuse :une liaison durant quinze ans et un coup de foudre en pleine occupation en 1942… Deux histoires d’amour aussi intenses qu’improbables entre des Juifs étrangers et bohème et des membres de la bonne bourgeoisie française et chrétienne qui convergeront vers un autre type d’union, formée autour de Jacques.
« La promesse » est un beau livre, riche et émouvant. Il y a beaucoup d’amour dans ce récit, mais aussi de réflexions sur l’héritage et l’atavisme : que peut-on transmettre quand son identité a été en partie détruite, en partie dissimulée sous des apparences aussi trompeuses que protectrices ?
Ce roman autobiographique m’a fait davantage penser à un témoignage. L’écriture est simple. Le livre se lit rapidement. C’est plus l’histoire racontée par Marie de Lattre que le style qui m’a touchée.
Elle raconte son enfance auprès de ce père taiseux, mystérieux. A ses 13 ans, Jacques, son père, lui dévoile l’histoire familiale. Il lui révèle une partie des secrets qui le rongent. De Lattre n’est pas son vrai nom. Pierre et Madeleine de Lattre l’ont adopté. Ses parents biologiques, Frieda et Kogan, sont morts, déportés dans un camp en 1943.
Marie de Lattre raconte les « bizarreries » de son père, qui s’éclairent plus tard, notamment les nombreuses cachettes dans la maison pour y mettre les bijoux et les documents importants qui reflètent la peur de la spoliation.
Elle hérite de lettres dans lesquelles elle découvre que ses parents formaient un tout autre couple. Frieda était amoureuse de Pierre, et Kogan de Madeleine. Ses grands-parents De Lattre ont fait la promesse à Frieda et Kogan de s’occuper de leur fils, Jacques. Elle entame des recherches et fait encore d’autres découvertes. De nombreuses questions surgissent dans l’esprit de Marie de Lattre. Elle les livre au lecteur qui suit son cheminement.
Près de six millions de Juifs ont été exterminés par l'Allemagne nazie durant le second conflit mondial.
En leur offrant un nom et une individualité la littérature les a extrait de cette masse anonyme.
Avec « La Promesse », Marie de Lattre participe à sa manière à les sortir de l'obscurité.
L'autrice-narratrice a 13 ans lorsque Jacques, son père, lui annonce que Pierre et Madeleine sont ses parents adoptifs. Ses « vrais parents », Frida et Kogan, ont été assassinés à Auschwitz. Après cette révélation, il lui enjoint de se taire.
Marie a pour deuxième prénom Madeleine, « celui qui protège » et pour troisième Frida, « celui qui révèle, qui trahit les origines ». Avec ces deux prénoms dont elle a hérité, écrire l'histoire de ses ancêtres était une évidence. Au risque de trahir la promesse arrachée par son géniteur.
C'est dans des lettres qu'elle découvre le « secret caché dans le secret » : la passion entre Kogan et Madeleine et celle entre Frida et Pierre.
Ce qui fait la singularité du récit est le sacrifice qu'ont fait Madeleine et Pierre pour offrir à l'orphelin une famille de substitution. En mémoire de leurs amants disparus.
EXTRAITS
Les enfants perdus font souvent, à leur tour, des enfants perdus.
Je suis la mémoire de son enfance.
Mes filles sauront d'où elles viennent sans en porter le poids.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-la-promesse-marie-de-lattre-robert-laffont/
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