"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Faux pas, Felsteg dans la version originale parue en 2018, a été publié en 2019 par les éditions Denoël en 2019, puis en avril 2021 par les éditions J'ai Lu pour la version poche. Le style de Paria Adolfsson est soigné jusque dans les détails: "Elle se tourne, dos au soleil, et contemple la plage. Une bande de mouettes rieuses s'affaire en hurlant autour de quelques sacs-poubelles mal noués qui n'ont pas trouvé de place dans les bacs à ordures installés pour l'occasion. Un peu plus loin elle aperçoit un autre gros sac." (Page 17).
Construction: tout est raconté au présent, y compris les flash-backs, du point de vue de Karen qui nous livre ses investigations, sa vie privée, ses ressentis, ses pensées.
Le film se déroule au fil des mots qui tissent la toile de l'intrigue minutieusement, détail après détail, comme une caméra qui filmerait très lentement: "La porte de la chambre 507 émet un petit claquement en se refermant. Karen longe le couloir, foulant de ses pieds nus la moelleuse moquette rouge. Arrivée dans l'ascenseur, elle enfonce le bouton rez-de-chaussée. Les temps battantes, elle enfile péniblement ses baskets, son index faisant office de chausse-pied. A peine a-t-elle terminé qu'un tintement annonce l'ouverture de la porte." (Page 15)...
Septembre. Lendemain de la fête de l'huître. Karen se réveille dans une chambre d'hôtel avec une gueule de bois carabinée, aux côtés de.....Jounas Smeed, son chef détesté!!! Aucune idée de comment elle est arrivée ici, ni dans quelles circonstances. Finalement, elle se dit qu'elle préfère ne pas savoir.
A peine a-t-elle le temps d'émerger des brumes alcoolisées que le commissaire général Viggo Haugen lui confie l'enquête sur l'assassinat de Suzanne Smeed, l'ex-épouse de Jounas, celui-ci ne pouvant évidemment ni la diriger, ni rester chef du service pendant la durée des investigations.
D'après les premières constatations, il a été établi que le crime s'est produit entre huit heures, moment où Karen l'a aperçue en rentrant chez elle, et midi. Harald Steen, un voisin, a donné l'alerte après avoir vu Suzanne allongée dans sa cuisine. Qui a bien pu entrer chez Suzanne et la tuer sans se faire repérer par les voisins? Tout le monde n'était quand même pas couché à cuver son vin...
Circonstances troublantes: le fourneau était allumé au point de risquer de mettre le feu à la maison. Cambriolage qui a mal tourné? Dans ce cas, pourquoi n'avoir pas pris l'argent qui se trouvait dans une boîte à thé et s'être contenté de prendre ce qui se trouvait dans son portefeuille?
Evidemment, l'ex-mari est le premier suspect...Sans que personne ne se doute que Karen constitue son alibi, au moins jusqu'à sept heures vingt. Mais qu'a-t-il fait après le départ de sa collègue? Et pourquoi retrouve-t-on ses empreintes partout dans la maison de Suzanne si, comme il l'affirme, ils ne s'entendaient pas et se voyaient rarement?
Convaincue que la clef de l'énigme repose sur la personnalité et la vie de la victime, Karen fouille dans son passé, écoute les divers témoignages de ceux qui la connaissaient, remonte la piste loin dans le passé, jusqu'à l'histoire de ses parents et de la communauté hippie qu'ils ont fondée à Langevik en 1970. Le crime aurait-il un lien avec les événements qui s'y sont déroulés quarante ans plus tôt?
Je trouve astucieux cette façon de construire une intrigue la plus réaliste possible, concernant les procédures d'investigation criminelle, ancrée dans un environnement culturel familier à l'auteur, avec des personnages et des lieux fictifs. Le côté romanesque étant préservé tout en assurant un réalisme très crédible, quasi indispensable si l'on veut inventer une histoire policière qui tienne la route( par exemple en précisant l'organisation de la police nationale de la République du Doggerland).
Le +: une intrigue pas si simple qu'elle pourrait le paraître au début, plongeant bientôt dans un passé lointain que l'inspectrice, sûre d'avoir raison, devra reconstituer, malgré le scepticisme de sa hiérarchie.
Un roman policier bien construit, original avec ce postulat de départ: le fait que Karen se réveille dans une chambre d'hôtel avec une gueule de bois carabinée, aux côtés de.....Jounas Smeed, son chef détesté, tandis que son ex-femme Suzanne est assassinée, l'écartant d'emblée des investigations. Le côté psychologique n'échappant pas à Karen qui doit marcher sur des œufs si elle veut boucler son enquête et démasquer le criminel.
Au lendemain de la fête de l’huître « Oistra » dans les îles du Doggerland, l’inspectrice Karen Eiken Hornby se réveille dans une chambre d’hôtel et découvre que son boss partage son lit. Malgré une gueule de bois phénoménale, Karen se positionne sur une nouvelle affaire. Une femme vient d’être retrouvée assassinée chez elle. L’affaire se corse quand on apprend que la victime est en fait l’ex-femme du boss. Karen est aux premières loges puisqu’elle fait parie de la petite communauté que forment les insulaires. L’inspectrice Eiken est une femme suffisamment forte pour travailler dans un milieu masculin avec des collègues machistes sans que cela ne la perturbe plus que cela ne l’agace. On sent en elle une vulnérabilité latente du à un passé que l’on découvre petit à petit dans ce premier tome.
L’auteur a choisi un lieu mythique appelé le Doggerland, un vaste étendu d’îles qui se trouvait sur la Mer du Nord, entre l’Angleterre et le Danemark. En plaçant son intrigue sur cette île imaginaire, froide, battue par les vents, elle nous assure une ambiance frissonnante entre huis clos et communautarisme avec une mentalité bien particulière. Il y a aussi une double temporalité qui nous ramène dans les années 1970 à l’époque des hippies et du « retour à la terre ». Plus on avance et mieux on comprend le lien ente ces deux périodes mais jamais je n’aurai pu deviner le twist final qui est excellent. J’ai apprécié ma lecture de ce thriller scandinave dans son ensemble, cependant la lenteur du rythme et la profusion des détails m’ont un peu agacée. Puis j’ai appris que ce premier tome faisait partie d’une trilogie et j’ai mieux compris pourquoi l’auteur a ressenti le besoin de nous présenter les personnages et les lieux précisément. J’ai hâte de découvrir la suite et je vous souhaite une bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/09/21/37644099.html
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