"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pas mal du tout cette enquête en pays nordiste. Le contexte me rappelle pas mal de livres ou de films se passant dans des usines textiles -ou autres- dans des villes qui n'ont longtemps vécu que par cette activité. Lorsque celle-ci a décliné, les emplois ont suivi la même courbe et beaucoup de familles se sont retrouvées dans des situations difficiles. Lucienne Cluytens rend bien l'atmosphère, elle décrit le monde ouvrier, le travail dur et bien fait, les heurts et la mésentente quasi éternelle entre patronat et salariés, la toute puissance déclinante des familles d'industriels qui faisaient office de "pères et mères" pour les employés et les familles de la ville. C'est donc dans ce contexte particulièrement bien campé qu'a lieu le premier meurtre. Il verra aussi la naissance d'une idylle entre Pauline, styliste intérimaire et Martial, le mécanicien qui arrive de la Guadeloupe pour un contrat de 6 mois, qui devient, par hasard, et avant l'assassinat, l'ami de Marc Flahaut, le flic. Le décor planté, l'enquête peut débuter. Pas forcément ébouriffante (c'est un polar pas un thriller, et tant mieux !), elle tient cependant largement jusqu'au bout, et personnellement si j'ai découvert deux ou trois petites choses au cours de ma lecture qui me semblaient importantes, j'ai suivi la résolution de l'intrigue avec beaucoup de plaisir et d'envie de connaître les détails. On pourrait la croire un peu pépère cette enquête, ça ne tire pas dans tous les coins (dans tous les sens du terme si je puis me permettre, ni violence ni sexe, enfin si, mais suggéré, pas décrits par le menu), ça ne va pas à deux cents à l'heure, même si Marc Flahaut et Martial sont motards, mais la touche japonaise "exotise" le polar et lui fait prendre des chemins pas habituels. Et puis, le lecteur, s'il est un peu perspicace repère ici ou là, des indices semés dans les pages qui serviront à l'explication finale.
Rythme pas effréné donc, juste ce qu'il faut pour tenir les lecteurs, style "lâché" entre langage oral, familier notamment dans les nombreux dialogues et écriture simple et directe dans le reste du texte. Un roman policier à mettre entre toutes les mains et sous tous les yeux qui devrait ravir la grande majorité des propriétaires de ces mains et de ces yeux. Il débute comme ceci :
"D'un geste nerveux, Liliane Barré claque la portière de son petit coupé Audi rouge. Elle est mal garée, mais en fin d'après-midi, surtout aux beaux jours, il n'y a jamais de place avenue Le Nôtre : les Roubaisiens profitent un maximum du parc Barbieux, situé en plein cœur de la ville. Indifférente aux arbres majestueux et d'essences rares, pourtant au plus beau de leur floraison de printemps, elle accélère le pas, ses hauts talons martelant le bitume, jusqu'à la grille de la propriété de sa tante." (p.11)
Une découverte pour moi des éditions Krakoen sises à Roubaix (quoiqu'avec un nom de consonnance bretonnante) qui me laisse augurer d'autres lectures fort intéressantes et distrayantes.
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