"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre étrange, une femme qui fuit sa vie, son corps qui s'enfuit et qui laisse tout.
Elle va partir a la quête d'elle même en observant tout ce qui l'entoure. elle transmet a travers ces lignes son mal être qui passera par ses rêves et sa conception de la journée .
Tout sera confus, ses pensées, ses regards, son ressenti toujours plus faible et plus douloureux.
Une lecture que j'ai abandonné malgré le texte, comme une poésie, racontant la beauté du monde.
Trop de douleur transperce a travers ces lignes qui suscite un malaise inconfortable a ma lecture.
« Délaissant les grands axes, j'ai pris la contre-allée. Je suis emporté. Transporté. » Alain Bashung, Aucun express.
C'est ce que fait le personnage central de ce récit très singulier. Elle a pris la contre-allée. Elle fuit. Comme une échappatoire à une vie de couple devenue oppressante par ses non-dits, par le vide entre les corps. Elle est submergée par l'angoisse et la violence de la perte de sens au point de sombrer dans une forme de dépression et de dépersonnalisation. Elle n'a même pas de prénom. Tout le roman est le récit de cette fuite pour se reconnecter au monde et à soi, un réveil même au contact de la nature dans laquelle elle s'enfonce au plus profond, loi de tout.
« Des visions abrasives peuplent ses nuits, bientôt elle n'aura plus de peau pour cacher les nerfs et les tendons, poncée couche par couche, et le goût du sel sur ses lèvres ne disparaît pas. Chaque matin la trouve plus fine que la veille, pourtant ses poumons, qui confisquent le peu d'oxygène de l'espace réduit où elle se confine, s'élargissent à toutes les cavités du corps. »
« Elle s'imagine comme une termitière abandonnée parcourue de longs couloirs vides ou un fruit piqué dont les deux minuscules trous de vers qui percent la peau ne présagent qu'à peine le désastreux labyrinthe intérieur où la larve a grandi avant d'éclore et de s'envoler. »
Ce qui frappe à la lecture de ce roman, c'est sa remarquable audace formelle. J'ai rarement lu un écriture aussi sensorielle et organique mettant à le corps et ses sensations au centre de tout. La langue épouse la psychologie du personnage et rend compte de ses moindres évolutions. Les mots ont des antennes qui captent chaque vibration, chaque souffle, chaque tressaillement. On sent l'effort de la femme pour s'extraire de sa douleur. On sent la terreur qui revient à travers des phrases syncopées, sans ponctuation et avec moults espaces. Puis l'apaisement qui vient avec des phrases lumineuses emplies de nature.
L'Arrachée-belle ( quel superbe titre ) laisse beaucoup de place à l'imaginaire du lecteur. J'ai aimé perdre pied dans le flou poreux mêlant réel, visions, cauchemars et rêves, sans parvenir à les différencier. J'ai été touchée par cette nature décrite comme un refuge, par cette animalité retrouvée voire cette végétalité révélée qui rassurent et permettent de se réinventer ailleurs. Un roman impressionniste aux sensations multiples, entre effroi et poésie.
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