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Bertrand Santini, comme de nombreux auteurs, s’empare de la figure du Monstre et de ses nombreuses failles. Ici, il s’amuse à torturer le monstre et d’ouvrir un domaine sujet à de diverses blagues. Le Yark a mal aux ventres s’il ingurgite des enfants méchants et finit aux toilettes avec une envie irrépressible de se vider. Le Monstre devient alors ridicule tout en restant féroce. Les illustrations de Laurent Gapaillard s’inscrivent dans une belle tradition de l’illustration, mêlant influence gothique et caricature mordante. Ce conte est drôle, piquant, rocambolesque quand il réunit des enfants terribles, le Père Noël et l’amitié avec une petite fille sage dans un phare.
Les dessins sont riches de détails et la précision du trait apporte un réalisme déroutant au Yark. Il est autant effrayant qu’attendrissant. Cette boule de poils reçoit des câlins et c’est compréhensible. Mais qu’il ouvre la bouche, alors on est pris d’une envie de s’échapper très rapidement. Cette attention aux moindres aspects apporte beaucoup d’intensité dans la narration. Les descriptions de Bertrand Santini sont dans le même esprit. Il décrit précisément les intentions de son personnage, ses habitudes, ses envies, son profond désir de manger des enfants. La cruauté n’est jamais bien loin de la faiblesse de ce Yark et ce jeu d’écho nous surprend et nous fait rire.
Petit topo sur l’histoire : Les enfants turbulents ? Très peu pour le Yark, cet ogre qui n’a d’yeux et d’appétit que pour les enfants purs et naïfs. Alors que la marchandise se fait de plus en plus rare, notre monstre va se retrouver dans une situation cocasse où ses sentiments vont se trouver mis à rude épreuve. Qui triomphera : les enfants sages ou les petits garnements ?
Le Yark est un subtil mélange du personnage de Schrek et d’Ogre. Bertrand Santini, l’auteur, nous narre le quotidien de cette énorme boule de poil aux dents très longues et aux griffes crochues capable de voler autant que de se glisser subrepticement dans la chambre des enfants pour les dévorer. Son personnage n’est pas innovant dans le sens où il est le stéréotype même de divers monstres issus de contes anciens et modernes, mais il a ce petit quelque chose qui fait que l’on s’attache à lui : des petites ailes sur un corps énormes, des yeux globuleux et expressifs, des grands pattes et une sorte de jardin floral sur son dos.
Mais méfiez-vous, si vous êtes un enfant sage vous serez le met favori du Yark, alors à vos bêtises, n’hésitez pas à les cumuler si vous voulez sauver votre peau ! Malheureusement pour lui, comme tout être vivant le Yark est un être dôté de sentiments, tiraillé entre son côté sombre et sa belle âme, enfouie profondément sous des couches de gourmandise. Mais c’est par une rencontre fortuite avec une petite fille prénommée Madeleine que le Yark va changer ses habitudes culinaires et comprendre que la douleur n’est pas toujours celle que l’on croit.
Au-delà d’une histoire prenante et fluide, l’auteur nous présente un conte qui appelle à la tolérance et nous ouvre les yeux (si ce n’est déjà fait) sur les enfants d’aujourd’hui : ingratitude, méchanceté, intolérance... « Les temps modernes ne produisent quasiment plus d’enfants comestibles » ! Tout est dit, sauvons nos enfants et offrons leur une éducation simple mais pleine de valeurs. Croyons en la bonté d’âme, croyons au fait que la gentillesse peut changer l’ogre le plus vorace en ange gardien le plus doux. Grâce à l’humour et une certaine forme de critique sociétale (le conte commence par une phrase qui en dit long sur le fond du récit ;) « Parmi tous les types de Monstres qui grouillent sur la Terre, l’Homme ets l’espère la plus répandue »), Bertrand Santini invite le lecteur et les plus jeunes à se poser des questions sur leurs actes, sur leur façon d’agir, sur leurs visions des choses. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » telle pourrait être la conclusion de ce joli conte traduit dans pas moins de douze langues.
Enfin, comment chroniquer « Le Yark « sans mettre en avant son illustrateur, Laurent Gapaillard. La représentation du Yark est à la fois et paradoxalement terrifiante et douce. Le regard de ce monstre ne semble jamais agressif, on le sent affamé oui, mais pas angoissant. Il y beaucoup de détails dans les illustrations et un magnifique jeu de contraste en le noir et le blanc. On sent que beaucoup de travail a été accompli pour rendre ce personnage attractif.
En conclusion, Le Yark est un conte à lire absolument tant pour son côté humoristique que ses personnages qui représentent à eux tous un partie de l’humanité. Les illustrations sont maîtrisées, en total concordance avec le récit, qui transporte quant à lui, le lecteur vers des contrés imaginaires mais néanmoins saupoudrées de quelques grains de vérité ;)
Voilà mon dernier petit coup de coeur jeunesse en date.
J’ai découvert ce livre grâce à une collègue qui m’a montré une illustration de cette histoire qui m’a autant interpellé que celles des mystères d’Harris Burdick… (illustration que je compte exploiter en production d’écrit avant de faire découvrir le livre à mes élèves).
J’ai fait des recherches et au vu des nombreux commentaires plus qu’élogieux sur ce livre le qualifiant, entre autre, de petit bijou de littérature jeunesse, je me suis dit, celui-là il me le faut ! ;)
L’histoire est sympathique (même si ce n’est pas l’histoire du siècle), très drôle et les illustrations en noir et blanc sont magnifiques.
Côté texte, c’est vraiment bien écrit et ce n’est qu’au bout d’un moment que j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de rimes. On y trouve aussi de nombreux jeux de mots. Bref de la qualité quant à l’écriture.
Je ne doute pas un instant qu’il plaira à mes élèves de CE2 (8/9 ans).
A lire, un petit conte pour les enfants sur les monstre sui peuvent devenir gentils
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