"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lucie Ancel est psychiatre à Paris, où elle vit avec sa soeur cadette (Louise) et sa fillette (Pia) dont elle partage la garde alternée avec le père de l’enfant. Louise est enseignante. Très fusionnelle avec sa soeur et sa nièce. De son côté, Lucie aimerait bien la voir prendre enfin son envol …
Hector Wolpe est anglais. Il a passé la plus grande partie de son enfance en institution psychiatrique. A York (Angleterre) de sept à treize ans puis en France (le pays d’origine de sa mère) à partir de treize ans (plus exactement à Saint-Maurice) où il fut le jeune patient de Lucie, en 2001 …
Quinze années plus tard (en 2016) Lucie (et sa soeur Louise, qui n’est pas indifférente aux charmes du jeune homme …) vont recroiser son chemin. Lucie se souvient alors de cette enfance « énigmatique » décrite en partie par Hector, au cours de laquelle son père (Graeme) semblait totalement obsédé par la jeunesse des enfants Brontë, et plus particulièrement par le roman d’Emily (« Les Hauts de Hurlevent »)
Entre Paris, Trévéan (Bretagne) et York, Laurence Werner David nous entraine sur le passé de son ancien patient (qui l’attire autant que sa soeur peut-l’être …) et sur le présent de son père, marié à Anne (elle-même mère du petit Samuel …)
Un mélange (savamment pesé) d’intrigue moderne et classique, partageant la scène avec l’univers « mythique » de la famille Brontë – mais également de tous les protagonistes du sublime roman d’Emily – l’oeuvre la plus sombre des célèbres soeurs-écrivaines …
C’est bien écrit et plutôt distrayant, plutôt inattendu … Seulement voilà : ce roman « culte » – qui ne souffre surtout pas la comparaison – est mon livre de chevet depuis 55 ans et je lui voue une véritable passion !
Le résultat est relativement agréable à lire – pour qui n’éprouve pas la même vénération que moi-même – à l’égard du Chef-d’oeuvre d’Emily Brontë. Le titre, évidemment, piquait ma curiosité et il me fallait le lire, coûte que coûte, quand bien même je me doutais que je serais probablement un petit peu déçue … Donc pas de surprise à l’arrivée : je n’ai pas été transportée par ce récit – qui plaira certainement beaucoup – à tous les non-amoureux du remarquable, du merveilleux, du fantastique « Hauts de Hurlevent »
Des relations étranges, inédites. Un livre tourmenté, impénétrable qui n'en dit jamais trop.
D'un romantisme noir. Une intériorité rare.
Une émotion intense après lecture de ce livre. La résilience est-elle possible ?… Un personnage reçoit un fait divers (réel, celui du Chambon-sur-Lignon en 2011) de plein fouet jusqu'au point de non retour, semble-t-il dans un premier temps, détruisant sa vie de couple, s'immisçant jusque dans les relations les plus affectueuses avec sa famille. Le personnage, Victor Crescas, devient au fil des chapitres, un être humain plus complexe qu'il ne parait, en proie à un sombre passé dont il va falloir paradoxalement qu'il se solidarise pour reprendre souffle et sens, au final un homme très attachant.
La métaphysique est chez l'auteure, comme chez un Faulkner ou un Dos Passos, une métaphysique du temps. Ce thème est traité avec une grande finesse d'analyse. rien n'est appuyé, ni surligné. Le lecteur en devient plus libre. Le style recèle de nombreuses trouvailles. Un livre dense qui, étrangement, se lit d'une traite.
Un livre que j'ai lu dans le même mouvement que le Jablonka:
A mes yeux le livre de Laurence Werner David est sensiblement plus poétique mais deux écritures, deux points vue, deux manières de voir passionnantes.
MAGIE de la fiction lorsqu'elle dépeint avec autant de sensibilité et de romanesque le fait divers et ses répercussions sur chacun d'entre nous. A MES YEUX doit aussi une part de sa modernité au travail interprétatif qu'il exige du lecteur. Un très grand roman sur nos modes de vies contemporaines et de notre rapport étroit aux mass médias. Des personnages (Victor Crescas, les personnages féminins aussi toutes en quête d'un amour absolu) qui viennent durablement hanter la mémoire du lecteur.
Bravo!
Philippe Cerquiglini (77)
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