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« Coupez ! », le bréviaire de l’écriture. Un livre d’une infinie beauté, intime et vaste à la fois, d’une grande douceur.
« Coupez ! » excelle de grandeur, dans cette apothéose d’un hommage supérieur à la création.
L’éminente littérature et la profondeur intrinsèque d’un retour à la vie pour Manon, scénariste, une jeune femme qui va vivre des bouleversements intérieurs.
Manon est sommée de se rendre sur le tournage d’un film qu’elle a écrit. Elle y a mis toutes ses forces, de la construction narrative, à l’envoûtement fascinant des heures infinies à produire, grâce aux mots, un film qu’elle pensait acquis.
Mais voilà, suite au désistement financier de collaborateurs, il lui faut trancher. « Coupez » prend sens.
Manon est déroutée, inquiète et déçue. Ses meilleurs scènes, effacées avec la gomme des diktats. Deux jours pour tout changer, reformuler, reprendre le scénario dans un espace virginal où elle n’a pas pied.
« Victor Hugo a écrit :« Cette idée savait où elle allait et poussait le gouffre devant elle ». Il parlait de la révolution. »
« C’est une conception très romantique de l’auteur : les scénaristes passent plus de temps à réécrire un premier jet. Réécrire, c’est écrire. »
Manon se lance dans un compte à rebours. C’est le rocher de Sisyphe, atteindre ses rives intérieures. Absoudre les démons qui hantent sa mémoire. La confrontation avec sa réalité. Manon va forcer les portes, chercher des points d’appui parmi ses connaissances. La réponse est « Cherche et tu trouveras ». La lumière comme un halo qui alerte ses sens et ses émois. Elle, qui quête son cachet, et qui ne reçoit en retour que l’incertitude du rouge sur son compte bancaire. « Coupez », la vulnérabilité à fleur de peau, un récit inestimable qui sonde les tréfonds de l’âme humaine. Manon, fragile et pourtant passionnée par cette coupe qui la bouscule, la heurte et fait resurgir le bruit d’un langage qui gratte sur le papier.
« Un théoricien du scénario a dit : il vaut mieux partir du cliché que d’y arriver. »
Les émois psychologiques, le sommet et la chute à l’intérieur d’elle-même. Livre d’évidence et de vertige, immensément initiatique. Manon, à la fenêtre de sa vie, où elle s’expose au regard d’un public en advenir.
L’obsession cardinale d’atteindre sa propre conscience et le délitement douloureux de ce qui fut un jour de son enfance.
Ici, rayonne l’autre solitude, celle qui dirige la caméra vers son propre sommet.
On ressent un pouvoir magnétique, inégalé. Laure Desmazières est elle-même scénariste côté ville. « Coupez ! » est un livre qui réconforte par son exemplarité, et qui donne les clefs pour atteindre la mélopée viscérale de nos doutes, faillites et faiblesses.
Dépasser les tragédies et les barrières mentales.
Ce livre d’hiver et de printemps est une ode à la renaissance, à sa propre quête, à l’art dans son summum.
Splendide, la sonorité et l’ardeur d’un titre signifiant. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes. Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.
Avec Coupez, Laure Desmazière nous livre un premier roman intimiste.
Manon est scénariste. Depuis 7 ans, elle travaille sur un projet de film. Le tournage commence enfin mais, en raison de restrictions budgétaires, on lui demande de couper ses scènes préférées. Elle dispose d’un week-end pour tout reprendre.
Désorientée, Manon court, sans prendre le temps de la réflexion, de l’un à l’autre pour trouver des soutiens qui pourraient l’aider dans cette tâche. Jeune femme solitaire et manquant de confiance en elle, elle est mal dans sa peau et se cherche. Le temps de ce week-end elle voit repasser sa vie, ses manques.
Par petites touches, Laure Desmazière remonte à l’enfance et à une souffrance fondatrice du caractère de Manon. Elle a été victime d’un pédophile. Ce thème à la mode, abordé dans de nombreux romans, est ici juste effleuré. C'est soit superflu, soit pas assez développé.
La lecture de ce récit, écrit à la première personne, est agréable. L’auteure a mis dans son récit de la légèreté et de l’autodérision, bien que ce soit dramatique pour son personnage. Les chapitres sont très courts et font passer le lecteur d’un sujet à l’autre, comme si le lecteur était dans la tête de Manon qui passe constamment du coq-à-l'âne. C’est désordonné comme semble l’être la jeune scénariste et j'ai trouvé que le récit est lui aussi vraiment trop brouillon. Je ne me suis pas attaché à Manon.
Laure Desmazières étant elle-même scénariste, je m’interroge, comme toujours dans ce style de roman, quelle est la part du roman, quelle est la part du vécu ? Enfin, j’aurai beaucoup appris sur la réalisation d’un film et les affres du métier de scénariste…
Lu avant sa sortie en tant que membre du Jury du Prix du Roman Fnac 2024
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/08/23/coupez-de-laure-desmazieres/
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