"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Livre lu dans le cadre du Club de lecture de juillet 2018 à la librairie l’Attrape-Mots.
« La société des jeunes pianistes » nous plonge dans l’univers de quelques jeunes pianistes particulièrement doués pour la musique.
L’histoire se passe dans les années 60 à Oslo.
Plusieurs de ces jeunes, amis dans la vie, veulent concourir au fameux « Jeune Maestro ».
Si l’un d’eux gagne, il est certain de faire une carrière internationale. Ce que chacun d'eux désire le plus ardemment. Mais ce concours n’est pas à la portée de tout le monde. Certains vont en faire l’amère expérience.
Ils sont donc cinq : Aksel Vinding (le narrateur et le héros), Anja Skoog, Rebecca Frost, Ferdinand Fjord et Margrethe Irene Floed.
Ketil Bjornstad, l’auteur nous fait vivre, à travers le héros, la vie des ces jeunes espoirs de la musique classique. Ils décident de tout sacrifier à leur art et pour une hypothétique carrière.
« Répéter m’apporte cette part de sens que je recherche. Je peux m’isoler dans la musique, m’enterrer dans les détails, marteler un semblant de colère ou interpréter Chopin pour pleurer toutes les larmes de mon corps. » (page 41).
La passion les dévore d’où le danger. Ce besoin vital de musique menace, toujours, de faire basculer les personnages dans la folie.
« Nous montons les marches de la station Nationaltheatret. Le chemin habituel, que j’ai parcouru un nombre incalculable de fois pour me rendre à un concert. Tandis que les autres écoutaient les Beatles ou les Rolling Stones. Nous sommes des déviants, nous qui passons notre temps plantés devant notre instrument, qui ne sortons pas le samedi soir qui remplaçons Keith Richards et John Lennon par Jascha Heifetz et Gina Bachauer. » (pages 375-376).
Ce livre illustre bien le thème de la passion que nous étudions en philosophie : elle est tout sauf positive. Elle fait souffrir. Elle est destructrice.
Elle peut provoquer un déséquilibre psychique : la personne s’enferme dans cette passion et ne voit pas le danger qui la guette, allant parfois jusqu’à la mort. C’est l’exemple même de ce qui va se passer pour Anja Skoog.
Kant écrit : « La passion se donne le temps et, aussi puissante qu’elle soit, elle réfléchit pour atteindre son but. La passion est comme un poison avalé ou une infirmité contractée. »
Le sujet du livre était prometteur mais je me suis ennuyée à le lire. L’histoire et l’écriture auraient pu être plus dynamiques.
Si sur la scène du Philharmonique d'Oslo, Aksel Vinding fait des débuts fracassants, en coulisse, un nouveau drame se joue pour le jeune concertiste déjà marqué par la perte de sa mère et de son grand amour, Anja Skoog. Sa dernière note de piano n'a pas fini de retentir que Marianne Skoog, son épouse depuis six mois à peine, quitte la salle pour retrouver sa villa, la cave et la corde qui va lui servir à se pendre alors qu'elle est enceinte de leur enfant. Déstabilisé par cet énième coup du sort, le pianiste ne pense plus à la brillante carrière qui s'ouvre à lui. Des femmes de la famille Skoog, il ne reste que Sigrun, la sœur de Marianne, une femme médecin, une femme mariée, une femme qui lui rappelle tant Anja et Marianne. Il annule sa tournée dans les capitales européennes pour s'approcher au plus près de celle qu'on surnomme ''la Dame de la vallée''. Dans le grand nord, aux confins de la Norvège, il tente d'apprivoiser la douleur, le manque mais aussi la vodka, Sigrun et Rachmaninov.
Pour la troisième et dernière fois, nous retrouvons le jeune prodige Aksel Vinding dont la vie est marquée par des drames successifs. Comment pourra-t-il se reconstruire après cette dernière perte, celle de Marianne et de son enfant à naître ? En se consacrant entièrement à sa carrière de soliste comme le lui conseillent sa professeure, son agent et Rebecca, son amie de toujours ? Non, c'est une autre voie que choisit Aksel : la fugue vers Kirkenes, l'alcool et une femme, la dernière femme qui le rattache à ses amours défuntes. Anesthésié par le froid et la vodka, il y apprend à dompter son chagrin, à se contenter du présent en attendant de pouvoir envisager un avenir...
Pour cette dernière virée musicale, Ketil Bjørnstad nous emmène aux confins de la Norvège, à la frontière russe, dans la région du froid mortel et des aurores boréales. Sur fond de Rachmaninov et d'improvisations jazzy, il convoque l'âme russe, la guerre froide, le deuil et l'amour éternel pour entraîner son jeune héros dans une quête désespérée du goût de vivre. Entre culpabilité et séduction, entre répétitions et réflexions, le pianiste profite de cette parenthèse pour redonner un sens à sa vie et faire la paix avec lui-même et ses mortes qu'il continue de chérir et de chercher dans le sourire ou le regard de la dame de la vallée, sa dernière conquête avant de prendre enfin son envol.
Une trilogie de toute beauté, bercée par la musique classique et les grands sentiments, assombrie par les peines et les drames mais illuminée par l'amour et la musique. Difficile de quitter la Norvège et Aksel Vinding, Rachmaninov et Beethoven mais il est sans doute temps pour le pianiste de laisser les drames derrière lui et d'avancer vers la sérénité.
Ketil BORNSTAD est lui-même pianiste et cela s’écoute dans le rythme de ses phrases. Le piano, la musique sont omniprésents et ensemble forment un personnage essentiel de ce livre. Il nous a concocté un magnifique roman d’amour dense, a sur créer une « ambiance » ce qui fait que l’on ne peut lâcher le livre sans qu’il vous pénètre.
J’ai aimé cette bataille que livre Askel entre l’ascétisme demandé par Selma et la passion fougueuse qui l’unit à Marianne, Cette bataille entre le présent et le souvenir, le deuil et la renaissance.
Vous l’avez compris, j’ai beaucoup aimé ce livre qui est le 2ème opus d’une trilogie. Le fait de n’avoir pas lu le premier n’a gêné en rien la compréhension de l’appel de la rivière. Cette critique, je la fais en écoutant la symphonie n° 5 de Mahler
A la fin des années 60, un jeune pianiste vit son adolescence à travers sa passion, le piano, qui va l'amener à rencontrer l'amour à travers la belle Anja, pianiste virtuose. Ce roman est construit sur le rythme d'une partition: le prélude est volontairement lent pour qu'on puisse s'imprégner de l'état d'esprit du héros, le 2ème mouvement s'accélère avec la pression sur les jeunes pianistes à la recherche de la perfection et enfin le 3ème mouvement, l'aboutissement final qui prend tout son sens.
Pour tous les amoureux de la musique classique, ce livre est une merveille. On a l'impression d'entendre les morceaux évoqués par l'auteur et de ressentir toute l'émotion et la sensibilité des interprétations.
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