Découvrez les auteurs, autrices et libraires qui accompagneront le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Découvrez les auteurs, autrices et libraires qui accompagneront le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Un récit à quatre mains, thérapeutique, drôle et philosophique. Les autrices parlent de spiritualité, d'amitié, des vies dissemblables qui s'entrecroisent. Beaucoup d'humour et d'autodérision dans ce livre. Des blessures, une expérimentation des arts divinatoire et le grand amour. les voix s'alternent, l'esprit est foutraque, une exploration des mystères de la vie. Une lecture dynamique, des personnages attachants et décalés, des twist plots et des révélations.
"Le jour où j’ai senti qu’il était mort, j’étais avec Julie, métro Bourse. On faisait du shopping comme des connes dans une boutique second hand. Elle essayait des chaussures - sa passion -, je n’arrive pas à joindre mon père, je crois qu’il est mort. Julie est ma famille. Notre amitié dure depuis des siècles. Dans des vies antérieures, nous étions liées - c’est ce qu’on nous a dit plusieurs fois. Frère et sœur. Sœur et sœur."
Il faut être bien audacieux pour affronter l’invisible. Dans ce livre, elles sont deux à se lancer dans une quête spirituelle : la recherche de l’amour pour Agnès, le poids d’un secret familial pour Julie. Têtes brûlées, âmes blessées, elles sont prêtes à tout et à n’importe quoi pour avoir des réponses. Elles s’adressent à des guérisseurs, des médiums, des voyants, des spécialistes des vies karmiques, des hypnothérapeutes, des chamanes, des énergéticiennes, des sorcières… “Tout ça a l’air barré - je sais bien.”
Elles déposent dans ce livre, l’une après l’autre, ou ensemble, les révélations soufflées par ces gens qui voient, qui savent et qui guident. “Le médium est un genre de câble téléphonique” qui transmet une parole venue d’ailleurs - ou d’avant. Un peu comme un écrivain ?
Si différentes et si amies, Agnès et Julie apprennent que c’est souvent un traumatisme d’un passé plus ou moins ancien qui ouvre les portes de l’invisible. Dans la quête amoureuse de l’une comme dans l’enquête familiale de l’autre, il faut remuer le chaos et la boue des générations précédentes. “Le récit du médium, qu’il soit fable ou vérité vraie je m’en fous puisqu’il va m’aider à rompre le silence qui saccage ma famille.”
C’est un livre écrit à tâtons, à l’instinct. “Discuter sur WhatsApp avec mon ancêtre à travers une médium dans la Drôme me paraît à la fois complètement con et tout à fait normal.” Elles balancent le prix des consultations, elles se moquent l’une de l’autre, elles dépoussièrent, elles démystifient, elles doutent aussi. “Et si cette enquête, c’était du grand n’importe quoi ? Et si, au lieu de nous réparer, elle nous brisait ?”
On a envie d’y croire. Croire à quoi ? Peu importe. Quelque chose au-delà du ciel, comme une promesse.
A priori, je ne suis pas très intéressée par tout ce qui est voyance, sciences occultes et autres chamaneries. En revanche, je suis très attirée par la bonne littérature contemporaine et l’autofiction. J’ai donc essayé ce roman …et j’ai adoré.
C’est un roman écrit avec deux cœurs plus qu’à quatre mains. C’est un roman sur la force de l’Amitié entre deux femmes, sur la quête existentielle : l’une cherche la femme de sa vie, l’autre des réponses à un lourd secret de famille qui la hante.
Derrière cela, j’ai trouvé la puissance de la Sororité, l’humour et la dérision, l’aventure. Le cheminement de ces deux femmes fortes et fragiles à la fois, est bouleversant ; A chaque chapitre, on a envie de leur dire ça va aller, et de les prendre dans nos bras.
C’est un texte très émouvant, très intime, servi par une écriture puissante, qui véhicule une force et une souffrance, racontées ici avec élégance et pudeur.
Je n’en ressors pas indemne. Bravo Mesdames.
L’amour et les cinq prophéties de malheur
Pour son troisième roman Julie Estève a choisi de raconter la vie d’une femme harcelée dans son enfance, entourée par la mort, mais qui va croire en des jours meilleurs, même si on lui a promis, outre l’amour, bien des malheurs. Un livre-choc.
Il y a d'abord, en guise de prologue, une angoissante invasion de chenilles, puis de papillons voraces qui causent d'immenses dégâts. Une sorte de clin d’œil à Moro-Sphinx, le premier roman de Julie Estève, une fable cruelle qui a d’emblée installé son style vif, tranchant.
Puis on entre dans le vif du sujet avec le récit de Cassandre, 13 ans, en vacances chez son grand-père à Saint-Étienne-d'Estréchoux. Là, la fillette peut se ressourcer, oublier les moqueries et le harcèlement dont elle est victime devant l'indifférence générale des enseignants et de ses parents. Sa mère semble absente, son père ne s'occupe plus que de son chat. «Je ne sais quel triste monde se cache à l’intérieur de mon père, une déchèterie, une carrosserie rouillée ou une nuit pâle. Je l’observe comme un paysage qui défile, flou, dans les trains. Daniel, clerc de notaire, est une ombre qui passe, une flaque d’eau. Je ne rencontre dans ses traits que l'ennui. Il est là, retourné comme un gant, à l'envers de lui-même. Seul Cassis semble lui donner une place au monde. Est-ce que tous les pères sont liquides, impénétrables. Point positif, il me passe tout: il s'en branle.»
Le mal vivre de la gamine va atteindre son point culminant lorsqu'elle sera humiliée par ses camarades de classe, à commencer par Camille qu'elle aime en secret. Sa tête rousse plongée dans la cuvette des toilettes la mène au désespoir. Mais elle va serrer les dents et croiser la route de Jonas, un graffeur. Le temps et l'adolescence passent. La chenille va devenir papillon. «J'ai dix-sept ans et je suis bonne; les rousses sont à la mode. J'ai changé de bahut, le ciel est sans nuages. J'ai des camarades de classe. Je fume des cigarettes, des Camel. Je porte des jupes courtes et des collants déchirés. Les filles regardent mes cheveux longs, épais, rouges, qui traînent dans mon dos. Les miracles n'arrivent pas que dans les films, mais chez le coiffeur. Je passe du chien au félin, du caniche à la lionne en deux heures, toilettage express.» Bac en poche, il lui faut du sexe, il lui faut un avenir. Comme Jacques Marrant – le bien-nommé — lui prédit que Camille va tomber amoureuse d'elle et qu’elle connaîtra bien des malheurs, elle va croire le voyant. D’ailleurs, quelques temps plus tard, il est dans son lit. Le couple fait des projets, part en voyage. Cassandre s’inscrit à l'école vétérinaire et pense au bonheur. Mais c'est alors que s'abattent les calamités. Son père perd son emploi, on diagnostique un cancer du sein à sa mère. Jonas se marie le jour où les tours jumelles s'effondrent. Puis ses parents se séparent.
«Mon père a acheté un petit terrain dans une pampa du sud de la France, à La Roque-sur-Pernes. C’est une terre sèche et stérile. Il a payé deux mille balles un vieux camping-car dans lequel il vivra. Le reste du fric, il l’a donné à ma mère pour son long voyage. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.»
Vœu pieux. Les catastrophes vont s'enchaîner au long d'une vie que Julie Estève va retracer en épisodes forts, comme une chute inéluctable. Un virus qui fait des ravages, un accident après l'autre, des décès qui se succèdent et un esprit qui peu à peu s'enfonce dans la nuit. Cassandre est alors la proie d'un long cauchemar et la pythie d'un monde qui se meurt. Qui entendra ses cris, sa souffrance, ses appels à l'aide?
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