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Joan-Lluis Lluis

Joan-Lluis Lluis
Né en 1963 en France, à Perpignan, JoanLluís Lluís est de culture et d'expression catalane. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages dans tous les genres et publiant habituellement à Barcelone, il est considéré comme l'une des voix les plus originales de la littérature catalane contemporaine. S... Voir plus
Né en 1963 en France, à Perpignan, JoanLluís Lluís est de culture et d'expression catalane. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages dans tous les genres et publiant habituellement à Barcelone, il est considéré comme l'une des voix les plus originales de la littérature catalane contemporaine. Son roman Junil a rencontré un succès phénoménal, hors-norme, en Catalogne et été récompensé par les prix les plus importants. Son œuvre est en cours de réédition chez le prestigieux éditeur Club Editor

Avis sur cet auteur (3)

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    Couverture du livre « Junil » de Joan-Lluis Lluis aux éditions Les Argonautes

    Les Lectures de Cannetille sur Junil de Joan-Lluis Lluis

    Défenseur des langues régionales, l’écrivain français d’expression catalane Lluis Joan-Lluis nous transporte à l’aube du premier millénaire pour une fable aux allures d’Odyssée soulignant l’importance de la langue dans la constitution de l’identité collective.

    Un Empire au Sud ; des barbares...
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    Défenseur des langues régionales, l’écrivain français d’expression catalane Lluis Joan-Lluis nous transporte à l’aube du premier millénaire pour une fable aux allures d’Odyssée soulignant l’importance de la langue dans la constitution de l’identité collective.

    Un Empire au Sud ; des barbares au Nord ; la poésie d’Ovide et l’exil du poète à Tomis, l’actuelle Constanța en Roumanie, « tellement loin qu’on dirait que c’est à la fin de tout ce qui existe » : tels sont les seuls repères spatio-temporels dans ce roman qui, bien plus ancré dans l’imaginaire que dans l’Histoire, cherche avant tout à nous faire revenir à un point d’origine, lorsque langue et littérature commencent tout juste à faire prendre la sauce de l’identité culturelle à travers début de tradition orale et premiers textes fondateurs.

    Tout commence par la persécution et l’aspiration à la liberté. Ils sont d’abord quatre à se résoudre à tout quitter pour l’inconnu : Junil, une jeune fille traitée en esclave par un père tyrannique, mais qui, à force d’encoller les papyrus formant les rouleaux vendus dans la librairie paternelle, s’est mise à s’intéresser à leur contenu ; Trident, l’esclave copiste qui, lui ayant appris à lire et à écrire, lui a transmis l’amour des textes, en particulier des poèmes d’Ovide dont Les Métamorphoses au nom ici hautement symbolique ; le bibliothécaire Lafas qui, voué au confinement par sa consécration à Minerve, vivait jusqu’ici cloîtré dans son savoir livresque ; enfin, Dirmini qui, déjà marqué dans sa chair, sait que la mort est au bout de son destin de gladiateur. Un enchaînement de péripéties mettant leur vie en danger parachève leur rupture de ban et les voilà tous quatre lancés sur les routes, fuyant l’Empire pour la lointaine terre des Alains dont on dit qu’ils méprisent l’esclavage, mais obligés de traverser les contrées du Nord aux mains de pillards et de tribus barbares.

    S’ensuit un récit à la fois d’aventure et d’apprentissage, jalonné d’épreuves et de dangers, où partis quatre, ils poursuivent de plus en plus nombreux, agrégeant peu à peu à leur petite troupe une moisson de ces barbares qu’ils redoutaient tant et qui, maintenant qu’en ces nouvelles contrées ils sont eux-mêmes devenus des étrangers, finissent par leur paraître toujours plus familiers, mus qu’ils sont tous par le même idéal de liberté. Ils leur faudra d’abord s’inventer une langue commune, condition de partage de leurs histoires respectives et bientôt de leur avenir commun, lequel s’incarnera, au gré de récits oraux, puis progressivement écrits, en une geste laissant une large place à une mythologie et à un imaginaire partagés. Ainsi, de l’oralité toujours plus stimulée et augmentée par l’imagination des uns et des autres aux traces écrites permettant la survie de la mémoire et le prolongement de soi, l’on assiste à la création de longs poèmes homériques, à la découverte des vertus de la lecture et, ce faisant, à l’émergence d’un nouvel ordre fait d’émancipation, de rêve et de liberté.

    Jolie fable antique rendant discrètement hommage à Ovide et à Sophocle, mais aussi à tous les conteurs homériques au travers d’un voyage épique vers l’émancipation au sens large, Junil est avant tout l’histoire d’un apprentissage et d’une élévation, celui de l’humanité grâce à la maîtrise du langage, puis de l’écriture et de la lecture, le tout incarné en une poignée de personnages attachants.

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    Couverture du livre « Junil » de Joan-Lluis Lluis aux éditions Les Argonautes

    Evlyne Léraut sur Junil de Joan-Lluis Lluis

    « Junil », vertigineux, méticuleux, l’épopée d’un monde. Un chant étincelant. Une fable qui élève ses miscellanées, dans une orée signifiante, si captivante, qu’elle nous frôle de près.
    On retient notre souffle tant l’écriture de Joan-Lluís Lluís prend vie.
    À la hauteur d’un chef-d’œuvre, ici...
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    « Junil », vertigineux, méticuleux, l’épopée d’un monde. Un chant étincelant. Une fable qui élève ses miscellanées, dans une orée signifiante, si captivante, qu’elle nous frôle de près.
    On retient notre souffle tant l’écriture de Joan-Lluís Lluís prend vie.
    À la hauteur d’un chef-d’œuvre, ici le langage est murmure, écoute et retenue.
    « Junil » cette fillette de huit ans, orpheline de mère. L’enfant vit avec son père. Un « écrivain public qui avait perdu toute sa famille, ou s’inventer une nouvelle vie avec sa fille comme fardeau. C’est ainsi que naquit le mépris. »
    Devenu libraire, il soumet Junil à sa tyrannie. Esclave de son père, elle est silencieuse mais volontaire, vive et intelligente.
    Junil encolle des feuilles de papyrus avec les esclaves copistes. Elle va apprendre à lire, à écrire dans un secret de connivence avec asservis.
    Le récit est un univers de scènes au ralenti. On se glisse entre les rives, on retient cette mélopée. Ce conte qui semble venu des terres lointaines, dans cette oralité, où l’on ressent sur notre peau, tout le charme d’une histoire sans âge, posée dans l’ère romaine, et plus encore.
    Elle qui va s’émanciper sur les textes d’Ovide. Dans cette teneur glorieuse d’atteindre la voûte des sages.
    Elle, camarade de cœur avec les assujettis qui vivent dans l’antre paternel.
    La connivence des mots, la solidarité altière, elle, esclave-fille, de.
    Junil s’accroche à ses rêves, aime Ovide, pleure lorsqu’elle apprend que l’empereur a renié Ovide. Elle s’affole lorsqu’elle apprend qu’il faut détruire tous les rouleaux. Anéantir toutes les traces, toutes les merveilles de ce grand poète.
    « L’empereur l’a envoyé à Tomis. »
    « Junil, orpheline des œuvres d’Ovide , « qui ne retournera pas à la bibliothèque aujourd’hui. »
    Et pour cause.
    Jeune femme devenue, virginale et pure, vouée à Ovide. Le récit est d’une compassion révélée pour la grandeur des âmes. Charnel et puissant, de sens et d’essentialisme, voûte sur des contrées où les Dieux agitent leurs rites. Où des terres se veulent sans esclaves. L’idiosyncrasie de notre monde, voilée entre les mythes et notre réalité de chair et de sang.
    Les drames et les altières fraternités également enserrent cette trame profondément humaine.
    La capacité de subvertir de par un conte grandiose les évidences.
    D’une générosité exemplaire, dans cette virtuosité des apogées des transmissions gagnantes.
    Junil et ses frères de cœur vont s’élancer dans un périple. Partir sur les traces d’Ovide.
    Et peut-être atteindre la rédemption. Ici, on imagine des mages, et l’histoire est belle.
    La voie de traverse jusqu’à l’absolu. D’une dignité inlassable, intrinsèque, « Junil » est un livre presque intemporel. Une légende-née qui acclame le pouvoir des mots, des hérédités et des passations.
    Bienveillant et olympien, « Junil » est un éclat de diamant, tant il est merveilleux et d’un bleu infini.
    « Ainsi, la première nostalgie qui les unit est celle des flammes apprivoisées. »
    Initiatique, irradiant, dans cette supériorité qui excelle d’acuité.
    « Junil », l’inoubliable.
    « Junil » a reçu le prestigieux prix Òmnium ainsi que le prix Crexells du meilleur roman.
    Traduit du catalan par Juliette Lemerle. Publié par les majeures Éditions Les Argonautes.

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    Couverture du livre « Junil » de Joan-Lluis Lluis aux éditions Les Argonautes

    Isa Pouteau sur Junil de Joan-Lluis Lluis

    Dans la lointaine époque de la Rome antique, Junil survit à un incendie qui décime une partie de sa famille et, à 8 ans, elle vit dans l’ombre de son père, écrivain public, et apprend secrètement à lire.

    Passant ses journées à la bibliothèque de la ville frontalière de Nyala, elle découvre...
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    Dans la lointaine époque de la Rome antique, Junil survit à un incendie qui décime une partie de sa famille et, à 8 ans, elle vit dans l’ombre de son père, écrivain public, et apprend secrètement à lire.

    Passant ses journées à la bibliothèque de la ville frontalière de Nyala, elle découvre les écrits du poète Ovide et décide de lui vouer sa vie.

    A 16 ans, aidée du bibliothécaire et de deux autres esclaves en fuite, elle part pour un long périple à travers l’Empire pour tenter de retrouver « le plus grand poète de l’univers », jusqu’à Tomis où il a été exilé.

    Bien d’autres esclaves évadés, portés par l’idée de rallier le pays des Alains où l’esclavage est proscrit, vont se joindre à cette troupe qui ne cessera de grossir au fil du voyage.

    Dans ce monde aux dieux multiples et aux sacrifices récurrents, la jeune fille va transmettre la lecture et l’écriture à ses compagnons et leur montrer le pouvoir des mots.

    Ce joli conte idéaliste véhicule des valeurs de partage et de solidarité et prône le savoir comme chemin vers la liberté. Son héroïne, la jeune Junil, mène sa troupe avec sa seule ferveur intellectuelle et porte en elle l’exaltation et l’innocence d’une Jeanne d’Arc des temps anciens.

    J’ai regretté le peu de repères historiques comme géographiques de la narration à laquelle seul le poète latin Ovide, apporte un ancrage concret. Il faut donc prendre ce roman comme un mélange de fiction historique et de conte allégorique et ne pas se perdre dans la recherche d’éléments trop réalistes.

    Destiné à un large public, ce roman un peu naïf mais réjouissant de Joan-Lluis LLUIS véhicule des valeurs très actuelles et il m’a transportée plus de mille ans en arrière avec beaucoup de plaisir.