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Alors que sonne l'heure de la retraite pour M. Takewoki, il s'effondre sur le chemin du retour vers son domicile. Admis aux soins intensifs et plongé dans un coma artificiel, il devient le témoin d'une expérience sensorielle inoubliable. Le temps d'une parenthèse, il entreprend un voyage clé, entre stupéfaction et secrète introspection...
C'est un roman poignant et poétique que nous offre l'auteur. C'est à tâtons que nous accompagnons le chemin de traverse du narrateur, à la croisée des mondes. Il puise dans son vécu autant que dans les témoignages d'affection qu'il reçoit.
Nous assistons à son errance, riche en enseignements, où nous devinons ses blessures, ses combats et un fil conducteur. Une pudeur et une lenteur émanent de ce récit, dans lequel nous nous déplaçons en apesanteur. Nous remontons le fil de son histoire de manière discrète et régulière. Tout se mélange dans une confusion pertinente et pourtant pleine de sens. Nous nous laissons porter, nous nous interrogeons et nous approchons fébrilement du dénouement.
Les murmures et les maladresses laissent place à une nouvelle forme de douceur et d'indulgence. En suivant ce chemin, nous nous imprégnons un peu, nous discernons, nous comprenons et finalement nous pardonnons à l'infini, dans une réconciliation apaisante et ressourçante.
Japon onirique mais pas tant que ça.
C'est l'histoire d'un homme, Masakuzu Takewaki, 65 ans, qui ne s'envole pas vers sa retraite mais vers une existence qu'il va reconstruire de toutes pièces à partir des êtres qui ont jalonnés sa vie.
Le coma dans lequel il tombe dans le métro, alors qu'il vient de fêter son départ en retraite, il en fait sa seconde vie, si ce n'est la vie qu'il aurait pu vivre, celle qu'il aurait aimé vivre.
Il laisse errer son esprit dans sa vie passée. Un peu comme les personnes lui rendant visite à l'hôpital. Il retrouve des hommes et des femmes qui ont traversés ses bons comme ses mauvais jours. Il "rerencontre" serais-je tentée de dire, des femmes qu'il a croisés, aimés et la vie qu'il aurait pu vivre. Certains souvenirs ne reviendront pas, comme ceux avant l'orphelinat, lorsque ses parents l'ont rejeté. Mais bien d'autres seront détournés, reconstruits à l'image de ce qu'ils auraient pu être.
Ses amis défilent aux soins intensifs de l'hôpital international de Nakano, un arrondissement de Tokyo au Japon. Les visites sont éclectiques et les soignants font ici partie du roman.
Plusieurs thèmes relatifs à la société et aux traditions nippones sont visités. L'amour pour cette trop jeune maman de 15 ans d'âge, qui l'a abandonné dans le métro (oui, c'est aussi dans le métro qu'il fait son AVC), est resté intacte malgré la vie que cet acte a induit pour lui.
L'écriture de Jirô Asada créée cette fluidité qui nous permet de rêver nous aussi. Par moment, elle nous donne la possibilité de laisser notre inconscient se balader et, par effet miroir, nous laisser imaginer ce qu'aurait pu devenir notre vie si …
Joli roman, dont la bonne traduction est à souligner.
Les deux histoires sont courtes et racontent une tranche de vie emblématique de la vie du personnage avec finesse et une certaine émotion. "Le Cheminot" est tiré du roman best seller au Japon de Jiro ASADA et les dessins sont de Takumi NAGAYASU.
Oto est le chef de gare d’un petit village terminus au fin fond des montagnes japonaises. Sa fille de deux mois meurt faute de soins puis sa femme, malgré les traitements, s’éteint avant qu’Oto, pris par son travail, n’ait eu le temps de la rejoindre à l’hôpital en ville. Lui, continue invariablement à être à son poste pour faire arriver et repartir les trains, d’abord nombreux lorsque la ville extrayait le charbon puis avec juste une rame le matin et le soir quand les mines de charbon ont fermé. A trois mois de la retraite, il apprend qu’il ne sera pas remplacé : la « SNCF » japonaise ferme la ligne. Oto est dévoré de culpabilité tout en ne voyant pas d’issue : il a fait son travail avec conscience jusqu’au bout et au prix de sa famille. C’est au Jour de l’an que tout prend un autre sens : il a permis à de nombreuses personnes du village d’aller étudier et travailler à la ville (la même problématique toujours actuelle en France avec la fracture des territoires rural/urbain). Et l’âme de sa fille – et un peu celle de sa femme – revient doucement lui apporter l’apaisement. C’est aussi une belle ode à l’amitié des cheminots de l’ancienne école.
Dans Lettre d’amour, le contexte est glauque : la prostitution des chinoises au Japon et tout le sordide qui entoure cette pratique par des organisations très structurées et le silence des institutions. Cette lettre (en fait, il y en a deux), c’est les remerciements d’une jeune femme chinoise prostituée par la mafia qui meurt d’une MST et qui pourtant remercie son « mari » (mariage blanc) car le rêve lui a permis de tenir. Quant à lui, Goro de son prénom, il prend conscience que d’autres vies étaient possibles mais plus celle d’avoir une vie de famille.
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