"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre magnifique et terrible, inspiré d'une histoire vraie. On plonge dans l'univers des camps de concentration, mais on a cette fois le point de vue d'un artiste, qui parvient à faire vivre l'art dans l'horreur. Aleksander Kulisiewicz se fait déporter, à la suite d'une critique qu'il a publiée dans un journal envers Hitler. Le livre s'ouvre sur le compartiment d'un wagon à bestiaux, où sont entassés une centaine de déportés. Peu survivront. Kulisiewicz, doté d'une mémoire impressionnante, récolte les musiques populaires des pays d'autres déportés. Il mémorise également leur histoire, et en fait des chansons poignantes. Les déportés se réunissent en secret afin d'interpréter ces chants. Ce livre nous rappelle ce qu'on ne doit jamais oublier, cette terrifiante période qui ne doit, au grand jamais, se reproduire. Il nous touche par ce rappel que les hommes, quelles que soient les conditions, peuvent créer et porter la beauté, où que ce soit. De nombreux artistes ont été déportés et sont morts dans les camps de concentration. Je pense notamment à Gideon Klein, mort trop jeune, qui a laissé de magnifiques pièces derrière lui, comme son trio à cordes. Ou encore à Hans Krasa; il a écrit un opéra pour enfants, une satire de son époque. Cet opéra fut créé au camp de concentration de Theresienstadt, où la plupart des artistes étaient déportés. La gorge se noue quand on pense à ce que ces personnes ont vécu, et à quel point elles se sont battues jusqu'au bout pour maintenir de l'humanité dans l'horreur.
Un livre à lire absolument!
Je viens de refermer ce roman et je reste pensive, horrifiée. Même si je sais pour l'avoir appris à l'école, l'avoir lu aussi, je suis estomaquée. Et ce roman et ses textes vont me suivre longtemps.
Une claque que ce récit ! Un rappel essentiel, un devoir de mémoire.
Ce roman est un roman polyphonique, il donne la parole, il redonne la vie à toutes ses voix que le nazisme, la barbarie ont fait taire.
Et c'est surtout le souhait d'Aleksander Kulisiewicz de ne pas oublier ces voix, ces visages, ces hommes fictionnels qui représentent tous les déportés de ces camps de déportations qui ont vécu ces horreurs.
Aleksander K, Alex dans le récit a existé, a raconté ses 6 années d'internement dans l'enfer du camp de Sachsenhausen. Son sacerdoce à son retour en vie, après la guerre est de rendre hommage à ces compagnons d'infortune en continuant de faire connaître les chansons qu'ils ont composées, chantées ensemble dans les blocks; ces chants, ces mélodies qui les ont aidés à fuir au moins par la pensée, à retrouver la liberté, et à supporter et survivre.
Ce sont alors des récits poignants que nous offre un à un les compagnons d'infortune d'Aleksander : Jacek, Piotr, Nowak, Aaron , personnages fictionnels qui relatent cependant la réalité des faits, morceaux de témoignages des revenants de ces camps. Chaque récit est une vie, un homme avec ses pensées, ses peurs, ses regrets. Un récit qui nous plonge dans les souvenirs de la vie d'avant, de l'arrivée au camp, des frustrations, de la violence, de la misère, de l'horreur...
C'est une oeuvre de résilience qu'a constitué à son retour Aleksander : il s'est fait un devoir de collecter toutes les chansons, tous les poèmes, toutes les formes d'art qui ont aidé les déportés à tenir, à survivre, afin de raconter l'indicible, afin de ne pas oublier.
Et ce roman se fait le porte-parole, transmet aussi . Parce que les résultats du sondage en début de livre laisse incrédule.
Ce roman est de ce fait un hymne aux mots, à la poésie . Aleksander lui-même se demande "la musique peut-elle nous sauver ? Avec Rosebury d'Arguto je n'en doute plus. Elle est bien un combat."
Les chansons font oeuvre de résilience, participe du devoir de mémoire :
"nos chansons seraient un reportage poétique" suppute encore Aleksander. Et effectivement Jean-Michel Riou en nous offrant ce récit de vie, l'invention des chansons, a redonné vie à ces textes, a réactivé la nécessité du souvenir.
C'est un roman magnifique et déchirant qui honore Aleksander Kulisiewitcz et les déportés des camps de déportation, de concentration, ces lieux de l'Enfer.
Les mouches bleues, est un roman inspiré de l’histoire d’Aleksander Kulisiewicz dont la lecture est bouleversante mais ô combien riche et nécessaire !
Avril 1940, 102 déportés de Pologne entassés dans un wagon à bestiaux sont acheminés vers l’Allemagne, destination : le camp de concentration d’Oranienbourg-Sacksenhausen « le royaume du SS-Oberführer Hans Loritz, commandant des lieux. » Parmi ceux-ci, un jeune homme de 21 ans, Aleksander Kulisiewicz va se retrouver au block des Polonais étiquetés « personnes internées pour raison politique », porteurs d’un triangle rouge sur leurs habits, la couleur renvoyant aux diverses catégories établies. Il y restera jusqu'à la libération en 1945.
Dès son arrestation à Varsovie, il s’est promis de tout retenir « Même sans papier ni stylo, j’écrirai, d’autant que, en plus d’être artiste dilettante, et un peu étudiant, je suis journaliste. Jusqu’à mon arrestation, je collaborais à une revue ennemie de l’occupant ». Il faut souligner que depuis son plus jeune âge, la mémoire est son alliée, elle l’a aidé à vaincre son bégaiement.
Dans ce camp de concentration, probablement l’un des seuls que les prisonniers ont baptisé d’un diminutif : « Sackso », des milliers de personnes persécutées du fait de leurs convictions, de leurs origines ou de leurs religions doivent faire face à l’horreur et tenter de survivre à ce déferlement de violence, de cruauté, de turpitude, les mots sont trop faibles pour exprimer la barbarie dont font preuve les nazis, « c’est en cela qu’ils ressemblent aux mouches bleues. Les deux espèces cèdent à la même frénésie pour le sang et la chair fétide. »
Comment survivre donc, dans ces conditions ? Alex va tenir bon grâce aux chansons qu’il écrit sur la vérité cruelle du camp et qu’il va interpréter la nuit devant les autres déportés, comme une saynète, en prenant des risques immenses, échappant in extremis à la mort lorsque le SS Baumkötter lui fera à plusieurs reprises des injections de cultures diphtériques. Il devra son salut grâce à l'intervention courageuse et à la ruse des camarades médecins du « Revier », « l'hôpital » du camp pour en neutraliser le développement fatal. Il s’est promis de tenir jusqu’à la mort d’Hitler pour que ces chansons et ces airs qu’il garde en mémoire ne disparaissent pas. « J’ai la tête farcie de mots et de notes qui composent peu à peu l’histoire du camp. J’entre dans la bagarre. Il faudra survivre ».
C’est avec beaucoup de talent que Jean-Michel Riou fait revivre les quatre années de déportation de ce jeune Aleksander Kulisiewicz né en 1918 à Cracovie et décédé en 1982 dans cette même ville.
Comme il le souligne dans les notes de fin d'ouvrage, il a cherché à rester au plus près de la réalité et il ajoute que les exactions de toutes sortes subies sans relâche par les déportés sont exactes. Seuls certains personnages appartiennent au registre de la fiction, mais ce qu'ils ont subi ne l'est pas.
Le narrateur du roman est Alex, comme l'appellent ses compagnons de déportation, mais l'auteur a eu l'idée originale de faire parler parfois d'autres acteurs du drame et pour cela de mettre leurs pensées en italique.
Ce livre permet de se souvenir que Aleksander Kulisiewicz a permis par ses chansons à de nombreux détenus de s'évader momentanément du camp de la mort et à nous tous de ne pas oublier, en dictant, à la libération, sur son lit d'hôpital de Cracovie 716 pages de chants et de poèmes écrits dans les camps ! Il dira plus tard : « J’ai survécu à la période nazie, mais je n’ai jamais quitté le camp de concentration. »
J’ai eu la chance de pouvoir lire ce roman si important grâce à Babelio et aux éditions Plon que je remercie. Le bandeau de présentation, en noir et blanc, avec des notes de musique accrochées aux barbelés et en arrière-fond les baraquements du camp, est parfaitement adapté au contenu du livre.
Un livre à lire absolument pour ne pas oublier, et surtout rester vigilant, très vigilant car comme l'a dit Germaine Tillion : « Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d'empêcher le pire. »
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
10 000j pr l’humanité
Si petit, vous avez passé des heures dans votre chambre à lire et à rêver avec les livres de Jules Vernes, ce roman est pour vous !!
Un astéroïde va détruire la terre, que faire, attendre et profiter des derniers moments, chercher une solution pour éviter le drame ou s’organiser et créer une autre société ?
Vous aurez la réponse en suivant les péripéties des deux héros de ce livre assez dense, parfois, un peu abrupte, pas toujours léger, ce qui aurait peut être rendu son intrigue plus addictive.
Mais ne boudez pas votre plaisir, 10 000 jours, aurait même toutes les qualités pour devenir une série !!
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