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Dans son roman satirique "Mikko", l'auteur Jan Thirion nous plonge dans un monde où une simple télécommande de télévision devient la clé du bonheur, mais également une énigme existentielle. L'histoire gravite autour de Cyril Poisson, un professeur de mathématiques en proie à une profonde dépression depuis le départ de sa femme. C'est alors qu'il découvre un pouvoir étonnant : la capacité de manipuler le destin des gens à l'aide d'une télécommande qu'il baptise affectueusement Mikko.
Le roman s'ouvre sur une note humoristique, avec Cyril, désespéré, cherchant frénétiquement le mode d'emploi de cette télécommande. Ce manuel devient son Graal, son sésame pour remodeler à volonté sa propre vie et celle des autres. Mikko, dans ses mains, devient une source de pouvoir presque tout-puissant, un peu comme si la clefs du succès réside dans quelque chose que l’on peut contrôler.
"Mikko" ne se contente pas d'être une histoire divertissante ; le récit se révèle également une métaphore saisissante de la société moderne. Dans un monde où la technologie envahit tous les aspects de notre vie, Cyril Poisson incarne l'individu contemporain à la recherche du bonheur. Il est un être ordinaire, confronté aux choix et aux dilemmes que la technologie offre à chacun d'entre nous. Toutefois, l'une des questions fondamentales que ce livre pose est la suivante : devrions-nous nécessairement obtenir tout ce que nous désirons dans la vie, et à tout prix ? À travers des situations tantôt hilarantes, tantôt absurdes, l'auteur nous encourage à réfléchir dans un monde où la destinée est en grande partie entre les mains d'une simple télécommande. Mais en sommes nous le détenteur ou l’esclave ?
Jan Thirion maîtrise habilement le mélange d'humour et de philosophie dans "Mikko". Derrière les péripéties légères de Cyril, émergent des questions profondes sur la nature humaine et notre relation avec la technologie, et j’irai même plus loin : avec son omniprésence dans nos vies. Cette légèreté, teintée de profondeur et de réflexion, offre au lecteur une expérience de lecture à la fois divertissante et stimulante.
Cyril, en tant que personnage, incarne la lutte intérieure entre le pouvoir qu'il possède déjà et celui qu'il désire obtenir. Le roman explore également les limites morales et physiques de la technologie, nous amenant à réfléchir à la complexité de la relation entre l'homme et la technologie à l'ère moderne. Comment le monde va évoluer à l’ère où l’IA devient de plus en plus présente… ?
En bref : "Mikko" est un récit qui nous invite à questionner nos propres désirs et à considérer la place de la technologie dans nos vies. L'histoire nous rappelle que même lorsque nous avons la possibilité de tout contrôler, il existe des limites, à la fois physiques et morales, que nous devrions peut-être respecter. Le livre offre un équilibre parfait entre humour et réflexion et s'avère une lecture incontournable pour quiconque souhaite explorer les complexités de l'homme face à la technologie à l'ère de la gratification instantanée et de la connectivité totale.
Hanoi, Indochine, 1910. Le Lieutenant de Lamourette a disparu : «Officier volatilisé. Absent de son domicile de la Concession, introuvable à la Citadelle». L'armée aimerait bien le retrouver, mais ne veut pas ébruiter l'affaire : «Les policiers civils compliquent tout. La grande muette n'aime pas les voir fouiller dans le barda des militaires. L'armée coloniale est assez grande pour régler ses problèmes toute seule. Comme on le dit ici, pas de fouines sur le dos des tigres blancs.» C'est ainsi que le Colonel Manchecol fait appel au Maréchal des Logis Thirion, une réputation de Dreyfusard, mais aussi une d'enquêteur suite à sa participation à la résolution d'une affaire d'empoisonnement d'artilleurs. Thirion se lance sur l'affaire, affaire qui va croiser celle de prostituées annamites retrouvées mortes, décapitées et sans tête...
Avec cette soupe tonkinoise, Jan Thirion se révèle être un excellent cuisiner. Il y a de bons ingrédients : le décor (l'Indochine rarement explorée dans le roman policier), les personnages (militaires divers et variés et naturellement ceux qu'on appelait à l'époque «les indochinois») et les proverbes orientaux. Mais les ingrédients ne font pas tout et c'est dans le traitement qu'on admire tout le talent de Jan Thirion. En effet, l'homme ne se contente pas de prendre un décor exotique pour faire plaisir à la ménagère de plus de 50 ans, il explore une page d'histoire, racontant des choses édifiantes (manières militaires - les bienfaits de la colonisation -, comme le soutiennent certains -, politique en place..) dans de courts chapitres menés avec brio, légèreté, insouciance travaillée et inventivité («les mains» assassines, par exemple). Les proverbes orientaux ne sont pas là non plus pour faire joli, ils renforcent parfaitement l'histoire «Il est conseillé de ne pas se mêler de sauver l'oiseau tombé dans un nid de serpent»). Bref, une soupe à déguster sans modération en attendant le prochain plat qui on espère sera tout aussi délicieux.
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