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L’histoire dans la Grande, les brumes automnales et glacées, le camp des prisonniers d’officiers en plein cœur de la Poméranie. Juin 1942, Isabelle Vouin prend place, digne et altière dans son récit, porte-voix du Grand Prix de littérature qui va prendre vie dans les tréfonds d’un abîme incommensurable.
Pétri d’humanité, « Les sables savants » est polyphonique, mémoriel et touche aux destinées. Ce roman plausible, entre l’ombre et la lumière est une marche dans la nuit noire. La glorieuse aventure des écritures renouvelées. Ce qui reste sur le plancher fracassé d’une cabane de prisonniers, meurtrie par les nostalgies de ces hommes-savants en résistance.
Bien au-delà d’une trame gorgée de sentiments, d’alarmes, le point d’appui, le mot qui devient le héros, foisonnant et luxuriant dans un salvateur empreint de bonté. Le parchemin est émouvant, de voix et d’estime, d’amour et de déchirures. Au-delà des miradors Edmond œuvre. Il exauce ses prières, un roman venu des profondeurs. Écrire pour atteindre le but, un prix et tout sera sauvé. Transcrire, tel le griot du trou noir, la faim aux abois et la fraternité dans son plus bel éclat. Il va avec Émile et d’autres intellectuels créer une université en plein camp, en plein miracle, en bienfaiteur. L’évocation des savoirs, la lucidité pour encre, l’indicible passation des survivances. L’art dans son summum, et puis, elles. Celles qui sont restées côté France, rivières et barbelés, frontières et distances infinies. Suzanne, juive, belle et blonde, pure et altière, femme française jetée aux loups en pâture. Pedro, le boulanger, Pierrot dans une autre vie, à l’instar de celui de Tournier. Pas de côté, vacillements, Suzanne va se blottir à mille mille des griffes intestines, les Justes, banderole de lumière, la mer à marée-basse.
Les Sables savants, grain démultiplié, Edmond rassemble l’épars, livre qui soufflera dans mille ans encore ce qui fût de la folie des hommes et de l’amour plus fort que la mort.
Isabelle Vouin attentive, silencieuse, observe ces hommes et ces femmes en proie aux tragédies humaines. Ce livre résurgence d’Edmond est littéralement le sien. Cette intériorité qui regarde par la fenêtre le mirage de la paix, mais l’art est grandiose et dans ce camp rayonnent les vertueuses intelligences en fusion.
Comment transformer une épreuve ?
Blé fauché malgré les affres, ce texte d’une formidable amplitude se mérite. Il est au garde-à-vous. Et cette douceur de ton enivre l’universalité des littératures. Destinées valeureuses, livre dans le livre.
« Il le sait, c’est facile de réécrire l’histoire. De réécrire son histoire...Ses fins de journées sont consacrées aux activités du camp : musique classique, jazz, théâtre. Une vie artistique et intellectuelle s’est organisée dans cet espace de landes mornes. »
« Les sables savants » est un récit dont il faut prendre soin. Le lire doucement comme une rencontre avec ces êtres devenus les nôtres. Devenus sentiments et ténacité. Il y a ici, les pas des grands hommes qui sont nos modèles pour demain encore et encore.
C’est un livre bouleversant de tendresse. Une page de notre histoire et le véritable sens d’un prix littéraire.
Publié par les majeures Éditions du Jasmin.
Poignant, subtil, mené d’une main de maître, ce roman pour adolescents et plus est digne d’un génie évident. L’histoire est délicate, le sujet grave, mais posé subrepticement. Le style est si vivifiant que la saveur est un bonbon fondant en bouche. On apprécie d’emblée Valentine, narratrice et protagoniste principale, et héroïne dans une collection « Des romans pour les ados qui disent Je » Cette collection est intuitive, résonnante et la première de couverture est parlante. Quant aux thèmes abordés dans cette dernière, ils sont sociétaux, donnent des réponses, cassent les codes, à hauteur de cette jeunesse qui se questionne, ils sont une bouée de sauvetage. Les textes courts sont incitatifs pour l’ado accro aux réseaux sociaux et au téléphone. « Qui aime bien » est à l’instar de cette écoute où plus rien ne compte plus que d’écouter Valentine. Ce qu’elle conte est plausible pour tous. Pour elle, une certitude. Aucune crainte, le pathos n’est pas encerclé dans le filigrane. Bien au contraire, la lumière est un flambeau. Isabelle Vouin est douée, très. Les dés sont lancés. L’histoire commence. « Qui aime bien, châtie bien » est le fil rouge. Bien suivre cette sentence, manichéenne phrase, dualité controversée. Valentine est battue par sa mère. Et ce depuis sa plus petite enfance. Ballotée, laissée dans sa chambre, le relationnel est un orage permanent. Valentine reçoit l’héritage d’une mère célibataire, élevant seule sa fille, tourmentée, fragile, abandonnée, travaillant trop. Valentine est le bouc émissaire de ce chao. Le vide affectif d’une mère qui ne voit en fille qu’un exutoire, la raison de ses problèmes. Le transfert opère sa toxicité, Valentine est broyée, jusqu’au jour où…. Autour de Valentine, un monde féérique s’élève dès qu’elle s’éloigne du carcan des douleurs maternelles. Elle est passionnée par le cirque, par ce symbole de transmission artistique. Donner à l’autre ce dont elle manque. Valentine veut en faire son métier et fréquente l’école du Cirque à l’instar de caresses qu’elle reçoit et elle offre tout l’amour possible dans sa gestuelle. Elle désire être clown, dans les hôpitaux, les lieux de désespérance, faire rire et sourire un auditoire. C’est dire. « J’ai adoré ce rôle au lycée » « Quel sera-t-il, mon bonheur. Quelles pauvretés faudra -t-il que je fasse moi aussi, jour après jour, pour arracher avec mes dents mon petit lambeau de bonheur ? » « De toute façon, tu n’es qu’une saltimbanque ! Va les rejoindre tes assistés ! » Valentine cherche son père dans l’endurance. Elle veut être son modèle. Ne pas dire le pourquoi de cette volonté vitale. Le charme opère l’aérien de ce grand livre qui vibre d’humanité, de tendresse. Le noir et le blanc s’échappent d’une morale « Qui aime bien, châtie bien. » On aime la profondeur, la qualité vive d’un solaire avéré. « Comme mon père, oui ! Nous sommes de ceux qui posent les questions jusqu’au bout. » Isabelle Vouin sème des petits cailloux. Il faut bien regarder le sens du chemin, apprécier la double lecture. Recopier les phrases qui désirent s’échapper de « Qui aime bien » les méditer sur un grand livre blanc en devenir. « C’est pas simple quand on peut choisir. » « Il m’a vu comme une personne. » « C’est le jour penché sur ma nuit. » « Qui aime bien » est une parabole sublime. Bien au-delà de cette battante jeune fille Valentine œuvre au libre-arbitre, à la persévérance. Dans l’ultime conviction de vivre ses rêves, il y a la traversée du dépassement de soi. Pensez l’autre, le savoir perfectible et accorder une seconde chance à la croisée des chemins. Publié par les Editions Talents Hauts, « Qui aime bien » est une chance pour tous les ados et plus !!!!!
Solaire, intime et grave de cette beauté allouée à l’hédonisme « Le Temps d’un abrazo » est un hymne à la rédemption. Dans ce repli du jour où le microcosme prend ses allures salvatrices. Aérienne, poétique, caressante et nourricière l’écriture est une nage dans un lac consolateur. Ou pas un courant, un nuage noir n’enfreint le verbal affirmé. Tout est raffiné, tendre et relevé. Ce roman est un abrazo, l’expression parabolique d’êtres qui puisent dans la musicalité l’empreinte du geste à retenir. Dans ces pas en quête de sens où l’initiation change d’épreuves selon la couleur du jour subrepticement. La lumière encense les lignes. L’instant devient quintessence et profondeur. Ce roman est calme et puissant. Dans cette idiosyncrasie du sud de la France où les mas tremblent sous les fissures liées au temps, où la chaleur gouverne le lecteur dans une symbolique gestuelle. Nina est le souffle chaud des pages. Belle triste et passionnée elle cherche le rai salvateur qui abolira en maître de feu ses tourments et le manque cruel d’Ivan son compagnon décédé tragiquement. Elle va rencontrer Jean, photographe, reporteur, un grand blessé de l’âme. L’histoire dépasse l’oraison dansante. Le rythme est langoureux, riche de patience. Les chapitres sont portés par cette musique Argentine expressive et si nourricière. « Je suis cloué, ça reviendra toujours, ça ne cessera jamais, l’effroi des enfants, les hurlements des femmes… J’ai froid. Cette musique m’agresse. Vite retrouver les tourments de Piazzolla avec son acharnement et ses dissonances, la brutalité charnelle de Pugliese, m’oublier avec Di Sarli, d’Arienzo, Canaro, Biagi… Leurs déchirements sont nobles… » Ce roman de rencontres, de fusions au-delà des êtres, est une parabole au croisement des destins qui s’entrechoquent pour se reconstruire. « On est le fils de celui qu’on choisit. » l’auteure aime le fondateur, l’alliage entre la pierre et la danse. Ce liant qui divinise la musique et octroie « Le geste lent de celui qui franchit le seuil d’un temple. » « Le temps d’un abrazo » est une marche sous la pluie d’été. L’importance du son écarquille les phrases et prolonge la langueur de l’instant à retenir. « Adios Cporazon » d’Héctor Sapelli est le point final qui relie la résilience et l’espérance. Sincère, « Le temps d’un abrazo » d’Isabelle Vouin aux Editions Grand Angle est un donnant.
« L’Eclaireur » d’Isabelle Vouin a obtenu de Prix Méditerranée des lycéens. Ce roman jeunesse et plus est une ouverture sur la vie et sur ce qui peut advenir quand l’hédonisme est en filigrane dans les lignes majeures de l’auteure. Il faudra attendre que les pages accordent à l’éveil annoncé ce temps de gloire. Et c’est là, toute la réussite de cette histoire plausible. Tant son intériorité est authentique et ses vœux, des outils spéculatifs. Aman est un jeune adolescent somalien. Vivant dans un pays en proie à la violence, à la corruption, aux attentats, aux milices qui endoctrinent les enfants, âmes pures qui se percutent face à l’horreur. Aman est le perpétuel, il ne le sait pas. Il est le sceau en devenir, ne le voit pas. Il a la clef des mots qui sauvent, ne sent pas le respir de cette dernière sur son cœur. Amam veut devenir guerrier. Petit être qui veut s’émanciper et veut son pays tout de sérénité vêtue. Il se trompe de jour, d’heure, devient un anti-héros, miroir fêlé sur l’armure du temps agonisant. Magadiscio tremble, foudroie en plein vol ses enfants armés. Leur jeunesse est un sanglot et les larmes ne peuvent rejoindre le fleuve rédempteur. Cette histoire est pourtant l’espérance, le flambeau dans la main d’un enfant qui devine. Amam va être initié. Il va trouver le Graal des mots en flamboyance. Devenir, la lumière et cette perpétuelle grâce du pouvoir générationnel. Renaître par le mot tel Le Phénix de ses cendres, et comprendre. Evoluer en beauté et grandir de cette métamorphose existentielle. L’histoire est source. Le lecteur retient l’échappée verbale. Amam a trouvé sa voie. La transmission est là. Au seuil de ce qui subrepticement transforme la chenille en papillon, le néophyte en Eclaireur. Il va donner à entendre les sons rédempteurs. Syllabe après syllabe, passeur d’Haruni son grand-père : « l’Eclaireur », Amam en parabole pacifique, va donner le pain nourrissant aux êtres égarés. Isabelle Vouin délivre une histoire profonde, intime, en plusieurs degrés, elle dénonce, suggère, prononce et lève le voile sur l’enfant devenu poète. Elle est le calme des matins prometteurs. Elle est conseillère et sa philosophie est le gouvernail d’une parole salvatrice. Publié par Les Editions Du Jasmin « L’Eclaireur » est ce roman à lire en urgence , pour un quotidien de paix infrangible.
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