Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
PLOUHÉRAN nous embarque dans un périple extraordinaire en vélo de la Bretagne à l’Iran. Isabel à vingt-trois ans et elle a décidé de partir découvrir de nouveaux horizons. Sa mère n’y croit pas une seconde « Elle n’a jamais roulé plus de vingt bornes. Elle débarque ». Pourtant en février 2021, Isabel prend le vélo qu’elle a monté avec l’aide de ses potes, et prend la route...
« La nuit, je rêve de la nuit. »
De cette expérience, Isabel nous livre un récit empreint d’humanité, mêlant anecdotes intéressantes, rencontres marquantes et réflexions intimes. Ses illustrations en noir et blanc, richement travaillées, fourmillent de détails, de motifs et de contrastes, nous transportant dans les lieux qu’elle a traversés. Nous avons été séduits par la beauté du trait, par les architectures, par les paysages variés et par les échanges humains qui ont enrichi son aventure.
À la fois un récit de voyage captivant, un roman d’apprentissage passionnant et une invitation à l’évasion. Isabel nous partage aussi un voyage au cœur d’elle-même, une quête de sens, une aventure où la découverte de l’autre et de soi se mêle subtilement.
Une magnifique lecture inspirante
"J'imagine un monde terrible, peuplée d'ombres et de dangers. C'est la peur originelle. La peur de la nuit dans la forêt."
Prends ton vélo lecteur, nous partons en voyage. Au départ de la Bretagne, nous pédalerons sur les routes avec pour objectif Téhéran. Attention, plus que la destination, c’est le chemin qui compte, le but n’est pas de trouver le trajet le plus court, mais de vivre pleinement l’aventure quitte à aller parfois dans la mauvaise direction.
Cette BD, c’est un carnet de voyage dense et fourni. Nous vivons les expériences de cette aventure hors du commun, entre rencontres, changement de décor et appréhensions. Il y a les nuits qu’il faut affronter seule sous une tente en pleine forêt avec la Bête du Gévaudan qui rôde, les frontières qui se ferment au rythme des confinements, les petites (ou moins petites) galères…Puis il y a le positif, les beaux échanges, les paysages, les nouveaux compagnons de route.
Le noir et blanc avec ses contrastes forts, donne aux dessins une belle profondeur et une certaine intensité. C’est agréable à regarder.
Alors, lecteur, es-tu prêt à partir ?
Nous sommes à l’hiver 2021 en plein confinement et Isabel, tout juste diplômée de droit, s’interroge sur le sens de sa vie. Elle a le voyage dans le sang et ce qu’elle veut c’est partir loin. Oui mais où ? Sans vraiment aimer le vélo, Isabel va se lancer le pari fou de relier Ploüer (en Bretagne) à Téhéran (en Iran). Et voilà, le périple Plouhéran est né. Disons le clairement, j’adore le titre de cette bande dessinée, je le trouve inventif tout en semblant réel, on dirait le nom d’une ville bretonne.
Ce roman graphique est une très belle découverte ! Un voyage initiatique fait de moments de solitude, d’euphorie, de sérénité, d’amitié… Un voyage jalonné de jolies rencontres qui changent tout. Nous suivons Isabel au fil de son périple, à la découverte de nouvelles cultures. Il y a un vrai travail d’introspection et de remise en question. C’est en particulier ce voyage qui permettra à Isabel de se sentir légitime de dessiner.
Une très jolie découverte, avec ses 232 pages à savourer !
Je lis rarement des romans graphiques, en numérique, car je trouve que cela gâche un peu le plaisir de lire dans le format, mais je fais de temps en temps de belles découvertes sur Netgalley, et je présente aujourd’hui l’une d’entre elle : les éditions Delcourt ont publié ce roman graphique basé sur une véritable expérience, celle d’Isabel Del Real, qui a pédalé depuis sa Bretagne, plus exactement de Plouër-sur-Rance, jusqu’en Iran, d’où Plouheran ! Moi qui suis tout sauf sportive, je me suis d’abord demandé comment produire une telle performance, et c’est effectivement cet exploit d’abord sportif qui a commencé par attiser ma curiosité. Curiosité accrue par le fait que le trajet de l’autrice l’a ainsi amenée à traversé les Balkans, ce qui a fini par me convaincre.
L’autrice est Isabel Del Real, née d’un père espagnol, d’une mère française, c’est en 2021 l’année de ses 23 ans, en pleine pandémie, qu’elle se décide à enfourcher le vélo, que des amis calés en mécanique cycle l’ont aidée à monter, pourvu de son portable, sa carte bleue, sa tente et ses vivres. Tout démarre de Plouër-sur-Rance, tout finit à Téhéran : elle en profite pour faire un long détour en Espagne, s’arrêtant chez sa tante qui l’accueil, puis direction l’Italie via un ferry qui lui épargne le sud de la France. S’ensuivent la Slovénie, les Balkans jusqu’à la Turquie pour poser pied à terre en Iran. Toute une carte détaille son périple en tout début d’ouvrage.
Comme la couverture le préfigure, le roman graphique n’est pas colorisé, les illustrations se déclinent uniquement en noir et blanc, ce qui s’avère être un choix très utile, car non seulement, il ne dessert pas la place laissée aux paysages – la couverture en est un bon exemple – mais cela préserve l’équilibre entre le récit et les illustrations. Le livre est découpé en plusieurs chapitres, relatant les étapes importantes de son voyage, les rencontres marquantes d’autres cyclistes qui ont fait pendant un temps voyage à ses côtés, les rencontres des autochtones qui ont pu lui offrir le gîte et couvert. On assiste à la visite des villes, et pays, aux moments de contemplations des paysages, les pauses, mais aussi les doutes, qui n’ont pas cessé de l’assaillir d’un bout à l’autre de son circuit, les moments d’effroi, des bêtes sauvages, du mauvais temps, de potentiels fauteurs de troubles. Et d’autres aléas comme la fatigue, les problèmes de mécanique, de visa.
Isabel a parcouru 15 000 kilomètres et je trouve qu’ils sont assez bien résumés dans ces 232 pages : on ressent cette sensation vertigineuse de solitude qui l’étreint au milieu de nulle part, ou plutôt des paysages vides à des kilomètres à la ronde. Une solitude qui lui fait perdre la notion de tout, du temps comme de la distance, et surtout cette conscience de ne plus pouvoir compter que sur elle-même. Une façon de renouer avec la nature et avec les gens, une nature qu’elle apprend à dompter et surtout des lieux inaccessibles au commun des mortels qu’elle découvre au détour des chemins sur lesquels elle s’aventure, le monastère d’Ostrog au cœur du Monténégro (le plus visité des Balkans). C’est assez déconcertant de voir avec quelle facilité les gens l’invitent chez eux pour partager un repas, un moment autour d’un alcool et des airs de guitare, avec quelle ouverture et générosité, ils partagent ce qu’ils ont et racontent leur vie et leur histoire.
C’est comme si l’on voyageait aux côtés d’Isabel, depuis les forêts slovènes, jusqu’aux côtes caillouteuses de Croatie et sa mer adriatique aux eaux claires, jusqu’aux remparts de Kotor, aussi belle que touristique, la première ville du Monténégro dès lors que l’on arrive de la Croatie. Des découvertes dès lors qu’elle met le pied en Albanie, totalement déboussolée dans sa capitale Tirana, ou les deux jeunes hommes qu’elle prend pour des mafieux sont en fait professeur, la Macédoine, la Grèce, la Turquie, On sent Isabel changer au fur et à mesure qu’elle passe les frontières, la solitude qu’elle a réussi à dompter, la sérénité de n’avoir aucune limite de temps, rien ni personne qui l’attend, la liberté d’improviser, de s’arrêter dès qu’elle en ressent le besoin, la faculté à s’adapter presque n’importe où. Ce roman graphique est divertissant autant qu’instructif, il ferait naître des vocations de cyclistes amateurs que je n’en serais pas surprise, il donne en tout cas des envies de voyage à l’aune de cet été qui n’est plus très loin.
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