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Il y a longtemps que je n’avais pas ressorti un classique… J’ai envie de vous parler du Malade imaginaire de Molière…
Une pièce parodique où l’hypocondrie est tournée en dérision : Argan est un mari tyrannisé par sa jeune épouse qui en veut surtout à son argent. Persuadé d’être toujours malade, il a une confiance aveugle en des médecins malhonnêtes qui l’entretiennent dans un état maladif, entre fantasmes et névrose. Apathique, désespéré, il ne voit d’espoir, pour préserver sa santé, qu’en l’union de sa fille Angélique avec un homme de médecine. Son choix s’est porté sur le neveu dégénéré d’un charlatan. Angélique, éprise de Cléante qui lui fait la cour travesti en maître de musique, refuse cette union que sa marâtre encourage avec hypocrisie. Bousculé par Toinette, sa fidèle servante, sermonné par son frère, Argan accepte de feindre la mort pour éprouver l’affection des siens. L’amour sincère de sa fille et la duplicité criminelle de sa femme éclatent alors au grand jour…
Dans mes années collège, je me souviens que l’accent était surtout mis sur le côté comique, caricatural, satirique… Pour le contexte, nous apprenions que Le Malade imaginaire, pièce créée en février 1673, était la dernière pièce de Molière et qu’il était mort à la suite d’un malaise sur scène.
Aujourd’hui, avec le recul, je préfère garder comme axe de lecture le personnage d’Argan, non pas seulement comme l’axe central autour de qui toute la pièce est construite puisque toutes les péripéties découlent de son caractère particulier, mais plutôt en tant que double intra-diégétique de Molière. Au-delà du ridicule et du comique, nous pouvons lire dans l’état maladif d’Argan les inquiétudes de Molière pour sa propre santé ; en effet, pendant l’écriture de cette pièce, Molière se savait gravement malade. Ainsi peut-on remarquer que, malgré l’abondance de ressorts comiques, chaque acte se termine par une évocation de la mort…
Paradoxe ou ambivalence de l’auteur ? La pièce est bâtie autour de l’opposition constante du vrai et du faux : l’auteur souffrant met en scène un faux malade, écrit des scènes avec un vrai ou un faux maître de musique, un vrai ou un faux médecin, une vraie ou une fausse maladie, un vrai trépas ou une mort simulée…
Voilà des réflexions qui teintent de gravité Le Malade Imaginaire…
À lire et relire, même si les comédies-ballets n’ont pas ma préférence.
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