"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les éditions Gallimard ont choisi de rééditer ce court essai d’Hélène Cixous, datant de 1975.
L’autrice, essayiste, philosophe, féministe nous parle de l’écriture féminine et de son évolution.
C’est un texte qui n’a pas pris une ride, entièrement d’actualité, qui nous fait réfléchir sur la façon qu’a la femme de s’exprimer par écrit, avec tout le bagage culturel et social qu’elle transporte depuis des décennies.
C’est un essai qui donnera envie aux femmes qui n’osent pas franchir le pas, de prendre le stylo (ou le clavier) et de revendiquer leur droit de s’exprimer en tant que personnes individuelles, et non plus par opposition aux hommes.
C’est un essai très court, à la portée de tous les amoureux de la littérature et de tous les disciples d’Hélène Cixous.
Hélène Cixous nous dit : « Il faut que la femme s’écrive, que la femme écrive de la femme et fasse venir les femmes à l’écriture ». Alors, lisez et écrivez !
Hélène Cixous nous offre ici un texte de Haute Littérature, où elle mêle harmonieusement des souvenirs familiaux de l’exil des juifs devant les nazis et la fuite des propriétaires de la Teste de Buch, lors de l’incendie de 2022.
Elle utilise de nombreuses métaphores animales et olfactives pour tantôt opposer ces deux fuites, tantôt les rapprocher, les comparer.
Elle joue avec les mots, les faits passer de 1942 à 2022 dans une sorte de danse moderne et difficilement appréhendable.
C’est la première fois que je lis Hélène Cixous, écrivaine, dramaturge, poète, philosophe, féministe reconnue. Ses mots entre poésie et philosophie ne sont pas à la portée de tous et s’adressent à un public averti et épris de littérature créative, futuriste, féministe et originale.
C’est une lecture qui demande une attention particulière et dont on ressort grandi.
Il aura fallu plusieurs années, entre son décès et ce moment. Plusieurs années pour se décider à vider les lieux. A vider une vie. Un appartement. Celui de sa mère.
C'est sur les ruines maternelles que l'héroïne entraîne son fils, sa fille. Ses lecteurs. Des ruines scrupuleusement rangées. Dans des valises. Méticuleusement codées et organisées.
Osnabrück d'abord, en Allemagne.
Les vestiges d'une synagogue. Et les souvenirs d'Eve, ses souvenirs d'hommes et de femmes persécutés. Torturés. Brûlés.
Des cendres de guerre.
Sa famille. Ses voisins.
Et la fuite déjà.
L'Algérie ensuite.
Comment Eve devient sage-femme. Lutter pour la vie après tant de morts. Les valises toujours prêtes. Parce qu'on sait. On a compris. Nulle part ce n'est chez soi.
En 1971, après la prison, à nouveau on la chasse.
Eve embarque pour la France.
Accumule ses ruines.
Pour ne pas oublier.
C'est avec ces ruines-là que l'auteure s'emploie à reconstituer l'essentiel. Des événements, un peu. Des émotions, tellement. On flirte avec l'urgence, à bout de souffle, on suit Eve, on porte ses valises, on lui prend la main, on marche vite, de plus en plus vite, pour rester à sa hauteur.
La plume est adroite, nuancée.
Que dire. Si ce n'est le plaisir de découvrir cette auteure.
Hélène Cixoux nous livre l'agonie de sa mère, sans taire le corps qui se délite et s'absente. Un texte d'amour très fort.
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