"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
ne couverture épurée, brune caramel, comme vieillie par le temps. De petites illustrations discrètes, adorables comme enfantines sans vraiment l'être. C'est ce qui m'a tout d'abord attirée en voyant le livre de Harry Mathews chez un bouquiniste de Granville. Le genre de livre qui attire un bibliophile. Le genre de livre qui m'attire. Pour moi, il ne suffit pas d'une magnifique couverture pour qu'un livre soit bon. Il faut aussi une qualité littéraire. Pourtant, lorsque le bouquiniste m'a dit qu'à l'intérieur c'était beaucoup sur le sujet de la masturbation comme c'était au rayon "érotique", j'avoue avoir eu une hésitation à l'acheter. Serais-je capable de lire ce style littéraire? Est-ce que cela me plairait? Me répugnerait? Et puis, j'ai sauté le pas et j'ai pris le livre parmi d'autres trouvailles comme des trésors dans une caverne d’Ali baba. Y'a eu une sorte de connivence alors entre le bouquiniste et moi car déjà lorsque je lui ai demandé le rayon "érotique", il m'y a amené et m'a dit... Bienvenue dans l'antre du diable! Cela m'a fait sourire. Entre gens de lettres, passionnés de lecture, y'a eu des sourires satisfaits et entendus. L'un de sa caisse remplie, l'autre de son cabas plein de livres à dompter du regard. Mais, ce n'était pas qu'une question financière ici. J'ai eu le droit à de petits cadeaux en remerciement, un petit badge de pirate pour mon fils et pour moi de beaux marques-pages... Je me suis dit que j'y reviendrais sans doute dans cette petite boutique aux allures de caverne où l'ours trônait au fond, l'oeil aux aguets. (sourire, je parle du bouquiniste).
Mais revenons à nos moutons,.... je veux dire notre livre de Harry Mathews. Et bien, figurez-vous que je n'ai pas détesté ! J'ai commencé à le lire comme si j'étais frustrée de ses mots et de son incessante envie de remettre sur le tapis la masturbation en jeu puis, au fil de pages, non-coupées car comme me l'a dit le bouquiniste et cela va parfaitement bien avec le désir d'intimité de lecture mais pas seulement je dirais, le lecteur aime être le premier à lire le livre, ce livre, d'où ces pages encore à demi-scellées dans une volonté de solitude personnelle et d'intimité timide et rougie, je dirais. Oui, rougis de l'émotion que procure ce livre et de tels mots à l'intérieur. Alors, oui, j'ai aimé le lire, aimer m'imaginer chaque scène parfois oui pleine de poésie, parfois malicieuses, osées, parfois j'ai eu envie de rire à certaines situations évoquées et 'ai continuer ma lecture, seule, ne voulant pas être dérangée.
Au fur et à mesure de la lecture, j'ai compris qu'on ne devait pas juger de mots ou encore avoir honte d'évoquer la masturbation qui nous le savons tous est pratiquée par bon nombre de gens, qui sait même de moi, de vous et ici, j'ai trouvé que je voyageais dans le monde, dans des univers particuliers, dans l'intimité des gens ou comme le dit le titre de l'ouvrage, dans des plaisirs singuliers. Ma seule déception serait la frustration ressentie à chaque page tournée car à chaque fois une autre histoire se conte et j'ai trouvé peut-être que l'auteur n'avait pas assez peut-être poussé dans l'émotion même s'il avait, lui, osé écrire ce livre et ces mots-là. Par contre, ce n'est pas un livre que je vous dirais de fuir et de ne jamais lire mais au contraire d'oser lire pour mieux comprendre et qui sait, vous épanouir...
J'ai osé, j'en suis fière.
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