Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
C'est un premier roman. J'ai été surpris par l'histoire, le décor, les conditions de vie. J'ai décroché à quelques reprises. Ce roman, contient une enquête policière, dans un village qui connaît un jour et une nuit dans l'année.
Le thème est tentant encore un livre à decouvrir avec plaisir ,le sujet m attire beaucoup ,sur la vie de ses gens différent, leurs façons de vivre autrement
Un roman qui se passe dans un pays inconnu, où les habitants hibernent et dorment tout l’hiver, un pays imaginaire décrit avec poésie.
Un des habitants, suite à une mort suspecte, décide de ne pas s’endormir.
On aurait pu croire à une enquête policière mais cet éveil est prétexte à la solitude, à la contemplation, à l’observation de la Nature et de la vie des Hommes liée inévitablement à cette nature hostile.
L’écriture de ce roman est très belle et poétique, le rythme lent, le sujet est traité comme dans un conte.
Un roman original qui me fait attendre le prochain de cet auteur avec impatience pour confirmer mon avis sur ce talent émergent.
Igarka est un endroit mystérieux. On ne sait rien de l’époque, ni du lieu, sinon qu’il n’y a aucune trace de modernité. Le récit commence en automne dans la maison de Sören et Anna qui vont avoir leur premier enfant. Le froid devient intense et ils vérifient les provisions avant de s’endormir pendant tout l’hiver. Et oui, Guillaume Huon a eu l’idée étonnante d’imaginer une période de pause hivernale dans le métabolisme des habitants de cette vallée isolée à la nature généreuse, au moins à la belle saison. Ils accumulent des kilos de céréales, de la viande séchée, des fruits confits dans le sirop, des récipients d’eau qu’ils consommeront dans des phases de semi-sommeil où ils se lèveront seulement pour s’alimenter de temps en temps…
La vie sociale à Igarka est très organisée. En plus d’être éleveur de moutons, Sören a une charge de sergent. A ce titre, il recueille les demandes des habitants de la vallée et communique avec ceux du Temple vivant à l’écart du village dans de toutes autres conditions puisqu’ils consomment le rigichor, un breuvage permettant de rester actif tout l’hiver (pas de sommeil pour eux), chacun ayant une fonction particulière (Révèrent, Veilleur, Nourrice…). C’est au Temple que les bébés nés au printemps sont laissés pour passer l’hiver suivant alors que leurs parents dorment plusieurs mois se suite.
Le printemps revenu, le sergent Sören est réveillé brutalement par des coups à la porte. Dans ce village d’ordinaire paisible, le corps du vieux Matteus vient d’être découvert. Sören va sur place et suspecte un assassinat. Alors qu’il mène l’enquête, il craint d’être assassiné pendant l’hiver quand il sera profondément endormi et décide de rester éveillé – il a découvert du rigichor chez le vieux Matteus – pour se protéger ainsi que Anna. Il place leur enfant en nourrice au Temple et commence une interminable veille, jour et nuit.
Cette fable lancinante est introduite par une citation de Laurent Gaudé plaçant le thème du sommeil au centre : « Je sais que tout cela est vrai. Je viens de là. Il n’y a pas de peur autre que celle-là en moi. Tant que je ne dors pas, je ne redoute rien. »
C’est une parabole formidable sur la vie, sur l’angoisse et la peur pouvant s’inviter pendant ce temps énorme de la vie passé à dormir, sur le grand sommeil de la mort aussi. C’est une belle fable sur l’amour, la paternité et la nature. J’ai adoré ces pages merveilleuses de la découverte de la neige par Sören lors de ce premier hiver (période qu’il n’a pas vécue avant de consommer le rigichor), j’ai ressenti l’émotion de Sören lors des retrouvailles avec son fils Bo au Temple, j’ai aimé les pistes de réflexion sur la gouvernance et sur la paix de la cité : « ...équilibre entre ce qui nous manque et ce qui nous reste. Entre le savoir et l’ignorance. »
Guillaume Huon prend le temps de la contemplation et livre des pages bouleversantes sur la la nature, notre rapport au vivant et « aux heures indistinctes que l’on ne mesurait pas. » Il pose la question de la part de hasard dans le processus de l’évolution ?
J’ai reçu ce roman comme une petite merveille, un récit d’adulte écrit avec des yeux d’enfant, tourné entièrement vers la vie, sa beauté, son mystère. « Il le rassurerait, et lui jurerait que tout allait bien se passer, maintenant. Il comprenait que les serments rassurants étaient le seul pacte que l’on pouvait présenter à la vie : Ne me retire pas cet amour paisible, je t’en prie. Permets-moi de le connaître encore. » Ce cantique là me parle, il donne confiance pour avancer. L’Art n’a-t-il pas eu toujours cette fonction depuis les cavernes (et aussi l’art sacré, l’art moderne quand il n’est pas purement décoratif ou marchand, avancer dans la vie contre les forces obscures du néant?)
Le gardien de sommeil. Quel titre ! Le roman nous parle d’un sujet plus souvent évoqué du point de vue médical ou psychanalytique. Mais que faire au niveau fiction d’une période seulement animée par les rêves et les cauchemars ? Guillaume Huon à travers son idée d’hibernation humaine et son opposé de veille permanente – sous l’effet du breuvage – observe la condition humaine faite d’une alternance d’ombre et de lumière. On retrouve ici le sentiment à la fois exaltant et angoissant d’un lever en pleine nuit, quand tout dort aux alentours. On observe par la fenêtre, un bruit survient… une ombre dans la rue... une traînée de lumière… un croissant de lune... L’imagination galope, d’autres mondes apparaissent !
Guillaume Huon vit en Normandie. Ancien professeur de français, latin et grec, il se consacre aujourd’hui à l’écriture. J’ai eu le plaisir de découvrir ce premier roman, Le Gardien sans sommeil, dans le cadre des sélections pour le prix Orange du livre 2024. C’est un livre singulier que je vous conseille. Je ne l’ai pas lâché quand je l’ai reçu et même relu en grande partie pour rédiger cette chronique (il est très court mais d’une grande intensité...) Il m’a encore surpris par l’imagination et la poésie déployées !
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