"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sandro nous raconte la vie à Ravina, en partant des années et des semaines qui ont précédé la disparition de Chiara pendant l'été 2005. L'amitié entre son père et Serrai. Serrai et Bianca qui l'ont pris chez eux à la mort de ses parents alors qu'il était adolescent, qui lui ont offert un foyer et un avenir. L'arrivée d'Aurelio Marra le jeune médecin dans ce trou perdu. Sa relation avec Lucia, "petite sœur" d'adoption avec qui il avait une complicité parfaite mais aussi Chiara, autre "petite sœur". La personnalité de Bianca assez abrupte et celle de Serrai le taiseux. Ses parents qui s'aimaient.
Le récit de Sandro est prenant et lent comme la chaleur d'un soleil de plomb. On se laisse emporter dans la vie de ces gens, dans ce village à l'écart du monde où rien ne se passe jamais. Hélas, dans les villages on s'observe les uns les autres, on sait tout sur chacun, on juge, on envoie des lettres anonymes, on voue aux gémonies. Mais quand Chiara disparaît, personne ne sait rien. Pourtant tout le monde a quelque chose à dire. Le cirque médiatique s'installe avec les journalistes et toutes les petites mesquineries des uns et des autres ont libre cours. La pudeur et la décence ne sont pas de mise. L'obscénité et les fanfaronnades sont reines.
L'écriture est belle et on se laisse emporter dans cette histoire étrange où l'incommunicabilité est le véritable poison, dont les médias usent et abusent sans vergogne dans le but de manipuler les victimes de cette tragédie et vendre de la compassion dégoulinante : "[…] des kilos de pathos avalés tout crus par les caméras et régurgités tels des bouts de viande avariée sur les écrans de télévision."
J'ai été envoûtée par cet été tragique qui nous traine dans une ambiance parfois poisseuse, ce récit à rebours qui nous amène jusqu'au dénouement et au delà, en retraçant des événements inspirés d'un fait divers réel. Je n'ai pu m'empêcher de penser à l'affaire Gregory et le cirque médiatique dans lequel les charognards se sont engouffrés sans vergogne, jusqu'à anéantir la notion de pudeur, de respect du deuil et de la douleur, obsédés qu'ils étaient par l'envie de scoop.
Pas à pas les secrets tombent et nous dévoilent une vérité sordide. Ce roman m'a emportée presque sans que je m'en rende compte.
En 2005, le petit village de Ravina situé en Italie du sud est le théâtre d'un drame, une fille de 15ans disparaît. Les médias s'emparent de l'affaire en faisant un feuilleton national.
Sandro, jeune infirmier raconte 'histoire 15 ans apres. Lui même est mis au ban d'une société intolérante et violente pour ses tendances non conformes à la morale villageoise.
L'art du suspense est maîtrisé de main de mettre, mais c'est bien plus qu'un thriller, c'est une étude sociologique, psychologique qui nous tient en haleine, c'est une radiographie balzacienne, une etude de moeurs.
Les personnages sont décrits avec une épaisseur texturale par Sandro, le narrateur. Les caracteristiques du paysage sont carrement des éléments vivants.
L'intrusion des médias rajoute une note tragique à ce récit.
Les personbages des juges et procureurs rappellent l'actualité courageuse des juges italiens, Falcone etc...
C'est un très beau récit.
Bruxelles, an de grâce 1932. Fernando Gasparri, médecin d’origine italienne installé depuis longtemps en Belgique, va bientôt devoir faire le choix d’une vie. Une vie jusque là faite de routine et de petits tracas, entre ses patients du quartier de la rue de la Tulipe à Ixelles et la rédaction d’une synthèse sur les dangers du sulfure de carbone sur la santé, entre les soins à sa sœur invalide et les visites au cimetière sur la tombe de son épouse adorée. En dehors du train-train quotidien, le Docteur Gasparri, la cinquantaine, catholique pratiquant, ne s’intéresse pas le moins du monde à la politique, ne veut rien en savoir, en entendre ni en lire. Beaucoup par naïveté, un peu par lâcheté ou égoïsme, il ignore tout des événements qui secouent pourtant sérieusement le pays à cette époque. Les grèves ouvrières, réprimées brutalement par le patronat et la police, s’entremêlent à la montée du fascisme en Europe, qui amène en Belgique des opposants italiens, espagnols ou yougoslaves, surveillés de très près par les autorités belges.
Malgré tous ses efforts pour la maintenir à distance, cette réalité vraie va s’inviter dans la bulle du Docteur Gasparri. Celui-ci s’est en effet pris d’affection pour les Guareschi, un jeune couple d’immigrés italiens originaires de la même région que lui, et dont la situation est devenue précaire en raison de la maladie et du chômage. A leurs ennuis financiers s’ajoute désormais un autre péril : Oreste, le frère de Madame Guareschi, vient de débarquer à Bruxelles après avoir fui l’Italie fasciste. Repéré par la police belge, sa présence présumée subversive met en danger les Guareschi, qui risquent l’expulsion vers l’Italie. Le Docteur Gasparri est appelé à la rescousse, et le gouffre d’un terrible dilemme s’ouvre devant ses pieds.
Le roman est divisé en cinq chapitres, les cinq jours de l’audition du Docteur par la police. Cinq jours pendant lesquels il retrace la chronologie des événements qui l’ont amené à cette audition. Entre les descriptions purement factuelles on entrevoit également ses questionnements : suivre son propre cœur ou les idées d’un autre, sauver un individu en particulier mais entraver une grande cause, un petit geste courageux ou une grande lâcheté, ou l’inverse, l’aveuglement au monde pour préserver sa propre paix, ou l’éveil de la conscience politique avec obligation de choisir un camp.
Sur le thème de la responsabilité individuelle à l’heure de la montée de l’extrême droite pendant l’entre-deux-guerres, « L’audition du Docteur Fernando Gasparri » est un roman très intéressant et très bien écrit, qui met en lumière les événements d’une époque que je connaissais très mal, et qui, surtout, décrit avec beaucoup de finesse le questionnement existentiel et le cheminement moral d’un homme soudain forcé de choisir entre devenir un salaud ou un héros, un choix aux conséquences lourdes, quel qu’il soit.
Eté 2005 à Ravina, petit village de la région de la Basilicate en Italie.
Tandis que la Frisella bat son plein, Chiara, une adolescente de 15 ans, nièce de Pasquale Serrai producteur bien connu de la région, disparaît.
Alors que les forces de l'ordre et les habitants se mobilisent afin de retrouver la jeune disparue, une émission de télévision à sensation s'empare de l'affaire qui est répercutée dans tout le pays, offrant aux regards indiscrets l'incompréhension et la douleur de l'entourage et des villageois.
15 ans après les faits, Sandro, orphelin recueilli à l'adolescence par la famille Serrai, nous raconte cet épisode tragique.
Bien plus qu'un roman à suspens inspiré d'un fait divers. C'est aussi l'histoire d'une famille meurtrie par les secrets et la jalousie et le portrait d'une société rurale concentrée sur le travail qui n'a pas eu le temps de s'ouvrir au monde et faire évoluer les mentalités. Il ouvre également la réflexion sur la démagogie des médias dont l'unique préoccupation est de faire de l'audience.
Une écriture juste et d'une grande sensibilité qui décrit à merveille les sentiments humains et leur complexité.
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