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Vadim Baranov, l'homme qui murmurait à l'oreille du Tsar, est le narrateur de ce roman.
Un ancêtre qui avait survécu aux purges du Stalinisme, misanthrope au plus haut degré.
Les Baranov ont servi la Grande Russie des Tsars.
Il décrit en détail le déclin de Brejnev et d'Eltsine, l'incroyable ascension de Poutine.
Poutine, ancien membre du FSB (ancien KGB), au regard de glace et aux décisions irrévocables.
Alors que la Russie a perdu la Guerre Froide et s'est vautrée dans un capitalisme effréné (les Oligarques milliardaires) , Poutine en appelle à la Patrie, à la Grande Russie de Staline, de Pierre le Grand .
Il n'hésite pas à écarter (...) certains oligarques omnipotents, pour l'exemple.
Un seul mot d'ordre : "Mettre un terme à la désintégration de la Russie " (celle décrite par Hélène Carrère d'Encausse )
Le soulèvement en Ukraine n'est alors pas admissible et il doit réagir, ne pas baisser la garde face à l'opposant (comprendre l'Occident et pas nécessairement l'Ukraine)
Poutine a rétabli la verticalité du pouvoir. En fin stratège, il sait profiter des failles du cerveau humain.
Il a compris que la solitude du pouvoir le privait de femme, d'enfants et d'amis.
Autour de lui, ne papillonnent que des courtisans et/ou ennemis.
Poutine est le machiavel 2.0. , sauveur de la fierté russe .
Attention !
Il s'agit là d'un immense roman.
Il faut accepter de s'imprégner de "l'âme Russe", ne pas juger avec nos repères occidentaux.
Oui, Poutine n'admet pas l'opposition et peut démettre n'importe qui en 24 heures mais ne gageons pas qu'il a une très haute estime de la Russie et n'est pas disposé à la laisser entre les mains de la CIA.
Les méthodes sont expéditives mais l'objectif n'est pas nécessairement personnel.
J'ai pris un immense plaisir à la lecture de ce roman de "philosophie politique et sociale" .
Baranov ne fait pas l'éloge inconditionnel de Poutine mais tente de nous expliquer les motivations du Tsar.
Comme Sylvain Tesson le souligne régulièrement dans ses ouvrages, les Russes ne raisonnent pas "à l'occidentale" .
Juger rapidement ce peuple et son dirigeant sans prendre en compte cette dimension serait une grave erreur de lecture.
Ne ratez pas cet incroyable roman.
Une fiction, vraiment ?
Ici, nous est contée une presque confession, celle de Vadim Baranov, conseiller fictif de Vladimir Poutine.
On suit cette ascension inexorable, on rentre dans la psyché du personnage qui, calmement, nous explique les raisons et nous convainc presque de la justesse des évènements. C'est flippant.
Le russe était ma second langue au collège ; je suis allée en ex-URSS, à Moscou, à Leningrad encore nommée ainsi, et à Kiev. Ce roman m'a secouée car je sais que je n'y retournerai pas.
Les fondements du conflit actuel et l'aveuglement de la population sont parfaitement décrits ; un rouleau compresseur.
L'écriture est élégante, le ton intime presque hypnotique et c'est passionnant.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, je conseille l'excellent Podcast de Philippe Collin sur France Inter : Poutine, le tsar soviétique.
» Le mage du Kremlin » est le premier roman de Giuliano da Empoli paru en avril 2022 aux éditions Gallimard et récompensé la même année par le Grand Prix du roman de l’Académie française.
Ancien adjoint au maire en charge de la Culture à Florence (2009-2012) Giuliano da Empoli a été conseiller politique du président du conseil italien Matteo Renzi.
Journaliste et politologue italien, il est notamment l’auteur de l’essai » Les Ingénieurs du chaos » paru chez JC Lattès en 2019.
L’épigraphe du philosophe français d’origine russe, Alexandre Kojève, raisonne tout au long de cette oeuvre romanesque sur le sens de la responsabilité de l’engagement.
La vie est une comédie. Il faut la jouer sérieusement.
Interrogé par un intellectuel occidental, Vladim Baranov, ancien conseiller du Tsar, est le mage du Kremlin. Metteur en scène russe puis producteur de télévision, il devient l’éminence grise de Vladimir Poutine. Dignitaire attachant et poète cultivé, il est le seul personnage dont l’auteur change le nom. Mais le lecteur reconnaîtra en l’énigmatique Baranov, la troublante consonance avec l’ancien conseiller de Poutine, un certain Vladislav Sourkov… Homme de théâtre et du spectacle, Baranov embrasse son rôle de conseiller politique comme un personnage de pièce de théâtre d’avant-garde, aspirant à la performance artistique. Giuliano da Empoli se base sur des faits et des rencontres réels, seuls les dialogues sont du registre de la fiction. Tout est crédible et vraisemblable, tout comme Poutine est fidèle à son personnage. Baranov livre ses confessions sur l’ascension au pouvoir de Poutine en 1999 et la restauration de la verticalité du pouvoir.
p. 110 : » A ce point, il s’est produit un phénomène qu’aujourd’hui encore je ne saurais tout à fait expliquer. Poutine est resté silencieux pendant un moment. Et quand il a repris la parole, il n’avait pas changé d’expression, mais sa présence avait assumé une consistance différente, comme si son corps avait été immergé dans une cuve d’azote liquide. le fonctionnaire ascétique s’était soudainement transformé en archange de la mort. C’était la première fois que j’assistais à un phénomène de ce genre. Jamais, même sur les scènes des meilleurs théâtres, je n’avais été témoin d’une transfiguration de ce genre. «
Ce roman n’est donc pas une simple réflexion sur les rouages de l’exercice du pouvoir en Russie.
p. 166 : » Il est évident que, par rapport à d’autres endroits, la lutte pour le pouvoir en Russie est encore un processus sauvage et fantaisiste : tout peut arriver à n’importe quel moment. Les règles sont féroces parce que la mise en jeu est elle-même féroce. «
Il questionne particulièrement sur la relation entre l’art et le pouvoir. Les références aux auteurs russes y sont nombreuses. Créer le chaos sous une forme romanesque démontre la cohérence de la narration entre la fiction et l’essai journalistique. L’analyse quasi clinique du gouvernement autoritaire russe par le personnage de Baranov marque l’opposition entre la démocratie et la démocratie souveraine. L’anecdote du labrador rapportée dans ce roman, lors de l’entrevue entre Angela Merkel et Vladimir Poutine est glaçante et machiavélique dans sa mise en scène et le jeu du pouvoir.
https://missbook85.wordpress.com/2024/06/09/le-mage-du-kremlin/
Le titre de ce roman donne la tonalité de sa teneur. Et « Giuliano Da Empoli », homme d’expérience qui fut conseiller de Matteo Renzi – ancien président du conseil italien – dont c’est le premier roman, utilise sa verve pour nous plonger dans les arcanes du pouvoir en Russie, des années 1990 à nos jours. En l’occurrence, Vadim Baranov personnage fictif, (cependant quelques ressemblances avec Vladislav Sourkov) dont le parcours passe de metteur en scène , puis producteur d’émissions de télé-réalité pour devenir l’éminence grise de Vladimir Poutine, surnommé le Tsar. De sa datcha, il va livrer une nuit au narrateur ses mémoires orales de sa proximité auprès du Tsar, en tant que puissant stratège du Kremlin, avant son exil suggéré.
Un récit sur l’ascension après les événements de mur de Berlin, de la société et l’éviction des apparatchiks, l’enrichissement des oligarques dans un semblant de marché capitaliste, mais laissant le « petit peuple » désorienté. C’est ainsi que le Tsar, va devoir répondre aux besoins de sécurité et d’autorité de celui-ci. Ainsi à l’aide son conseiller, que rien ne rebute pour satisfaire le président, agit en conséquence notamment lors : de la guerre de Tchétchénie, le naufrage du sous-marin Koursk, la prise d’otages du théâtre de Moscou ou encore la révolution orange. Ainsi est restituée la montée en puissance de Vladimir Poutine, et sa volonté inexorable de reformer les anciens territoires de l’U.R.S.S. ; et ce, sous une main de fer !
Une vision sociétale de l’avenir, qui concerne l’espèce humaine, et postule que pour qu’il puisse garder sa liberté, la seule issue serait une société autoritaire, sous l’apparence de rationalisation et d’organisation sociale. Notamment avec l’utilisation de la technologie, tel que : l’intelligence artificielle ; qui sous prétexte du bien social, semble fournir le privilège d’un bonheur programmé par la machine, mais qui sous-tend une forme d’esclavage...
« Le mage du Kremlin » décrit les coulisses du pouvoir et offre de multiples méditations sur les dérives déclinées par le pouvoir politique. À l’instar des risques inhérents au totalitarisme qui ne présagent rien de bien pacifique ; l’avenir le dira. On peut sans doute conclure avec Blaise Pascal ; « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique ».
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