"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le titre de ce roman épistolaire interpelle chacun d'entre nous avec le tutoiement et cela a fonctionné avec moi; ma curiosité a été éveillée sans connaître l'auteur et sans avoir lu la quatrième de couverture.
Gérard Salem est psychiatre et thérapeute familial; il a écrit de nombreux essais sur le sujet mais "Tu deviens adulte le jour où tu pardonnes à tes parents" est son premier roman.
Boris, qui a claqué la porte de sa famille sept ans auparavant, consulte un psychiatre à un moment de sa vie où tout va mal : divorce conflictuel, son ex-femme refuse qu'il voit leurs deux fils, son aîné est malade, lui-même a développé une maladie auto-immune. Ce psychiatre lui conseille de reprendre contact avec sa famille à travers une lettre et cette première lettre à ses parents, agressive et amère, déclenche toute une série d'autres lettres entre tous les membres de la famille proche et élargie. de vieilles lettres vont aussi amener à la surface un secret de famille bien enfoui.
Le thème principal de ce roman n'est pas la famille comme pourrait l'indiquer le titre mais c'est l'écriture, ses bienfaits et sa portée psychologique.
Ecrire à la main est un acte réfléchi, volontaire, qui nécessite de se poser, de s'interroger, revenir en soi, peser ses mots bien loin de l'immédiateté et de la superficialité des réseaux sociaux. L'écriture oblige à un engagement de soi.
Cette écriture revêt trois formes dans ce roman : les lettres échangées entre les membres de la famille qui permet de renouer certains liens mais sans tout résoudre, la lettre au défunt avec lequel on garde un lien tout en faisant son deuil et la lettre qui met à jour de vieux secrets de famille.
On est touché par toutes ces lettres, ces souffrances, ces quêtes car qui n'a pas connu de difficultés intra-familiales parfois douloureuses, de rancoeur, de jalousie?
Mais on s'éparpille vite avec la famille élargie et les générations ce qu'a dû percevoir l'auteur puisqu'il a ressenti les besoin d'inclure un arbre généalogique à la fin de son roman.
Malgré cette faiblesse, ce livre a été une découverte agréable.
Un roman épistolaire qui pose des questions intéressantes et perturbantes sur les rapports familiaux. J’ai été complètement embarquée dans cet ensemble de correspondances, je me suis attachée aux uns et aux autres. J’ai lu leurs lettres avec appréhension comme si j’étais moi-même concerné par leurs échanges !
Ce texte porte une réflexion ouverte et intéressante sur les cycles familiaux, notamment autour du conflit et des mésententes familiales, sur la place du dialogue et des échanges pour que chacun exprime son point de vue et surtout laisse de la place à la réponse de l’autre. Personne ne cherche une vérité, mais plutôt la manière la plus habile de faire des concessions, de faire des efforts et de prendre considération l’autre.
Voilà un joli recueil de nouvelles, un brin nostalgique, servi par une belle écriture, sobre et précise. Un voyage entre orient et occident, une visite du siècle dernier à travers l'histoire d'une famille qui, prise dans les feux de l'histoire, essaime ses membres entre le Moyen-Orient et l'Europe. Gérard Salem fait jaillir les images, les sons, les odeurs et diffuse une petite musique orientale qui ressuscite des époques révolues.
Les nouvelles sont autant d'instantanés, de moments de vie relatifs à une même famille. D'ailleurs, certains protagonistes se retrouvent parfois, au détour d'une page. Du début du XX ème siècle à nos jours, l'auteur fait défiler une galerie de personnages qu'Albert Cohen n'aurait pas reniés. On a l'impression d'être dans un grenier et de découvrir des photos, des lettres, des bribes de vies qui forment un tout et racontent une histoire familiale.
Cela parle de mémoire, socle de la transmission et de l'identité. Une identité qui passe par les hommes et les femmes qui, par petites touches, passent le relais aux générations suivantes. Cela parle d'exil, d'un triangle d'or (Turquie - Iran - Liban) soumis aux guerres et aux invasions mais terreau d'une société résolument cosmopolite, façonnée par l'obligation de fuir et de s'adapter à d'autres cultures.
L'auteur fait particulièrement bien passer l'ambiance d'une époque, quand Beyrouth était un refuge cosmopolite et francophone avant que l'Europe ne prenne le relais (Il est lui-même installé en Suisse).
Il rend ainsi un très bel hommage à sa lignée familiale mêlant truculence, mélancolie et joie de vivre. Et, suprême élégance, une certaine forme d'insouciance, marque de fabrique de l'héritage familial.
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