"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le triomphe d’un visionnaire !
Franchir la première marche de ce grand livre. Saisir la chance d’une œuvre magistrale traduite de l’anglais par Olivier Bérenval.
L’heure nerveuse et appliquée, le spectacle du monde, pas maintenant, pas tout de suite. Bientôt.
La conscience vive de naviguer entre l’été et l’hiver, de 2041 à 2061.
Les protagonistes sont un chant choral qui élèvent ce récit d’une forte amplitude .
Un à un, ils content ce qui advient de la terre en déliquescence. « L’été et la mer », une dystopie vertigineuse, fabuleuse. Un grand classique de la littérature. On aimerait penser qu’il ne s’agit que d’une fable. Mais c’est sans compter sur le regard d’aigle et affûté de George Turner. Ce livre est une référence éditoriale hors norme. L’acuité d’un chef-d’œuvre !
D’ombre et de lumière, deux pans , la dualité. Les contraires assemblés. La fracture d’une population séparée par le mur invisible de castes. D’un côté les Stables. Ceux et celles qui vivent presque normalement, dans le frôlement de notre contemporanéité. Une frontière mentale sépare l’autre versant. Celui des Souilles. La pauvreté, l’errance, la survivance. La cartographie des moins que rien, nihilistes devenus. Hordes qui vivent dans des gratte-ciels qui pointent jusqu’au ciel. Dans le sombre des caves. Entre les haillons, les débrouillardises souvent malsaines. Ici, règne la loi du plus fort, du plus corrompu.
Parfois, ils se mélangent, font semblant, se heurtent à l’impossibilité d’atteindre la bonne rive. Les crimes et les viols, les trocs et les faux-semblants. Ce serait donc la copie pâle de nos comportements, de nos habitus. Le symbole en puissance de l’humain dans toutes ses défaillances.
Francis et Teddy sont deux frères, puissamment manichéens. Des Stables, sauf que le père se suicide et leur mère doit quitter l’espace de la presque quiétude. S’acquitter d’un présent où la considération était une arme. Les voici presque « Souilles ». Le côté lugubre, entre les grands dangers, les glaces qui fondent. Le cycle d’une déliquescence en ordre de marche.
Les Souilles sont le symbole de la finitude, d’une animalité, entre les odeurs, et les saletés, la sauvagerie d’une humanité où la marginalité doit chercher dans les fonds de terre, de caves, d’horreurs et de souffrances, un semblant d’ordre et d’éducation.
Pour cela, George Turner est un fin philosophe et un avant-gardiste.
Il dresse le portrait de Billy Kovacs, un homme qui va façonner Francis, l’un des deux enfants. Teddy, lui, partira se construire dans l’autre versant chez les Stables, téléguidé par un autre sage, voire gourou, voire politicien.
Les rôles s’inversent. Nous sommes dans l’épicentre d’un roman psychologique, sociologique et politique. L’écologie est la pièce maîtresse. L’obsolescence d’une terre éprouvée dont les heures sont comptées.
Le roman écarte le silence, l’arrêt de mort et pourvoit à une utopie.
Le changement climatique, la guerre nucléaire, l’effet de serre, le surnombre des humains etc.
Le récit est un message et George Turner est un lanceur d’alerte.
« Un été et la mer » est le bruit du monde et son claquement sur nos consciences. L’extrême tension qui règne dans ce livre d’urgence absolue, est la traduction de notre avenir.
La démonstration minutieuse et éveillée de nos idiosyncrasies.
Il pointe du doigt nos arrogances en futurologue de renom.
Ce macrocosme est stupéfiant. Il aiguise notre regard, nous brusque et enclenche un séisme mental.
Ce livre fondamental et de génie est l’immensité de nos faillites. Cette épopée anti épique est la prodigalité.
Précurseur, George Turner délivre un oracle terriblement humain. « L’été et la mer » a reçu le Prix Arthur C. Clarke du meilleur roman.
« Il est le maître de l’anticipation climatique. »
Publié par les majeures Éditions MU.
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