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Ce roman, qu’Exley annonce comme une œuvre de fiction alors que le personnage principal porte son nom, me confirme que parfois les fous et les poivrots sont les personnes les plus lucides que l’on puisse trouver.
Échecs amoureux, échecs au travail, dépressions mentales et alcoolisme entraînant de multiples séjours en hôpital psychiatrique, « le dernier stade de la soif » va et vient tout au long de la vie d’Exley. Élevé dans l'ombre de la renommée sportive locale de son père, toute l’existence du personnage semble animée par la peur morbide d’être voué à être un spectateur plutôt qu'un participant.
Sans perdre de temps à essayer de se peindre sous un angle avantageux ou à se faire plaindre, l’auteur livre l’autobiographie presque clinique d’un homme dangereusement fragile, innocent, blessé, avec des vues archaïques sur les femmes et surtout une pulsion suicidaire à boire.
Mémoires d’un looser d’un côté, impitoyable dissection de l’Amérique des années 50 de l’autre. En utilisant son propre parcours comme matière, il examine les thèmes du culte des célébrités, de l'obsession de soi, de la dépendance, de la masculinité, de l’internement.
Difficile de ne pas penser à Bukowski. Comme lui, Exley met sa peau sur la table, comme lui il est excessif, drôle, désespéré, sensible.
Comme chez Buk, le parcours est chaotique, le ton est brut et de tout ça émerge une poignante intensité.
Traduit par Philippe Aronson et Jérôme Schmidt
Moi, ce que j'aime c'est... Monsieur Toussaint Louverture pour les magnifiques livres qu'il publie.
Pourtant, j'avais dédaigné LE DERNIER STADE DE LA SOIF lorsque MTL l'avait dépoussiéré et édité en grand format. J'avais dans l'idée que ce livre ne me plairait pas... mais, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et que j'adore Les Grands Animaux (la sublime version poche de MTL), j'ai heureusement fini par craquer.
C'est à l'occasion d'une lecture commune avec Béa O'Nougat pour le groupe #alassautdespaves que je l'ai sorti de ma PAL...
... Et quelle idiote je suis de ne pas l'avoir pris et lu lors de sa sortie en grand format car je l'ai ADORÉ ! C'est un véritable chef-d'oeuvre de la littérature Nord-américaine, si chère à Léa et à son #PicaboRiverBookClub.
Dans LE DERNIER STADE DE LA SOIF, Frederick Exley nous livre le récit de sa propre vie mais de façon fictive où, comme il nous en averti dans sa note au lecteur, "l'essentiel des personnages et des situations est le seul fruit de mon imagination... leur ressemblance avec des êtres et des événements réels sont à mettre sur le compte de la simple coïncidence".
"La simple coïncidence" ? Ben voyons ! Voilà qui me fait bien rigoler...
Attention, c'est un livre exigeant qui demande de la concentration à son lectorat et qui pourra en rebuter plus d'un... mais, si ça passe, quel kiff ! C'est drôle et d'une lucidité cynique sur l'Amérique. Si je ne vous ai pas convaincu, peut-être que François Busnel le fera dans sa belle préface ou Nick Hornby qui enfonce le clou avec la postface.
Et comme il faut soutenir nos librairies et nos maisons d'édition préférées, je vais m'empresser d'acheter les deux autres titres de Frederick Exley disponibles chez Monsieur Toussaint Louverture : À L'ÉPREUVE DE LA FAIM et À LA MERCI DU DÉSIR !
LE DERNIER STADE DE LA SOIF de Frederick Exley
Traduit par Philippe Aronson et Jérôme Schmidt
Editions Monsieur Toussaint Louverture
Dans l'Amérique petite bourgeoise des années 50, dans un bar au Nord de l'État de New York, un homme encourage son équipe de football, en beuglant vers le poste de télévision. Soudain, il croit succomber à une crise cardiaque. Mais ce n'est que l'acmé de sa vie. L'homme, la trentaine, n'est autre que Frederick Exley, anti héros et auteur d'un roman-autobiographie-fictive-quelque-soit-le-nom-qu'on-lui-donne, déjà culte au moment de sa sortie en 1968. Aujourd'hui, Le dernier stade de la soif est enfin publié en poche.
Alcoolique notoire et fou soupçonné, Exley débuta sa vie de façon pourtant plaisante : fils d'un sportif connu et reconnu du Sud de la Californie, il débarqua à New York, en se rêvant grand écrivain. Finalement, il trouva un job luxueux dans une compagnie ferroviaire à Chicago, La Fusée, mais qui ne le conduisit pas au 7ème ciel. Dès lors à chaque incursion dans un nouveau milieu professionnel, ses postes devinrent de moins en moins bien rémunérés, et ses rêves encore plus absurdes : l'engrenage était enclenché, un marginal était né. Néanmoins, Le dernier stade de la soif n'est de loin pas que le récit d'un freak désillusionné galvanisé par ses remontants alcoolisés. Se plaçant en enfant maudit de l'Amérique, digne héritier de Fitzgerald ou encore d'Hemingway, Exley reste lucide sur son propre statut de pestiféré et ne renie en rien sa déréliction. Car son coeur penchera toujours du côté de l'ivrogne, du poète, du prophète, du criminel, du peintre, du fou, de tous ceux qui aspirent à s'isoler de la banalité du quotidien. Une logorrhée qui pourrait s'avérer toxique, mais de sa plume imprévisible, il arrive sans cesse à réhydrater son écriture. Il se révèle alors un portraitiste fortuit et complètement désopilant. Frederick Exley dans sa solitude n'est jamais seul. Il est entouré d'une mère caricaturale n'étant pas douée pour ces choses-là et d'un unique ami d'enfance J., avocat avec qui il a fondé une société secrète contre les portes qui affichaient Privé ou Entrée Interdite. Il est escorté par Mister Blue, commercial en Cadillac, autant obsédé que se méfiant du cunnilingus et par Paddy the Duck, un putain d'Irlandais poète alcoolo, le type d'homme à découvrir les vérités inaccessibles au commun des mortels. Il est amoureux de Bunny Sue, lolita de 19 ans au corps sculptural, et à l'odeur ensorcelante, qui lui donna envie, dès le premier regard, tel Dracula, d'enfoncer ses dents dans ses flancs, sachant pertinemment qu'en guise de sang ne s'écoulerait d'elle que du caramel, puis plus tard de Patience, une jolie apparition en Mercedes décapotable aux cheveux poivre et sel qui lui donna deux jumeaux. Et si jamais par inadvertance, il se trouve délaissé, il se donne corps et âme aux Giants et à Gifford, son joueur clé, ou s'invente docteur Horatio Penis, chirurgien et chef de service de la clinique Eternal Hope. Une galerie de portraits loufoques comme autant de regards caustiques sur cette Amérique incompréhensible. Pour répondre à sa grande question Est-ce que je suis un Américain ?, Exley offre un cocktail explosif aux beautés ambiguës, noires ou roses, soyeuses ou lascives, échevelées ou ingénieuses. Il livre une vie minable mais portée par un style sublime. Jubilatoire !
la vie d'un homme qui a du mal avec les convenances que nous sommes obligés de faire dans notre société notre vie.Honnête avec lui même,alcoolo,il peut nous choquer mais cela va au dela,cet homme ne peut s'accomoder de cette vie.Hilarant au gré des rencontres qu'il effectue.Un CHEF D'OEUVRE.Sans doute et implaccablement auto biographique.
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