"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Frank Pé est un auteur fascinant.
J'avais adoré sa trilogie "Zoo" avec la belle Manon, mais son dyptique "La Bête" sur les origines du Marsupilami est une merveille qu'il faut découvrir !
J'ai voulu me replonger dans ses travaux plus anciens, notamment les quelques albums de Broussaille que j'avais lu dans le journal de Spirou à leur parution. J'étais un jeune ado et déjà les aventures oniriques de ce héros aux lunettes gigantesques m'avaient marqué. Beaucoup de poésie, un peu de surnaturel, et du rêve dans des décors naturels somptueux.
Ça m'a fait bien plaisir de replonger dedans. Pour le moment, je n'ai lu que les 3 premiers tomes, mais les 2 suivants (jamais lu encore) devraient suivre très rapidement.
Célestin est médecin, Manon c'est sa fille et Buggy un sculpteur. Ensemble ils s'occupent du zoo de Bricquebosq... Mais ce zoo est bien particulier, ici pas d'organisation de visites où tous se ruent pour voir les lions en cage... Non rien de tout ça, il n'y a pas de visite, pas d'exhibition... Juste trois personnes qui donnent du temps, de l'argent pour le bien être des animaux et des hommes. Anna elle-aussi a souffert. À son tour, elle va venir compléter cette famille et y amener un nouvel équilibre... Mais voilà... S'occuper des animaux coûte cher et les caisses sont totalement vides malgré la vente des œuvres (à contre-cœur) de Buggy... Et comme les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules, la guerre est déclarée... Pour le bien de tous, Célestin va partir pour essayer de soigner ceux qui en ont besoin...
Bon je vais le dire tout de suite, pour ceux qui pourraient le croire, non ce n'est pas un livre sur les zoos... Alors pourquoi l'appeler comme ça ? Peut-être parce que l'homme est un animal ? Je ne sais pas, mais cette ŒUVRE m'a littéralement transpercé... J'ai été touché par la profonde humanité qui s'en dégage. Ici le bien commun est la priorité. Les personnages sont tous des abîmés par la vie, ils sont tous différents et pourtant ensemble, ils œuvrent pour la sauvegarde des animaux et pour le bien-être des âmes humaines. Au scénario, vous l'avez compris, Philippe Bonifay nous livre une histoire qui fait vibrer notre cœur... Et au dessin le très talentueux Frank Pé (rappelez-vous la claque prise avec "La bête" en 2020) nous enchante par son trait et par l'utilisation des couleurs, les plus claires comme les plus sombres.
Voilà mon p'tit cœur tout mou n'a pas résisté, les larmes ont coulé... Cette BD aura une place très particulière dans ma bibliothèque et je ne suis pas prêt de l'oublier.
Chronique précédemment publiée sur le blog sambabd.be
Malgré un dessin très au point (non exempt de tout reproche, mais de très grande qualité tout de même), ce nouveau tome de la série Le Spirou de m’a quelque peu déçu. Un peu comme une boisson aux édulcorants. En le lisant, je me disais que c’était plutôt bon (notamment grâce au dessin), mais, une fois le livre refermé et la potion avalée, il me reste un goût amer dans la bouche de mon cerveau.
Je m’explique. Comme je l’ai déjà dit deux fois en quelques lignes, le dessin est superbe. Le livre, l’objet lui-même est très beau. Le papier (recyclé, of course) est d’un blanc assez chaud et d’un grammage pas dégueu. En plus, il sent bon la BD neuve. En outre, on se rend compte rapidement que si l’on a payé un poil plus cher qu’une BD grand format classique, on a du rabe de pages : 82 en tout. Bref, ça part bien. Le dessin est superbe (vous l'ai-je déjà dit ?). Les couleurs sont à tomber, le découpage, les mouvements, tout est très dynamique mais sans tomber dans la caricature. Non, vraiment, graphiquement, c’est au top. Le seul petit bémol (et encore, je ne l’ai remarqué qu’en deuxième lecture) ce serait l’utilisation presque systématique de dégradés qui trahissent un traitement numérique du dessin. Sur du papier glacé et dans d’autres circonstances, je trouve que ça pique les yeux. Mais là, avec le joli grain et les autres éléments du dessin, ça passe plutôt bien… Il fallait tout de même que je le mentionne.
Enivré par une telle qualité graphique, on se laisse facilement prendre par le récit. Mais c’est malgré tout au niveau du scénario que le bât semble blesser. J’ai comme l’impression que l’auteur a voulu trop en mettre dans un seul et même tome. Voyez vous-mêmes. D’abord, Spirou se fait virer de son journal pour des raisons déontologiques alors que Fantasio décide d’y rester, avec les embrouilles qui vont forcément en découler. Ensuite, Noé fait son retour dans l'univers de Spirou avec tous ses animaux et le monde du cirque. Puis, la fille de Noé réintègre la vie de ce dernier avec tous les chamboulements que l’on peut imaginer et les conflits entre un père maladroit avec les humains (imaginez avec une ADO !) et une fille renfermée sur elle-même et manifestement en manque d’affection parentale. Il y a également Spirou qui prend des cours de peinture auprès d’une jolie jeune fille avec une romance potentielle à la clé. Enfin, vous avez une trame à base de tableaux animaliers, de spéculation dans le monde de l’Art, le tout, en parallèle avec une invasion mondiale de champignons noirs dont personne à part Champignac et sa bande ne semble se soucier.
A croire que pour faire un bon Spirou il faille absolument s’accrocher à des références du passé de la série. Je ne suis pas certain que Franquin se prenait la tête à relire les précédentes histoires où apparaissait Spirou pour y gaver de références ses albums… Fournier non plus d’ailleurs… Comme si on ne pouvait pas faire un album de Spirou sans y mettre un peu de Champignac, un peu de Palombie, et beaucoup de Franquin. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Gros respect pour Franquin, Champignac et même la Palombie où je pars souvent en vacances… Mais c’est juste que des fois, à trop vouloir en faire on gâche tout. Pour La lumière de Bornéo, en l’occurrence, l’histoire des champignons noirs n’a l’air de servir à rien d’autre qu’un prétexte à quelques cases avec ce bon Pacôme... Peut-être eut-il mieux valu se concentrer sur l’histoire principale.
Quoi qu’il en soit, à la fin, je ne sais toujours pas quoi en penser… Un drôle d’ orang-outan est malheureusement mort, une ado anorexique semble s’être libérée et a retrouvé son père, deux magnats ridicules offrent une superbe expo à la ville de Bruxelles (et au monde !!!), Spirou semble avoir trouvé un modèle pour ses cours de nu et il semble que le journal Moustique soit devenu un catalogue pour couches culottes…
Bref, un arrière-goût amer quoi…
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